Ainsi, proposer de rencontrer les enfants d’un client pour leur expliquer les bases des finances et peut-être ouvrir un CELI ou un REER à leur nom – même s’ils n’ont pas d’argent pour y cotiser – peut contribuer à amorcer le processus d’apprentissage.
«C’est comme obtenir deux timbres sur une nouvelle carte de timbres dans un magasin : les clients [les plus jeunes] ont l’impression d’avoir déjà fait quelque chose de bien, et ils seront plus enclins à investir», dit Kelley Keehn.
Credo a posé une série de questions aux participants du sondage dans le cadre d’un test de littératie financière, puis a classé les participants en quartiles en fonction de leurs pointages. Les participants ayant les pointages les plus bas étaient placés dans le quatrième quartile, alors que ceux ayant les pointages les plus hauts étaient placés dans le premier quartile.
Lire aussi : Données sur le client – le dossier complet
Parmi les Canadiens dans la tranche d’âge 18-24 ans que Credo a sondés, 44 % se sont classés dans le quatrième quartile, alors que 11 % se sont classés dans le premier quartile. Comparativement, parmi les Canadiens de 65 ans et plus sondés, 31 % se sont classés dans le dernier quartile, alors que 17 % étaient dans le premier quartile. En général, les scores de littératie financière du sondage se sont améliorés avec chaque tranche d’âge, en allant des plus jeunes aux plus âgés, avec un plafonnement à 55 ans et plus.
Ces résultats sont tirés de la dernière étude en cours sur la Zone de confort financier, un sondage pancanadien mené auprès des consommateurs par Credo en partenariat avec le Groupe Finance de TC Media, de Montréal, qui publie Finance et Investissement.
Selon l’étude de Credo, les personnes ayant peu de connaissances financières avaient le plus tendance à faire état d’une impression d’échec sur le plan financier.
Quand on leur a demandé de préciser sur une échelle de 1 à 10 s’ils étaient d’accord avec l’énoncé «J’ai une impression d’échec quand je pense à mes finances», les participants du quatrième quartile ont eu un pointage de 4,7. Par contre, les participants des premier, deuxième et troisième quartiles ont eu un pointage moyen de 3,2, 3,5 et 3,8, respectivement.
Gare au jargon
Trois problèmes fondamentaux constituent souvent des obstacles pour les personnes plus jeunes qui cherchent les conseils financiers dont elles ont besoin, selon Kelley Keehn :
l’impression d’être dépassé par le jargon financier et par les informations qui leur sont communiquées par le secteur des services financiers et par les médias ;
l’incertitude sur la manière de déterminer si les professionnels et les conseillers en services financiers sont dignes de confiance ; et
la honte d’être considéré comme limité sur le plan financier.
«Il arrive que les personnes plus jeunes me disent : « Je vais me faire dire que j’ai besoin de millions pour prendre ma retraite, et cela n’arrivera jamais, alors je ne me donnerai pas la peine de chercher de l’aide », dit Kelley Keehn. Il y a une foule de mythes concernant le type d’aide offert et la manière d’obtenir cette aide.»
Souvent, les Canadiens les plus jeunes n’ont pas accumulé suffisamment d’actif pour accéder à un conseil financier de qualité. Cependant, les conseillers peuvent approcher ces clients du point de vue des affaires, par exemple proposer de grands événements, des séminaires et des webdiffusions centrés sur les principes de base de la finance, dit Sara Gilbert, fondatrice de Strategist(e) Développement des affaires, de Montréal.
«[Les conseillers devraient] partager de l’information sur la gestion des dettes ou la gestion des liquidités ou encore la manière de faire un budget, dit Sara Gilbert. Selon moi, cela fait partie de la responsabilité d’un conseiller pour que les clients comprennent ce qu’ils font.»
Le secteur des services financiers est conscient qu’il a un rôle clé à jouer dans l’enseignement des finances aux Canadiens les plus jeunes. Par exemple, l’Association des banquiers canadiens (ABC), de Toronto a mis au point le programme Votre argent-Étudiants qui offre aux étudiants ainsi qu’à leurs parents et leurs enseignants des ressources pour les aider à développer leurs connaissances financières.
Le programme offre des séminaires en classe non axés sur un produit et non commerciaux sur des sujets financiers tels que la tenue d’un budget, l’emprunt ou l’investissement, présentés par des bénévoles du secteur bancaire.
«Il y a quelques hésitations et réticences chez les Canadiens [à demander de l’information financière], et je comprends pourquoi, dit Neil Parmenter, président et chef de la direction de l’ABC. L’objectif est de savoir comment rendre cette information plus accessible pour les gens, et qu’ils se sentent plus à l’aise de lever la main, de tirer profit des ressources, et finalement de poser les bonnes questions.»
En fait, Neil Parmenter affirme qu’il préfère l’expression «éducation financière», car «elle implique un voyage continu» par opposition à l’expression «littératie financière», qui sous-entend que quelqu’un a des connaissances financières ou n’en a pas.
«Ce n’est pas un exercice d’arrêt et de démarrage, dit-il. Selon les différentes étapes de votre vie, vous devez posséder différents niveaux de connaissances sur les produits financiers et le conseil.»
En réalité, bien que les clients les plus âgés puissent se sentir en général plus à l’aise avec les concepts et le vocabulaire financier que les clients les plus jeunes, ils peuvent également bénéficier des programmes de formation financière, particulièrement ceux portant sur la fraude et l’exploitation financière, la gestion de l’argent à la retraite et la compréhension des prestations gouvernementales, dit Jane Rooney, chef du développement de la littératie financière au Canada, qui exerce ses fonctions sous la direction de la commissaire de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada.
Par exemple, des coopératives de crédit canadiennes ont lancé un programme, mis au point dans le cadre de la stratégie de littératie financière nationale, pour aider le personnel de première ligne à détecter l’exploitation financière et à développer un programme pour le dénoncer, affirme Jane Rooney, que le gouvernement fédéral a nommée à ce poste en 2014.
«Les consommateurs à plus haut risque ont vraiment besoin de mieux comprendre qu’il existe des conseillers en services financiers et du conseil financier, parce que nous ne nous attendons pas à ce que les consommateurs soient des experts en produits et services financiers, dit-elle. Mais nous aimerions qu’ils aillent chercher l’information, qu’ils n’aient pas peur de poser les bonnes questions, afin de mieux comprendre leurs droits et leurs responsabilités de manière à prendre une décision concernant les meilleurs produits et services qui répondent à leurs besoins.»