Selon Pierre Lapointe de la firme de recherche montréalaise LUXARBOR Institutional Positioning, les gestionnaires de portefeuilles mondiaux sont maintenant surpondérés en actifs de la Bourse de Londres, un net changement sur la répartition qu’ils détenaient à la fin du mois de février.
La tenue du référendum a créé beaucoup d’incertitude, ce qui avait amené les gestionnaires mondiaux à sous-pondérer les actions anglaises. « Mais au cours des dernières semaines, nous avons noté une constante diminution de ces positions sous-pondérées », affirme LUXARBOR dans une note datée du 10 juin.
L’analyse de LUXARBOR prévoit une surperformance des actions anglaises. Elle démontre que les meilleurs gestionnaires, ceux dont les performances les placent dans le premier quartile, ont accumulé les titres anglais de façon continue depuis le bas de février.
Elle démontre ensuite que les retardataires, soit les gestionnaires se classant au quatrième quartile, ont capitulé. Alors qu’ils étaient fortement sous-pondérés encore jusqu’en avril, ils sont maintenant surpondérés en titres du marché londonien.
De plus, on observe chez LUXARBOR que 58 % des fonds mondiaux faisant partie de leur univers sont maintenant surpondérés en actions du Royaume-Uni. Seulement 20 % d’entre eux l’étaient il y a un mois.
Pour eux, la conclusion s’impose. Les institutions se sont positionnées pour profiter d’une hausse soutenue qui suivra un vote en faveur de demeurer membre de l’Union européenne. Aller à l’encontre de ce mouvement est risqué, selon LUXARBOR.
Mais si le Brexit l’emportait?
« On ne peut pas nier la présence d’une vague de populisme favorisant l’isolationnisme dans le monde actuellement. Cela joue en faveur du Brexit », explique un consultant en caisse de retraite de Montréal qui préfère garder l’anonymat.
Parce que les plus récents sondages démontrent que la victoire du Brexit est soudainement possible, les marchés boursiers ont reculé depuis le milieu de la semaine dernière. À Londres, le FTSE 100 a perdu 5,8 %, et à New York, le S&P 500 reculait de 2,8 %. Et la baisse pourrait se poursuivre à la suite d’une victoire du Brexit.
Ces reculs pourraient créer une excellente opportunité d’achat, et ce même si le Brexit devait l’emporter, selon le consultant montréalais. « La zone euro ne s’écroulera pas. Il y aura simplement une renégociation des relations économiques entre le Royaume-Uni et le reste de l’Europe », dit-il.
Cela constituera une bonne occasion pour ceux qui feront fi du sentiment de peur qui sera le lot de nombreux investisseurs et qui fera reculer le marché encore plus, croit également Jani Ziedins, éditeur du blogue Cracked Markets. « Une semaine ou deux après un vote en faveur du Brexit, l’incertitude se dissipera et un plan sera mis en place pour aller de l’avant dans le nouveau contexte », dit-il.
Le commentateur note également que le Royaume-Uni n’a jamais adhéré à l’euro, ce qui signifie que le risque pour la zone euro n’est pas du tout ce qu’il était dans le cas de la Grèce.