«L’industrie doit s’améliorer et améliorer sa compréhension des femmes et de leurs besoins, affirme Karin Mizgala, cofondatrice et chef de la direction du cabinet-conseil à honoraires fixes seulement Money Coaches Canada et du Women’s Financial Learning Centre, tous deux de Vancouver. Les femmes sont engagées dans de nombreux aspects de la vie, et concilient tant de choses, elles sont débordées : les tableaux et les graphiques ne les intéressent pas, elles s’intéressent à la façon dont l’argent peut leur servir à elles et à leurs familles, et les aider à atteindre leurs objectifs.»
Parmi les Canadiens sondés par Credo, 21 % des répondantes étaient fortement d’accord avec l’énoncé «Je trouve que le jargon financier porte à confusion», alors que 14 % des répondants étaient d’accord. En même temps, seulement 33 % des répondantes étaient fortement en désaccord avec l’énoncé «Je trouve que le jargon financier porte à confusion», tandis que 46 % des répondants étaient en désaccord. Les résultats montrent que les femmes ont plus tendance que les hommes à trouver que le jargon financier porte à confusion.
De plus, 44 % des répondantes par rapport à 32 % des répondants étaient d’accord avec l’énoncé «J’évite le risque financier». Par ailleurs, le pourcentage de répondantes qui ont dit détenir des produits financiers axés sur la croissance, comme des actions individuelles ou des actions de sociétés privées, était inférieur au pourcentage d’hommes qui ont dit détenir de tels titres, ce qui suggère que les femmes ont moins tendance que les hommes à investir dans ces outils de placement.
Ces résultats sont tirés de la dernière étude en cours sur la Zone de confort financier, un sondage pancanadien mené auprès des consommateurs par Credo en partenariat avec le Groupe Finance de TC Media, de Montréal, qui publie Finance et Investissement.
Plus de femmes riches
Des rapports récents ont suggéré qu’actuellement, les femmes contrôlent une grosse part – en croissance -, de l’actif total à investir. Dans une étude, la firme de recherche Investor Economics a prédit que la taille du marché potentiel des femmes détenant plus de 500 000 $ d’actif à investir croîtra pour atteindre 2 700 G $ en 2024, soit plus du double des 1 200 G $ qu’elles contrôlaient 10 ans plus tôt.
Un conseiller qui peut adapter son approche de communication avec les clients existants et les clients potentiels, en particulier les femmes, se placerait «dans une bonne position pour être une personne de confiance et de conseil pour ces clients», remarque Brandon Bertelsen, directeur de la recherche chez Credo Consulting.
Jennifer Reynolds, présidente et chef de la direction du groupe de sensibilisation Women in Capital Markets, de Toronto, convient que l’industrie des services financiers peut encore comporter des angles morts dans l’offre de conseils financiers aux clientes.
«Historiquement, il y a des décennies, dans un couple, c’était en général l’homme qui se chargeait des placements, et je pense que l’industrie répondait aux besoins de ce modèle particulier, dit Jennifer Reynolds. Les femmes ont un style de placement différent, elles ont tendance à poser davantage de questions et consacrent un peu plus de temps pour prendre une décision d’investissement. L’élément positif, c’est que, quand elles font des placements, elles ont tendance à s’y tenir.»
Bien qu’individuellement, chaque client soit unique, Marie Phillips, une conseillère en services financiers chez Investment Planning Counsel d’Ancaster, en Ontario, rapporte qu’elle a remarqué que les clientes sont davantage centrées sur un objectif ou un but, à la différence des clients qui se concentrent sur les résultats mesurables.
«Généralement, les hommes se connectent tous les jours à leurs comptes s’ils y ont accès, alors que les femmes veulent seulement savoir si elles sont sur la bonne voie», note Marie Phillips.
Une approche de planification financière basée sur un objectif a tendance à mieux s’aligner sur la vie et les priorités de beaucoup de femmes, suggère Marie Phillips. Par exemple, les femmes peuvent posséder plus d’expérience que les hommes pour affronter les interruptions de revenus, parce qu’elles ont dû prendre soin des enfants ou de membres de leur famille.
De plus, les femmes peuvent être plus préoccupées que les hommes par le risque de longévité et par le besoin de s’assurer que leur actif sera suffisant pour leur retraite, dit Sara Gilbert, fondatrice de Strategist(e) Développement des affaires.
«Souvent, les hommes qui achètent de l’assurance le font par obligation, parce qu’on leur dit que c’est une bonne idée, dit Sara Gilbert. Les femmes achètent de l’assurance parce qu’elles ne veulent pas finir leur vie en étant un fardeau pour les autres.»
En matière d’investissement, de nombreuses clientes ont tendance à prioriser la sécurité avant l’occasion, ce qui peut les mener à choisir des types de placement moins risqués, tels que les certificats de placement garanti, remarque Lana Robinson, directrice générale, stratégies de gestion de patrimoine, à la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC), de Toronto.
Toutefois, cette tendance à rechercher la sécurité peut constituer un problème pour la planification à long terme, et représente pour un bon conseiller l’occasion d’amorcer le dialogue sur ce qu’est le niveau de risque approprié pour atteindre les objectifs d’un client.
«Il y a du travail à faire pour aider les clientes à bâtir leur confiance sur le plan financier, dit Lana Robinson. Pour y parvenir, il faut échanger et placer la discussion sur le placement dans le contexte de ce que vous essayez de réaliser.»