L’argent est encore tabou dans bien des relations. Les discussions financières au sein d’un couple sont pourtant essentielles pour établir une relation sur des bases saines. Ainsi, il est bien d’établir des règles claires et précises pour ce qui est des finances du couple ou de la famille, afin de supprimer les sources potentielles de disputes.
Les conseillers devraient ainsi sensibiliser leurs clients à cette situation et à l’importance, lorsqu’ils sont en couple, de parler de leurs actif et passif respectifs, de leurs antécédents en matière de crédit, de la façon dont ils gèrent leur argent tout comme de leurs priorités financières.
Établir un budget
Le budget reste la base de toute gestion saine des finances, rappelle la Banque Nationale. Pourquoi vos client n’en font-ils pas une activité conjugale?
Le budget consiste à établir les dépenses récurrentes du couple qui seront partagées entre les deux conjoints, ainsi que les dépenses personnelles. De nombreux outils informatiques peuvent aider à cela.
Dans les dépenses à deux, il faut généralement considérer le loyer ou le prêt hypothécaire, l’eau et l’électricité, la connexion Internet, le paiement de la voiture, les études des enfants, etc. Après, il est possible de faire un budget mensuel pour l’épicerie ou d’autres dépenses plus aléatoires.
Une décision commune
Il existe ensuite plusieurs façons de séparer les dépenses et contribuer à l’épargne. Le Fonds de solidarité FTQ propose ainsi trois approches pour gérer le budget en couple :
1) Budgéter 50/50
Chaque conjoint contribue à 50 % des dépenses ou de l’épargne du couple sans prendre en compte le salaire ou les dépenses personnelles de chacun. Il s’agit d’une solution efficace lorsque les salaires et les dettes sont similaires. Cela est plus facile à suivre également pour le couple vivant en union de fait, qui peut ainsi aisément savoir ce qui appartient à chacun, puisqu’il n’est pas soumis aux règles de la Loi sur le droit de la famille.
Cette solution est particulièrement attrayante en début de relation. Il faut toutefois être flexible en cas de problème afin que personne ne soit pris au dépourvu, prévient le site Canal vie.
Payer toutes les dépenses moitié-moitié peut également devenir une source de frustration lorsque les conjoints n’ont pas le même salaire. À ce moment-là, il est plus logique de diviser les dépenses communes au prorata du salaire annuel afin de permettre au conjoint ayant le salaire le moins élevé d’avoir un train de vie similaire à celui du conjoint ayant une meilleure rémunération, note le site Budget Express.
2) Le budget au prorata des revenus
Dans cette option, chaque conjoint contribue aux dépenses communes à la hauteur de ce qu’il peut. Ainsi, le couple progresse ensemble vers leurs projets communs et cela enlève de la pression au partenaire ayant le plus petit salaire.
Cela permet également de faire face aux événements de la vie, comme le congé de maternité, un congé maladie, un renvoi, etc. Dans ces moments, l’un des conjoints a une baisse de salaire et peut donc moins bien contribuer aux dépenses familiales et l’autre compense.
Toutefois, il est important de tenir compte du taux d’imposition des deux partenaires. Il faut donc calculer le prorata à partir du salaire net.
Attention car certains ne veulent pas entendre parler du prorata. Un conjoint pourrait voir son haut salaire comme une récompense et ne pas accepter de payer davantage. Il est alors important de bien budgéter les dépenses communes et de faire chacun son budget. Ainsi celui qui a le moins grand salaire pourra poser ses conditions, comme le montant maximum du loyer qu’il peut payer, ou le budget vacances.
3) Un budget unique
Certains veulent bâtir un patrimoine unique pour leur couple. Pourquoi ne pas tout mettre en commun : revenus comme dépenses. Cette solution permet de plus facilement planifier les projets sur le très long terme.
Toutefois cette option exige une très grande confiance mutuelle et une vision commune à long terme, souligne le Fonds de solidarité FTQ. Cela peut également s’avérer plus risqué lorsque le couple n’est pas marié. Si c’est le cas, il serait bon de consulter un notaire afin d’établir un contrat de vie commune pour mettre par écrit les conditions en cas de séparations.
