Mardi, les indices boursiers américains chutaient de plus de 1% pour la première fois en une seule séance depuis l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. La principale raison de ce recul était le scepticisme envers la capacité du Congrès à faire adopter un plan d’assurance-santé qui remplacerait l’Obamacare. Rappelons que le président Trump en avait fait une de ses priorités durant la campagne électorale.
Ironiquement, le même jour, Bank of America Merrill Lynch publiait son sondage mensuel effectué auprès des gestionnaires de fonds mondiaux. Celui-ci révélait que c’est la hausse des taux d’intérêt qui constitue le plus important facteur pouvant mettre fin à la hausse du marché boursier.
Ceci constitue un changement important comparativement au mois précédent alors que ce sont les politiques protectionnistes de l’administration Trump qui étaient la principale source d’inquiétude. Ce facteur se classe maintenant au troisième rang des préoccupations des investisseurs derrière la hausse des taux d’intérêt et les bénéfices des sociétés.
À la fin de l’été dernier, les obligations de 10 ans du gouvernement américain se négociaient à 1,5 %. Mais depuis le début de l’année, ce taux oscille entre 2,39 % et 2,60 %, indique Paul-André Pinsonnault, économiste principal, Financière Banque Nationale.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a pour sa part haussé son taux directeur la semaine dernière, et elle semble disposé à répéter le geste deux autres fois cette année.
Les gestionnaires qui ont participé au sondage de BofA Merrill Lynch ne croient pas que le niveau actuel des taux menace le marché boursier. Mais s’il atteignait 3,5 %, les actions se retrouveraient alors dans une zone dangereuse, selon eux.
Pour l’instant, le sort des taux d’intérêt semble être lié de près à ce qui se passe au Congrès, estime Paul-André Pinsonnault. Le succès ou l’échec de la loi pour rappeler et remplacer l’Obamacare en dira long sur les capacités de la Maison-Blanche à faire avancer son agenda quant aux projets de dépenses d’infrastructures et de coupures d’impôts qui ont stimulé les marchés boursiers depuis l’élection. « Si le remplacement de l’Obamacare déraille, c’est tout le programme du président qui risque de dérailler », dit-il. Dans ce contexte, les taux obligataires ne risquent pas de monter, selon lui.
Mais la joute politique qui s’en suivra sera dure et risque fort d’affecter les marchés boursiers. Le recul prononcé des indices boursiers mardi pourrait bien ne pas être un événement isolé, soutient David Bailin de Citi Private Bank’s. Une baisse beaucoup plus importante est certainement possible compte tenu que le président Trump serait en train de perdre beaucoup de crédibilité, et pas seulement à cause des difficultés que rencontre le remplacement de l’Obamacare.
Selon David Bailin, le président a été discrédité lundi par les directeurs du FBI et de la NSA (National Security Adviser), James Comey et Mike Rogers, lors d’un témoignage au Congrès durant lequel ils démentaient catégoriquement les accusations de Trump que l’ex-président Obama aurait pratiqué une écoute électronique sur l’occupant de la Trump Tower juste avant l’élection. Cela fait augmenter sensiblement les probabilités d’une baisse prononcée du marché boursier, selon lui.
Depuis l’élection de novembre, le marché boursier s’est comporté comme s’il évoluait dans un monde parfait, note Nicolas Colas, chef stratège chez Covergex, un courtier de New York. Le recul de mardi montre que le processus législatif est pour sa part bien imparfait, même dans ses meilleurs jours, rappelle-t-il.