Les investisseurs cherchant un meilleur sort que le faible rendement des obligations canadiennes « gravissent l’échelle du risque » pour jeter leur dévolu sur les secteurs défensifs du marché boursier canadien, dit-il. Il s’agit notamment des biens de consommation courante, des soins de la santé, des services de télécommunications, des oléoducs et des services publics.
Ces secteurs se sont bien comportés ces dernières années et les actions y sont chères, dit M. O’Brien. Il gère chez GPTD un portefeuille d’actions canadiennes à grande capitalisation, selon un style de croissance à un prix raisonnable.
Cette approche générale du placement dans des actions défensives à dividendes « est comme une marée montante qui entraîne tous les bateaux, bien qu’il y en ait qui naviguent mieux que les autres ». Il nous met en garde contre les actions de sociétés qui proposent un rendement élevé des dividendes, mais n’ont que peu ou pas de perspectives de croissance, et pourraient être vulnérables lorsque les taux d’intérêt remonteront.
Pour M. O’Brien, les grandes banques canadiennes continuent à offrir à la fois des perspectives fiables de croissance de leurs dividendes et de meilleures mesures d’évaluation que de nombreuses actions à dividendes défensives.
Les actions des banques canadiennes sont assez léthargiques depuis deux ans, dit M. O’Brien. Selon lui, une des raisons en est l’inquiétude portant sur l’impact d’un fléchissement du marché canadien de l’habitation sur les services au détail locaux.
Les actions des six grandes banques canadiennes, dit M. O’Brien, se négocient actuellement à un ratio cours/bénéfices de 10,5 sur la base des estimations de leur exercice se terminant en octobre 2013, et de 9,9 pour l’exercice 2014. En revanche, le ratio C/B basé sur les estimations des 10 prochaines années est de 11,7. Le rendement en dividendes moyen pour les six grandes banques est de 4,3 %.
À GPTD, M. O’Brien, qui dirige l’équipe des actions canadiennes de base, a la responsabilité de quelque 6 G$ d’actifs pour un grand nombre de mandats institutionnels et de clients bien nantis. Ses mandats de fonds communs de placement comptent le Fonds d’actions canadiennes TD , le Fonds de valeurs sûres canadiennes TD et le Fonds de revenu équilibré TD .
Le Fonds de valeurs sûres canadiennes TD (1,2 G$ d’actifs), avec 43 noms, a 33 avoirs dont la capitalisation boursière est supérieure à 10 G$. Les 10 avoirs principaux constituent près de 57 % de ce fonds, dont le point de repère est l’Indice S&P/TSX 60. Le contenu étranger de ce produit est modeste. L’approche de M. O’Brien est de cibler les industries les plus attrayantes, puis d’investir dans les sociétés aux meilleures perspectives de croissance qui se négocient à une évaluation raisonnable.
À la fin de février, le Fonds de valeurs sûres canadiennes TD avait 38,4 % d’investis dans le secteur financier, 25,6 % dans l’énergie et 11,3 % dans les matériaux, qui représentaient les trois plus grosses pondérations sectorielles dans l’Indice S&P/TSX 60 comme dans le fonds.
Quelque 32 % du portefeuille sont investis dans les grandes banques. La plus grosse pondération du portefeuille est dans la Banque de Nouvelle-Écosse à 8,6 %. La Banque Scotia, dit M. O’Brien, a augmenté ses dividendes dans 42 des 45 dernières années. Fondée en 1832, cette banque, qui a ses racines dans les provinces Maritimes et dans le commerce international, présente une combinaison d’activités commerciales différente de celles de ses homologues canadiennes. « Ses affaires internationales sont importantes, avec un accent particulier sur le Mexique et l’Amérique latine : Chili, Colombie et Pérou. »
Il est prévu que le produit intérieur brut de ces pays augmente de 5 % par an, contre 2 % pour les pays développés d’Amérique du Nord. De plus, les économies émergentes sont moins pourvues de banques que le Canada, et offrent dont plus de possibilités aux banques prospères qui veulent s’y établir. L’action, dit M. O’Brien, se négocie traditionnellement à prime par rapport aux cinq autres grandes banques.
La Banque de Nouvelle-Écosse se négocie actuellement à 11,5 fois l’estimation de ses bénéfices par action pour l’exercice se terminant en octobre 2013, et de 10,6 fois pour l’exercice 2014. Son ratio C/B sur 10 ans basé sur ses bénéfices futurs est de 12,4.
En plus de la Banque Scotia, M. O’Brien donne sa préférence à la Banque Toronto-Dominion et à la Banque Royale du Canada. « Ces trois banques ont une échelle imposante et occupent une bonne part du marché, et son mieux placées que leurs rivales pour gérer un ralentissement des activités bancaires au Canada. « À la fin de février, la TD représentait 7,7 % du fonds et la Banque Royale 7,2 % et étaient respectivement les deuxième et troisième avoirs.
Dans le secteur des biens de consommation discrétionnaire canadiens, un détaillant à plus petite capitalisation dont M. O’Brien considère qu’il offre de bonnes perspectives de croissance est Dollarama. Cette société, dont la capitalisation boursière est de 4,8 G$, est un intervenant dominant sur le créneau des magasins tout à un dollar, dit M. O’Brien. « C’est un segment en bonne santé et en expansion, et Dollarama est un acteur important et prospère dans ce type de commerce. »
M. O’Brien signale qu’il a été patient avant d’acheter l’action. « Elle a connu une bonne série et il était important d’en arriver à une évaluation correcte. » L’action se négocie à 18,5 fois ses estimations de bénéfices par action futurs, « ce qui n’est pas bon marché, mais c’est une affaire fantastique. »
Dans le secteur industriel, M. O’Brien est enthousiaste quant aux perspectives à long terme des chemins de fer. « C’est une affaire à longue haleine. » Les chemins de fer, dit-il, bénéficieront de l’amélioration de l’économie et du commerce mondiaux. Elle bénéficie actuellement de l’expédition ferroviaire du pétrole, ajoute-t-il, mais cela va se calmer quand les oléoducs vont être mis en service dans trois à cinq ans.
M. O’Brien donne sa préférence au Canadien National. « La société a une croissance régulière et stable de ses bénéfices, et elle est bonne à restituer une partie de ses flux de trésorerie disponibles aux actionnaires. L’action, dit-il, a connu une bonne série de rendements, avec des évaluations atteignant des niveaux bien au-dessus de son évaluation historique, et j’ai donc réduit quelque peu cet avoir. »
Dans la portion défensive du marché boursier canadien, M. O’Brien continue à être sélectif et à chercher « des sociétés de qualité qui naviguent bien dans la marée montante des actions à dividende ».
La société de services de télécommunications Telus mérite une attention particulière, dit-il. « Elle a des données fondamentales solides et de bonnes perspectives de croissance. » Son entreprise de base, la communication sans fil, est « robuste », et elle a effectué une substantielle dépense d’investissement dans ses activités d’exploitation des télécommunications « pour s’assurer qu’elle demeurera compétitive dans ce domaine ». Ce segment ajoute rapidement de nouveaux abonnés, dit-il, et devrait contribuer d’ici peu aux bénéfices par action et aux flux de trésorerie disponibles.
En mai 2011, Telus s’est engagée à augmenter son dividende de 10 % par an pendant deux ans et « devrait renouveler l’engagement qu’elle a pris d’accroître son dividende en mai de cette année pour encore deux ans », dit M. O’Brien. L’évaluation de l’action est conforme à celle de ses pairs canadiens, ajoute-t-il.