L’indice de référence du parquet torontois affiche un recul de plus de 10 % à une semaine de la fin de l’année, et même le secteur bancaire, pourtant un pilier pour plusieurs portefeuilles, connaît des difficultés.
Qui plus est, 2016 s’annonce comme une nouvelle année remplie de défis pour le marché d’actions canadien.
Sadiq Adatia, chef des investissements chez Placements mondiaux Sun Life, voit deux séquences bien distinctes dans les événements boursiers de 2015. L’année a commencé en lion, a-t-il rappelé, mais c’est dans sa deuxième moitié que les coups les plus durs sont arrivés, avec le nouveau recul du prix du baril de pétrole et les faiblesses observées en Chine.
« Avec l’année qui se termine, les gens vont s’intéresser à la façon dont le Canada s’en sort avec des prix encore plus faibles que ceux qu’ils prévoyaient pour 2015. »
Le secteur de l’énergie a défrayé les manchettes en 2015, et la dégringolade du cours du pétrole a emporté avec elle les actions et le huard. Mais la baisse du dollar canadien n’était pas nécessairement une mauvaise nouvelle.
Les investisseurs canadiens qui détiennent des actions américaines dans leur portefeuille ont grandement profité du recul du huard. En dollars américains, les gains des actions américaines ont été modestes cette année, mais avec le plongeon du huard, ces profits, une fois reconvertis en dollars canadiens, étaient plus impressionnants.
Avec l’arrivée de 2016, Sadiq Adatia reste plutôt pessimiste vis-à-vis du marché canadien, mais il croit que les secteurs de la finance et des télécommunications restent de bons endroits pour les investisseurs qui veulent éviter la volatilité des marchés.
« On veut toujours détenir certains des gros noms de ces groupes, a-t-il expliqué. Même si l’économie s’affaiblit et que les consommateurs réduisent leurs dépenses, ils vont continuer à dépenser pour ce dont ils ont vraiment besoin. »
La Banque CIBC s’attend à ce que l’indice composé S&P/TSX termine l’année 2016 sur un gain de 5 %, tandis que l’indice élargi new-yorkais S&P 500 devrait avancer d’environ 3 %, après conversion en dollars canadiens.
Luc de la Durantaye, directeur générale de l’allocation des actifs et de la gestion des devises à la Banque CIBC, est à la recherche d’occasions d’investissement à l’extérieur du Canada.
« Si on regarde en France, en Allemagne, en Italie, ces marchés offrent des rendements de 8, 10 et 12 % en devise locale, et le dollar canadien s’est déprécié davantage que l’euro », a-t-il expliqué.
Luc de la Durantaye ne s’attend par ailleurs pas à grand-chose de la part du marché américain.
« Nous allons probablement obtenir des rendements inférieurs à 5 % pour le S&P 500 dans les 12 prochains mois », a-t-il estimé.
Par ailleurs, il juge qu’il est peu probable que le pétrole ne cède un autre 50 %.
Avec un baril de pétrole qui s’échange actuellement autour des 35 $ US le baril, les producteurs à plus hauts coûts sont forcés de réduire leur production. Les investissements dans le secteur pétrolier ont ralenti et les coûts d’emprunts ont augmenté pour les sociétés énergétiques.
« Si vous allez à la banque ou sur le marché pour obtenir du financement pour un projet en lien avec le pétrole, cela va vous coûter beaucoup plus aujourd’hui qu’il y a un an », a expliqué Luc de la Durantaye.
Selon le groupe bancaire HSBC, la hausse de production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la vigueur du dollar américain et le niveau record des réserves représentent les risques à la baisse les plus importants pour le prix du pétrole. Cependant, la banque note aussi une saine croissance de la demande et des réductions dans la production de pétrole de schiste, ce qui pourrait aider à soutenir les prix.
HSBC prédit que le cours du pétrole restera entre 40 $ US et 60 $ US le baril, avec une volatilité qui dépendra du moral des investisseurs et des développements géopolitiques dans le Moyen-Orient.
Sadiq Adatia conseille aux investisseurs à long terme à la recherche d’occasions au Canada de commencer à surveiller les aubaines dans le secteur de l’énergie.
Selon lui, les entreprises avec de solides états financiers et de bonnes équipes de direction sont les meilleurs choix, puisqu’elles sont les mieux positionnées pour tenir le coup pendant que les prix sont faibles.
« Les quelques prochains mois vont être turbulents », a-t-il prévenu.