En plus d’avoir à composer avec des événements inquiétants sur la scène géopolitique, les marchés bousiers nord-américains font face à une chute spectaculaire de la Bourse de Shanghai dès les premières séances de négociations de la nouvelle année. En baisse de 7 % lundi en début d’après-midi, les autorités chinoises ont dû décréter l’arrêt des transactions jusqu’au lendemain. À New York, les principaux indices cédaient 1,5 %. Le scénario s’est répété jeudi matin en Chine.
Tous les marchés boursiers avaient été secoués l’été dernier lorsque la Bourse de Shanghai s’était écroulée. Les autorités chinoises avaient alors pris plusieurs mesures afin de limiter les ventes des investisseurs et des spéculateurs, et ainsi freiner la chute.
S’il faut en croire certains experts, on devra s’habituer à vivre avec cette volatilité boursière émanant de la Chine. Car même après la chute de lundi, le marché de Shanghai se négocie à 65 fois les bénéfices, explique Stephen Ma, gestionnaire de portefeuilles chez LGM Investments, une division de BMO Global Asset Management, à Hong Kong.
Cette surévaluation existe parce qu’entre juin 2014 et juin 2015, l’indice composé de Shanghai avait explosé, passant de 2000 à 5250 points. Au cours des trois mois suivants, l’indice a cédé plus de 2000 points, chute qui avait alors entraîné les indices américains dans une spirale à la baisse en août. Malgré toute cette volatilité, l’indice composé de Shanghai a terminé l’année 2015 en hausse de 10%, après un gain spectaculaire de 53% en 2014.
Que pensez alors des événements de ce début d’année?
«Bien qu’elles aimeraient pouvoir supporter le marché boursier, les autorités chinoises doivent réaliser que c’est impossible», dit Stephen Ma en entrevue à Bloomberg. «Les actions chinoises ont été les plus performantes de l’univers boursier au cours des deux dernières années, mais il semble que les investisseurs veulent maintenant ramener l’évaluation des titres chinois à un niveau plus en ligne avec celui du reste du monde, ce qui veut dire une valorisation nettement plus basse.»
Pour plusieurs, le ralentissement de l’économie chinoise ne permet plus de supporter l’évaluation boursière actuelle.
Fiables, les données chinoises?
Après avoir connu des taux de croissance du PIB de 10% avant la grande récession de 2009, et de 7% depuis quelques années, la Chine nous place dans le brouillard pour 2016. Les paris sont ouverts quant au taux de croissance qu’elle pourra atteindre cette année. Byron Wien, vice-président chez Blackstone, croit que la croissance de la deuxième économie du monde pourrait ralentir jusqu’à moins de 5% en 2016.
Source de volatilité supplémentaire, de plus en plus d’observateurs mettent en doute les données de croissance économique que la Chine publie, explique Cimon Plante, gestionnaire de portefeuilles, Financière Banque Nationale. «Théoriquement, la Chine mise sur une croissance de son PIB de 6,5% en 2016, mais des mesures alternatives aux données transmises par le gouvernement chinois indiquent que la croissance serait plutôt de l’ordre de 4,8%», dit-il.
C’est ce que croit également David Bailin, directeur des investissements chez Citi’s Private Bank. «Notre perception est que l’économie chinoise croit à un rythme entre 4% et 5%, bien en déçà de l’objectif du gouvernement», dit-il.
Pour l’investisseur, il vaudra encore plus avoir la Chine à l’oeil cette année.