À la fin de janvier, les manufacturiers de fonds négociés en Bourse (FNB) canadiens avaient annoncé déjà 29 fermetures de FNB au courant de 2023, observe Valeurs mobilières TD. Il s’agit des deux tiers du nombre moyen de fermetures annuelles observé depuis les cinq dernières années.
« Il ne fait aucun doute que de nombreux émetteurs anticipent leurs annonces de fermeture de FNB, mais il est probable que l’année 2023 dépassera les fermetures annuelles récentes de FNB. Il s’agit d’un élément positif pour l’industrie des FNB, car les fermetures sont un indicateur clé d’un écosystème sain », écrivent les auteurs de l’étude chez Valeurs mobilières TD, dont Andres Rincon, directeur et chef des ventes et stratégies de FNB, ainsi que Mary Jane Young, chef de la négociation de FNB.
Selon eux, la fermeture de FNB signifie une utilisation prudente du capital, une prudence sur le plan des lancements de FNB et la volonté des émetteurs de fonds de capituler sur une idée et de passer à de nouveaux FNB avec des perspectives plus reluisantes.
Le nombre de lancements de FNB en 2022 (154 lancements) a été en baisse de 28 % par rapport à l’année précédente (215 émissions de fonds en 2021) en raison du fait que de nombreux émetteurs ont attendu, considérant l’environnement difficile sur le plan des marchés financiers. C’est notamment pour cette raison l’on observe une petite vague de fermetures en ce début de 2023, selon Valeurs mobilières TD.
La concurrence structurelle du marché canadien des FNB est un autre facteur expliquant la baisse significative du nombre de lancements de FNB en 2022. Avec une taille de marché totale de 340 G$, le marché canadien des FNB compte plus de 1 300 produits, comparativement au marché américain des FNB qui compte plus de 6000 G$ d’actifs et plus de 3 000 produits.
« Compte tenu de la taille limitée du marché et du grand nombre de produits, les gestionnaires de FNB canadiens ont naturellement plus de difficultés à atteindre une taille suffisante et à devenir rentables au niveau des fonds. En fait, les FNB canadiens ont connu une baisse de l’actif moyen par fonds en 2022, car le marché a subi d’importantes baisses », lit-on dans la note.
À la fin de 2022, plus de la moitié des FNB canadiens avaient un actif sous gestion de moins de 50 millions de dollars, ce qui est considéré comme un actif sous gestion commun pour qu’un FNB devienne rentable, selon Valeurs mobilières TD.
En comparaison, le secteur des FNB américains a connu plus de 440 nouveaux lancements de FNB en 2022, soit un niveau similaire à celui de 2021. Le nombre de fermetures de FNB a presque doublé en 2022 par rapport à celui de 2021, mais il est resté comparable à celui des années précédentes. Avec un actif moyen sous gestion de 2,3 G$ par FNB, les émetteurs de FNB américains sont mieux protégés en ce qui concerne le maintien de la rentabilité, ce qui se traduit par une pression moindre sur la fermeture des FNB ou le report des lancements par rapport à leurs homologues canadiens, d’après les auteurs de l’étude.
La majeure partie des fermetures de FNB annoncées en 2023 découle de la rationalisation de la gamme de produits de Invesco. En effet, le manufacturier annonçait, le 23 janvier 2023, qu’il fermera 25 FNB au Canada dont l’actif total est supérieur à 200 M$.
Cette fermeture touche un tiers des FNB d’Invesco au Canada, mais ne représente que 4 % de ses actifs sous gestion, selon Valeurs mobilières TD. Les FNB touchés ont principalement de petits actifs sous gestion, allant de moins de 1 million de dollars à 49 M$.
« En fermant les FNB qui ont moins de succès, Invesco vise à se concentrer davantage sur les secteurs où la demande des clients est élevée et à offrir un meilleur service et un meilleur soutien tout en investissant dans de nouveaux produits à forte demande. Invesco ferme également 26 FNB aux États-Unis pour des raisons similaires. Ces FNB ne représentent qu’une petite partie de l’actif total sous gestion, soit moins de 0,5 % des plus de 340 G$ détenus par plus de 240 FNB d’Invesco aux États-Unis », lit-on dans l’étude.
Le cas d’Invesco n’est qu’un exemple. De 2018 à 2022, c’est RBC iShares qui affiche la part la plus importante du nombre de FNB fermés (23 %), suivie de Placements CI (14 %), Evolve (11 %), Horizons ETFs (10%) et First Trust (6 %).
« Certains émetteurs de FNB au Canada sont plus ouverts aux fermetures de FNB que d’autres émetteurs dans le passé. Il ne s’agit pas nécessairement d’une mesure de succès ou d’échec, mais plutôt de la position idéologique de l’émetteur de FNB ou de l’économie générale de cet émetteur », lit-on dans l’analyse des auteurs.
Selon eux, les FNB qui investissent dans les titres les plus risqués et qui sont les moins en demande pourraient aussi être fermés ou fusionnés en 2023.
Les auteurs soulignent que ces fermetures sont saines et suivent une récente vague de lancements, lesquels ont été plus nombreux que les fermetures depuis 2018. Au début de cette dernière année, le marché canadien des FNB affichait un actif total de 150 G$ investis dans 692 FNB, par rapport à 340 G$ et 1331 FNB, à la fin de décembre. « Parmi les nouveaux actifs depuis 2018, 57 % sont allés dans des FNB cotés avant 2018, tandis que les FNB plus récents ont bénéficié de 43 % de la croissance des actifs du secteur depuis 2018. Il s’agit là d’un signe significatif d’attrait pour les nouveaux FNB. Cette croissance significative a attiré de nombreux gestionnaires de fonds à participer au secteur émergent des FNB en lançant des FNB », observent les analystes de Valeurs mobilières TD.