Le contexte économique, marqué par l’incertitude et les baisses de marché, favorise une position défensive dans les portefeuilles d’actions, tout en incitant les investisseurs à se préparer pour un éventuel rebond.
C’est l’un des constats qui se dégage du Forum FNB présenté le 12 octobre par BMO Gestion mondiale d’actifs, à Montréal.
L’année 2022 a été particulièrement éprouvante pour le marché des actions. Les gains effectués au cours des trois dernières années ont fondu comme neige au soleil. Rares ont été les phares qui ont brillé dans la tempête pour les gestionnaires en quête de valeurs refuges, car à la fois les fonds d’actions et de titres à revenu fixes ont connu pour plusieurs des rendements négatifs.
Dans ce contexte, il devient difficile de trouver des vecteurs de rendement pour les actions. Or, les experts qui participaient au forum ont identifié quelques occasions de bien faire malgré tout et de trouver des vents porteurs.
Premier constat : les gestionnaires ne s’attendent pas à voir une accalmie sur les marchés de sitôt. L’inflation n’a pas encore atteint son sommet, estiment les analystes. « Il est difficile d’imaginer un scénario où les actions rebondiraient considérablement. Les révisions à la baisse devraient se poursuivre » étant donnée la conjoncture mondiale, considère la Scotia dans un document de synthèse publié en marge de l’événement.
La Banque Nationale estime pour sa part qu’il faut s’attendre à entrer en récession dès le début de 2023 si la Réserve fédérale n’abaisse pas ses intentions de hausse de taux d’ici la fin de l’année. Les impacts d’un tel scénario pourraient se faire ressentir pendant encore longtemps, selon l’institution.
La durée moyenne d’un marché baissier, d’un sommet à un creux, atteint 476 jours avec une baisse moyenne de 37 % s’il est suivi de récessions. Dans une telle éventualité, en se basant sur les rendements des actions canadiennes lors de récessions précédentes aux États-Unis, les titres de consommation courante, de sociétés minières et de services publics seraient favorisés lors d’une récession, indique la banque.
« Les stratégies à faible volatilité ont tendance à moins reculer lors des replis du marché, ce qui réduit le montant des pertes à compenser », selon Valeurs mobilières TD (VMTD).
Réduire la volatilité
Alors que les marchés sont à la baisse, une des principales préoccupations des gestionnaires est de protéger les rendements des portefeuilles des clients. Une approche défensive à l’égard des actions permet de limiter la volatilité et de réduire les retraits dans les portefeuilles, selon les participants à un panel sur les actions.
« Il n’est pas trop tard pour fortifier la défense ! » a lancé Alex Perel, chef des services de FNB, services bancaires et marchés mondiaux de Banque Scotia.
Parmi les FNB défensifs, il suggère d’utiliser par paire les FNB vente d’options d’achat couvertes de services aux collectivités (ZWU) pour les acheteurs, et les FNB MSCI Innovation (ZINN) pour les vendeurs.
Il propose également de rechercher des titres associés à des activités essentielles, telles que les produits alimentaires, les soins de santé et le secteur public, ainsi que sur le secteur de l’énergie. Le ZEO qui s’appuie sur le pétrole et le gaz sur l’énergie, le ZHU pour le secteur de la santé ainsi que le ZST (FNB obligations à très court terme), peuvent entrer dans une telle stratégie.
La sélection de sociétés de dividende de qualité peut également réduire les risques. « Nous voulons des titres qui sont payeurs de dividendes de qualité et non des taux élevés », a souligné Chris Heakes, vice-président et directeur de portefeuille, Placements structurés mondiaux, FNB BMO.
Il recommande de prioriser des actions à grande capitalisation et qui affichent un taux de croissance historique des dividendes (sur 3 ans positif ou nul). La liquidité des options est à privilégier selon lui, car elle permet une superposition d’options d’achat couvertes. Il suggère les FNB canadiens et américains de dividendes (ZDV et ZDY) comme boucliers contre la récession.
