Le désinvestissement de la Russie et les sanctions punitives n’étaient que le début des retombées économiques de la guerre en Ukraine, qui se font sentir dans le monde entier. Le secteur le plus touché est celui de l’énergie. L’abandon du pétrole et du gaz russes se traduit par une réduction de l’offre mondiale, une hausse des prix et un coup de pouce au développement des énergies propres.
Compte tenu de la forte dépendance de l’Europe à l’égard des combustibles fossiles russes, le continent sera à l’avant-garde de la transition énergétique, affirme BMO Global Asset Management (GAM) en analysant le conflit dans une perspective d’investissement responsable.
« Alors que la hausse des prix de l’énergie entraîne un risque d’inflation supplémentaire, la diminution de la dépendance à l’énergie russe peut être un catalyseur pour accélérer le calendrier de transition vers l’énergie propre en Europe », soutient BMO GAM dans un commentaire coécrit par Nalini Feuilloley, responsable de l’investissement responsable, et Rosa van den Beemt, vice-présidente de la gérance.
Le FINB BMO actions du secteur énergie propre (ZCLN) fait partie d’un nombre croissant de fonds négociés en Bourse (FNB) d’énergie renouvelable au Canada, avec le FNB indiciel énergie propre CIBC (CCLN), le Dynamic Active Energy Evolution ETF (DXET), le First Trust NASDAQ Clean Edge Green Energy ETF (QCLN) et le Harvest Clean Energy ETF (HCLN).
« Les implications géopolitiques des prix du pétrole et du gaz ne sont pas nouvelles, mais en 2022, ce conflit et ses dimensions énergétiques surviennent après des développements importants dans les technologies d’énergie renouvelable », selon un commentaire sur le marché de Harvest Portfolios Group.
« Ils arrivent à un moment où le monde est sur une trajectoire à long terme qui l’éloigne des combustibles fossiles et le rapproche des énergies propres, et ils peuvent servir de catalyseur pour une adoption plus rapide et plus complète des technologies d’énergie propre. »
Actuellement, cependant, la hausse des prix du pétrole et du gaz augmente les bénéfices des producteurs d’énergie traditionnels tout en contribuant à l’augmentation de l’inflation.
L’Europe est particulièrement vulnérable. « La hausse de l’inflation et la baisse de la confiance des entreprises coûteront probablement la croissance du PIB européen au cours des prochains trimestres », avance Alfred Lam, premier vice-président et directeur des investissements de CI Multi-Asset Management, une division de CI Investments.
L’expert a augmenté sa pondération dans le secteur de l’énergie tout en réduisant son exposition à l’Europe. « Nous prévoyons que les taux ne monteront que lentement, la Banque centrale européenne étant en retard d’au moins six mois. Par conséquent, les taux d’intérêt seront négatifs après l’inflation pendant plus longtemps. »
Contrairement à l’Europe, l’impact direct de la guerre en Ukraine et des sanctions économiques imposées à la Russie sera assez limité sur le Canada, selon les dernières prévisions économiques du Mouvement Desjardins. En 2021, selon Desjardins, la Russie ne représentera que 0,1 % de toutes les exportations de marchandises canadiennes et 0,3 % des importations de marchandises.
Les répercussions indirectes de la hausse des prix de l’essence et d’autres produits de base ajouteront aux pressions inflationnistes au Canada, comme c’est le cas à l’échelle mondiale. Toutefois, l’économie canadienne – en particulier dans les provinces de l’Ouest qui produisent du pétrole et du gaz, des céréales et de la potasse – devrait bénéficier de la forte demande de produits de base générée par les sanctions contre la Russie, selon Desjardins.
Aux États-Unis, le principal impact sur les dépenses de consommation est la montée en flèche des prix de l’essence, continue la coopérative, ce qui amène les ménages à réduire leurs autres dépenses discrétionnaires et mine la confiance des consommateurs. Du côté des entreprises, l’incertitude générée par la guerre en Ukraine pourrait entraver les investissements américains dans des secteurs autres que le pétrole et le gaz.
L’économie la plus touchée, outre l’Ukraine, est la Russie elle-même. Avec le retrait des entreprises russes des indices de référence des marchés mondiaux et émergents, même les fonds indiciels gérés passivement, tel le FNB indiciel FTSE marchés émergents toutes capitalisations (VEE), n’ont plus besoin de détenir des titres russes.
La fin de la guerre en Ukraine ne suffira pas à réparer les dommages durables causés à l’économie russe. « Même si les sanctions russes étaient levées, les entreprises occidentales resteront probablement réticentes à embrasser à nouveau la Russie, assurait Eric Lascelles, économiste en chef de RBC Global Asset Management, dans un commentaire du 29 mars. Elles reconnaissent maintenant la vulnérabilité de toute opération russe. Elles ont également vu les efforts de la Russie pour invalider leur droit à la propriété intellectuelle au cours du mois dernier. »
L’équipe de responsabilité sociale de BMO GAM déclare que, même s’il est possible de faire davantage, elle est encouragée par les mesures déjà prises contre la Russie par les entreprises, le secteur financier et les gouvernements. « Nous ne pouvons pas prédire l’issue de cette crise, mais nous espérons qu’elle pourra créer un précédent sur la façon dont la communauté financière peut offrir une réponse éclairée par les critères ESG pour les investissements dans les régions touchées par des conflits et à haut risque. »
L’insécurité alimentaire est une autre conséquence de la guerre. La Russie et l’Ukraine étant normalement toutes deux de grands fournisseurs de céréales et d’engrais, les prix de ces produits agricoles de base ont bondi en prévision d’importantes pénuries d’approvisionnement.
Des approvisionnements alimentaires alternatifs peuvent provenir de pays comme le Brésil, actuellement premier exportateur mondial de produits alimentaires de base, notamment de soja et de maïs, tempère Stephen Dover, stratège en chef des marchés et directeur du Franklin Templeton Investment Institute, en Californie. « Comme les pays cherchent à diversifier leurs fournisseurs d’engrais, la Chine et le Canada pourraient également en bénéficier, car ils sont de grands exportateurs d’engrais. »
Un substitut de l’industrie agricole mondiale est le iShares Global Agriculture Index ETF (COW), le seul du genre au Canada. Ce fonds a gagné environ 20 % au cours des cinq semaines qui ont suivi l’invasion du 24 février. Outre les producteurs d’aliments, le FNB comprend des entreprises d’engrais, de produits chimiques agricoles et de machinerie.
Selon Stephen Dover, les pénuries actuelles de semi-conducteurs s’aggraveront si la guerre se poursuit, car l’Ukraine est le plus grand fournisseur mondial de gaz néon, un intrant clé dans le processus de fabrication. Cela affectera les fournisseurs de biens de consommation durables, y compris l’industrie automobile.
Ailleurs dans le secteur technologique, la guerre entre la Russie et l’Ukraine a mis en évidence la menace que peut représenter une cybersécurité inadéquate pour les gouvernements et les entreprises.
« Les entreprises de cybersécurité ont vu la demande de leurs services augmenter considérablement », a déclaré Raj Lala, président et chef de la direction d’Evolve Funds Group. « Par conséquent, les actions de la cybersécurité ont surperformé récemment en prévision d’une augmentation des dépenses en matière de sécurité numérique. »
Les fonds spécialisés dans ce thème technologique comprennent le FNB indiciel cybersécurité Evolve (CYBR), le First Trust Nasdaq Cybersecurity ETF (CIBR), le FNB Horizons GX Indice de cybersécurité (HBUG), et le FNB Sécurité numérique CI (CBUG).