On en parlait depuis le début de l’année. Voilà, c’est fait. La Fed a finalement hausser les taux d’intérêt aux États-Unis. À la suite d’un vote unanime de 10-0 des membres du FOMC (Federal Open Market Committee) la fourchette du taux des fonds fédéraux passe de 0%-0,25 % à 0,25%-0,50%.
L’éventualité de cette hausse de taux a certainement été le sujet qui a retenu le plus l’attention cette année. Maintenant que c’est fait et que le processus de normalisation de la politique monétaire américaine est enclenché, la scène financière sera-t-elle quelque peu différente en 2016? Les rendez-vous de la Fed à tous les mois et demi revêtiront-ils le même intérêt, susciteront-ils les mêmes appréhensions? Seront-ils la source d’autant de volatilité sur les marchés financiers qu’au cours de la dernière année? Il semble bien que oui.
Le lancement du processus de normalisation ayant été effectué, l’attention se portera maintenant sur la vitesse à laquelle la Fed haussera les taux, explique David Jilek, stratège chez Gateway Investment Advisers à Cincinnati. «Et cela risque de relever souvent le niveau d’anxiété sur les marchés», affirme-t-il en entrevue à CNBC.
Comme la Fed agira en fonction des données économiques, l’approche de chaque réunion pourrait susciter de fortes réactions sur les marchés financiers compte tenu que les autres banques centrales ont des politiques monétaires divergentes de celle la Fed, croit M. Jilek. «Cela causera sûrement beaucoup de volatilité sur les marchés des devises et des commodités entre autres», dit-il.
Ismaël Chiadmi, directeur de l’analyse quantitative chez Montrusco Bolton, abonde dans le même sens. Et ce surtout parce que la Fed opère maintenant dans un contexte de mondialisation.
Avec si peu d’inflation et un taux de chômage à 5%, le taux des fonds fédéraux pourrait être à 2,5% et non pas dans une fourchette de 0,25% à 0,50% comme c’est le cas actuellement. Si les taux américains sont demeurés si bas, c’est que les banques centrales agissent en complémentarité, selon M. Chiadmi. Les actions de l’une sont guidées en partie par les actions des autres.
Souvenons-nous que les marchés avaient plutôt mal réagi il y a quelques semaines lorsque le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, s’était abstenu d’augmenter les achats mensuels d’obligations alors que de nombreux observateurs le prévoyaient. «Mario Draghi a probablement estimé que la Fed hausserait les taux le 16 décembre ce qui aurait le même effet que si la BCE augmentait ses achats d’obligations», dit M. Chiadmi. «Une hausse de taux par la Fed est l’équivalent d’un assouplissement pour la zone euro si la BCE ne hausse pas les siens. La Fed sera un sujet inévitable tant et aussi longtemps que les taux d’intérêt aux États-Unis seront anormalement bas», ajoute-t-il.
«Faudra s’y faire. Chaque réunion de la Fed sera encore scrutée à la loupe en 2016 et suscitera à nouveau beaucoup de spéculation sur les marchés», conclut Ismaël Chiadmi.