Ce budget peut cependant devenir très problématique en cas de décès de l’un des conjoints ou en cas de grave problème de santé, prévient Canal Vie. L’accès au compte conjoint pourrait être gelé jusqu’à la résolution des questions légales ou bien l’argent pourrait être saisi par les créanciers en cas de faillite. Il est donc bon d’avoir également un compte personnel pour déposer l’argent qui ne sert pas à l’ensemble de la famille. Surtout que, même en couple, tout le monde à ses goûts et envies propres, il est donc important de se garder une partie de budget discrétionnaire pour combler ceux-ci.
Ce budget discrétionnaire permet également de régler le problème lorsque l’un des deux conjoints est plus dépensier que l’autre. En déterminant bien les budgets communs et personnels de chacun, les conjoints s’assurent que les dépenses de l’autre n’empiètent pas sur les besoins de la famille et sur leurs besoins personnels.
Ces trois approches sont toutes des solutions viables, la meilleure dépend évidemment du couple lui-même et de la situation de chacun des conjoints. Il est toujours possible pour votre client de discuter avec son conjoint pour adopter une autre façon de budgéter si la situation change ou encore, de payer certaines dépenses 50/50 et d’autres au prorata du salaire. À ce moment-là, il est bon de déterminer à l’avance qui paie quoi par écrit en établissant une grille budgétaire.
Comment payer?
Peu importe la façon de budgéter, il est important de payer les dépenses lorsqu’elles se présentent. Il existe encore une fois plusieurs solutions.
Certains optent pour un compte conjoint où chacun transfère de l’argent (de façon équivalente ou au prorata des salaires) pour payer les dépenses du couple.
D’autres préfèrent payer eux-mêmes et demander à leur conjoint de transférer leurs contributions. Pour se rembourser entre conjoints, il existe encore une fois bon nombre de façons de procéder, parmi lesquels les virements Interac, qui permettent de surveiller facilement les dépenses, l’argent comptant ou le dépôt numérique de chèque.
Se protéger
Bien que l’amour rende aveugle, il est important de faire preuve de prudence. Les couples vivent de nombreuses émotions, et parmi elles, certainement quelques frustrations qui peuvent parfois mener à la séparation. Il est donc essentiel d’inciter votre client à mettre en place différentes balises.
Les conjoints pourraient par exemple consulter un notaire pour inscrire ce que chacun a investi dans la maison ou dans les réparations afin que cette réalité soit claire en cas de rupture.
Une autre option intéressante réside dans le contrat de vie commune. Celui-ci permet de définir les droits, devoirs et responsabilité de chacun tant au niveau personnel que commun. Cette entente se signe devant notaire ou témoin et garantit une protection en cas de conflit. Surtout, il aide le couple de vivre plus sereinement son amour.
Des disputes éclairantes
Parfois, les disputes d’argent cachent autre chose. « Quand les joutes de pouvoir du couple débarquent dans la sphère économique, c’est souvent à cause de besoins affectifs mal comblés, fait remarquer Vincent Quesnel, sexologue et psychothérapeute, au journal La Presse. Dans ce cas, comprendre la source réelle du problème en thérapie peut aider à rétablir l’harmonie financière. »
Il est important de se souvenir que lorsqu’on se met en couple, on accepte l’autre personne « dans sa globalité », souligne Vincent Quesnel. Peut-être qu’elle a un moins bon salaire et une moins grande carrière, mais ce n’est pas cela qui compte ou alors la séparation est peut-être préférable.
Lorsque les défis financiers deviennent trop importants, il est bon de revenir à la base et se rappeler pourquoi on est ensemble. Si la personne avec qui l’on est ne veut pas accepter les compromis ou trouver une solution parfaite pour le couple, peut-être est-ce parce qu’elle n’est pas tout simplement pas la bonne personne.