L’opération reste complexe mais est plus accessible que jamais, selon une récente étude de McKinsey.
« La nature unique de chaque marché bancaire s’affaiblit. Les préférences et les attentes des clients convergent d’une zone géographique à l’autre, en raison notamment de la normalisation des modèles de services technologiques mondiaux comme Amazon et Airbnb. »
Parmi les autres tendances qui rendent les plateformes transfrontalières plus réalistes, il y a la vague des canaux numériques, la volonté d’offrir une expérience client omnicanale simple et la normalisation des produits entre les pays. Les fintechs repoussent également les possibilités, obligeant les banques traditionnelles à réagir.
L’augmentation constante des coûts de la technologie, reliés notamment à la cybersécurité, est une autre incitation à la création de plateformes transfrontalières.
Passer à l’action
Plusieurs banques européennes auraient mis en place de telles plateformes technologiques pour harmoniser leurs produits et services dans les différents pays où elles font affaire. Et bien qu’elles doivent supporter des entités juridiques, des bilans et des registres distincts et propres à chaque pays pour satisfaire aux lois et réglementations locales, les avantages stratégiques sont toujours importants.
Parmi ceux-ci, on peut mentionner la capacité d’entrer sur de nouveaux marchés beaucoup plus rapidement — de manière organique ou par le biais d’une acquisition — avec une gamme complète de produits et de services; la capacité d’attirer des talents de calibre mondial dans les domaines des affaires, des produits et de l’ingénierie et la possibilité de répartir les dépenses informatiques sur une base de revenus et de coûts plus importante et réduire les investissements pour moderniser les systèmes sur plusieurs marchés. Cela peut entraîner une réduction des ratios coûts et revenu de 5 à 10 %, estime McKinsey.
Des défis à relever
Cela dit, déployer une plateforme transfrontalière pose des défis de taille. McKinsey a identifié cinq éléments qui exigent une attention particulière.
Première étape, le choix de la technologie. La banque peut adapter une plateforme existante ou en bâtir une nouvelle. Dans chaque cas, elle devra miser sur des fonctionnalités disponibles dans l’infonuagique et fournir une expérience client cohérente. La banque doit aussi nommer une équipe de direction pour assurer la réussite du projet.
Ensuite, elle doit harmoniser la proposition de services, un processus qui peut s’avérer complexe. Dans les différents pays, les équipes voudront conserver des services uniques à leur marché. Si certaines différences peuvent être conservées, McKinsey estime que 85 % de l’offre de produits et de services sur la plateforme devrait être commune, laissant ainsi peu de place à la personnalisation.
La banque doit ensuite adapter l’architecture de la plateforme de base à cette proposition client harmonisée et favoriser la séparation des entités juridiques qui résident désormais sur la même plateforme tout en tenant compte des lois et réglementations spécifiques à chaque pays.
Enfin, l’équipe de direction doit décider de la stratégie de migration. Sera-t-elle faite par produit, par groupe de clients ou selon une approche Big Bang, où toutes les fonctionnalités sont lancées en même temps, de loin la méthode de déploiement la plus risquée ?
Les banques qui seront les premières à relever ces défis pourraient améliorer leur position dans le marché.