Les fluctuations à la Bourse de Londres depuis l’annonce de la victoire du camp du Brexit au référendum tenu le 23 juin ont de quoi confondre les sceptiques. Dès l’ouverture du marché le 24 juin, l’indice FTSE qui avait clôturé à 6340 la veille est tombé à 5780, une chute de 8,8%. Quatre séances plus tard, l’indice avait effacé toutes ses pertes, clôturant même la séance à 6 360.
Ironiquement, durant les deux jours de panique qui ont suivi le référendum, l’indice FTSE n’a pas clôturé aussi bas que le 14 juin, soit 10 jours avant le référendum alors que les sondages laissaient entrevoir une possible victoire du Brexit. Le fait accompli a fait plier les genoux à l’indice boursier, mais celui-ci s’en est remis rapidement.
Les indices S&P500 à New York et S&P/TSX à Toronto ont également été malmenés, quoique dans une moins grande mesure que l’indice londonien. Eux aussi ont récupéré une bonne partie des pertes causées par la surprise du résultat du référendum.
Faut-il croire alors que les mouvements boursiers des derniers jours ne sont qu’un événement anodin? C’est possible, selon Ron Meisels, président, Phases & Cycles, une firme de gestion de portefeuilles spécialisée en analyse technique. «Aucun de ces trois indices boursiers n’est actuellement dans un marché baissier (bear market)», note-t-il.
Ces indices sont plutôt dans une phase de correction. Notons que les bourses avaient fortement progressé à la suite du creux de février, et elles sont maintenant en phase de corriger ces excès. Selon Meisels, la phase de correction pourrait entrainer un recul équivalent à 1/3 et possiblement jusqu’à 1/2 de la hausse réalisée entre février et juin. Le S&P 500 pourrait ainsi reculer jusqu’à 2008 et 1960 sans que la tendance haussière (bull market) ne soit menacée. L’indice cote actuellement à 2 067 points. Pour l’indice S&P/TSX, on parle d’une correction jusqu’à 13 150 et 12 790 alors que l’indice se situe à 14 040.
Pas ailleurs, les risques de revers pour l’économie mondiale ont augmenté sensiblement à la suite du résultat du référendum annonçant le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, selon Stéfane Marion, économiste en chef chez Financière Banque Nationale. «En conséquence, le dollar américain devrait avoir le vent en poupe du fait de sa valeur de monnaie refuge», dit-il. Et cela n’est pas une bonne nouvelle pour les pays émergents en raison de leurs emprunts en dollars américains, ainsi que pour le prix du pétrole qui pourraient retomber à 40$ le baril, selon les estimations de l’économiste.
Bien qu’il ne prévoit pas de récession à l’échelle mondiale, Stéfane Marion croit tout de même que le contexte actuel est propice à un accroissement de la volatilité et justifie une réduction du risque dans le portefeuille. Ainsi, il suggère de modifier quelque peu la répartition du portefeuille en réduisant la quantité d’actions des pays émergents et du Canada et en augmentant l’encaisse.
La complaisance des investisseurs est aussi un facteur inquiétant, selon Larry Berman. «Depuis quelques mois, je gère les portefeuilles de façon très défensive compte tenu du fait que nous sommes dans la 7e année du cycle de croissance économique et que le multiple cours/bénéfices du S&P 500 pour les 12 derniers mois est très élevé à 19,5», écrit-il dans une note à ses clients. «Je préfère attendre les occasions que procurera une période de plus grande volatilité qui se substituera à la complaisance actuelle», ajoute-t-il. «Les investisseurs ne sont certainement pas préparés pour les développements qui pourraient survenir au cours des prochains mois», conclut-il.