Selon Andres Rincon, chef, Ventes et stratégies de FNB de TD, les FNB à faible volatilité américains, pondérés en fonction d’un faible bêta, tel le ZLU, pourraient également servir de pare-feu dans une stratégie défensive.
Étoiles alignées pour un rebond ?
Les analystes ne croient pas à la théorie selon laquelle la récente vente massive a été exagérée et qu’une reprise pourrait survenir bientôt. Selon la Banque Nationale, la probabilité de ce scénario est faible, « sachant que la valorisation de l’indice S&P 500 est revenue au niveau de mars 2020, au pic de la pandémie ».
Beaucoup de conditions devront être réunies pour que la reprise s’amorce, estime pour sa part VMTD. Si cela s’avérait, des occasions pourraient surgir du côté du NASDAQ 100, qui compte des sociétés axées sur la croissance avec une forte pondération dans le secteur des technologies.
L’institution considère aussi que les banques canadiennes pourraient représenter un joker pour générer du rendement dans un marché baissier. La valorisation du secteur bancaire canadien reste attrayante et offre des occasions d’achat, par exemple via des FNB d’options couvertes de banques canadiennes, un moyen d’investir à faible coût dans ce marché.
Les actions privilégiées émises par les banques canadiennes devraient être rachetées par les émetteurs au cours des trois ou quatre prochaines années à leur valeur nominale, étant donné que les institutions canadiennes sont bien capitalisées et que leurs ratios des fonds propres de catégorie 1 sont beaucoup plus élevés qu’aux États-Unis, selon une analyse d’Alfred Lee, directeur de portefeuille et stratège en placement, FNB BMO.
Ces rachats anticipés viennent ainsi devancer l’échéance de ces titres à revenu fixe. La bonne qualité de crédit des banques canadiennes jumelée à ce changement de duration prévu constitue une occasion dans le contexte actuel, selon lui.
Titres de qualité
Pour profiter d’un éventuel rebond de l’économie, la préférence des gestionnaires va aux titres de haute qualité, qui se négocient en ce moment à un prix beaucoup moins élevé que l’indice de référence, indique Chris Heakes, tels que le ZUQ et le ZGQ, et vers des FNB qui s’appuient sur l’indice S&P 500 (ZSP).
Même si ce secteur a déçu depuis le début de l’année en raison de sa forte concentration dans les technologies, il n’en reste pas moins que les sociétés technologiques sont riches en liquidités et peu endettées. Elles ne sont donc pas à négliger, estime le gestionnaire.
Andres Rincon accorde pour sa part sa faveur aux actions de croissance américaines et à l’indice NASDAQ, qui regroupe des sociétés axées sur la croissance avec une forte pondération dans les secteurs technologiques et dans d’autres secteurs de croissance, tels que le ZNQ et le ZQQ.
Alex Perel tourne pour sa part ses regards vers l’Europe, qui a de quoi attirer les investisseurs selon lui. Les actions européennes à grande capitalisation se négocient à 11,5 fois le bénéfice prévisionnel, contre 17 fois pour l’indice S&P 500, a-t-il souligné lors du panel.
« L’Europe est bon marché et pourrait le rester jusqu’à ce que les bénéfices s’améliorent », estime-t-il. Le ZEQ, et le ZWP de BMO ainsi que le FNB indiciel FTSE marchés développés Europe toutes capitalisations de Vanguard (VE) pourraient permettre de profiter du rebond du marché européen.
Enfin, la nouvelle loi sur la réduction de l’inflation aux États-Unis (IRA), qui veut notamment promouvoir l’énergie propre, pourrait stimuler les investissements dans les infrastructures en Amérique du Nord, en particulier dans les projets concernant l’énergie nucléaire, l’hydrogène, le transport d’électricité et les énergies renouvelables.
Malgré l’incertitude qui plane sur de nombreux facteurs, les FNB offrent des solutions pour protéger les portefeuilles des clients contre une récession. Ils peuvent également aider à se positionner pour profiter d’un rebond anticipé.