Les fonds négociés en Bourse (FNB) d’actions canadiennes qui utilisent des stratégies à faible volatilité ont toujours réussi à réduire le risque. Quant aux rendements, ils ont connu des hauts et des bas. La dernière année a toutefois démontré que toute stratégie fondée sur des facteurs, aussi bien conçue soit-elle, connaît des périodes de sous-performance. La faible volatilité ne fait pas exception.
Ainsi, avant la pandémie, les FNB à faible volatilité performaient mieux que le marché de façon générale, tout en prenant moins de risques que d’autres produits. C’était le meilleur des deux mondes pour les investisseurs.
Ce scénario idéal a cessé de se réaliser en 2020. Au début de la pandémie lorsque les marchés boursiers se sont effondrés, la valeur des FNB à faible volatilité a également connu une chute rapide. Mais lorsque les marchés ont fait volte-face et affiché des gains spectaculaires, les FNB canadiens à faible volatilité sont restés loin derrière l’indice composé S&P/TSX en pleine expansion.
« Ce que nous avons vu en 2020, c’est évidemment une énorme baisse du marché, et si les stratégies à faible volatilité présentaient certains avantages, ceux-ci ne se sont pas montrés à la hauteur de ce que nous avions déjà vu lors de corrections précédentes », remarque Chris McHaney, directeur et gestionnaire de portefeuille, FNB BMO, chez BMO Gestion d’actifs, à Toronto. Le FNB BMO actions canadiennes à faible volatilité, d’une valeur de 2,7 milliards de dollars (G$), est le plus important de sa catégorie au Canada, et le plus ancien.
« Plusieurs investisseurs ont certainement été surpris en constatant que les stratégies à faible volatilité ont également baissé avec le marché », suppose Chris McHaney.
Le redressement qui a suivi en 2020 a été mené par des actions orientées vers la croissance, dont beaucoup appartiennent au secteur technologique, un secteur qui a tendance à être sous-représenté dans les stratégies à faible volatilité. « C’est vraiment ce qui a fait remonter le marché, continue-t-il. Dans ce contexte, les stratégies à faible volatilité n’ont donc pas autant participé à la hausse. »
L’année dernière, la société Shopify, d’Ottawa – absente ou au mieux fortement sous-pondérée dans les portefeuilles à faible volatilité – a grimpé en flèche pour devenir la plus grande entreprise canadienne en matière de capitalisation boursière.
« Toute stratégie qui ne tenait pas compte du poids de Shopify sur le marché n’a pas donné de bons résultats », constate Hussein Rashid, vice-président et stratège des FNB chez Invesco Canada, à Toronto, qui gère le FNB Indice de faible volatilité Invesco S&P/TSX Composite de 323 M$.
« C’était vraiment une histoire construite en deux parties », commente Bob Hum, directeur du groupe des FNB et des placements indiciels chez BlackRock, New York. La filiale canadienne, BlackRock Asset Management Canada à Toronto, gère le FNB iShares MSCI Min Vol Canada Index de 123 M$.
Il estime que le FNB s’est relativement bien comporté pendant le ralentissement, mais pas pendant le fort rebond. « Dans ce type d’environnement, on s’attendrait à ce qu’un portefeuille à faible risque sous-performe. Il est vraiment construit pour se comporter ainsi. »
Sur de plus longues périodes, le plus ancien FNB canadien à faible volatilité a affiché une performance impressionnante. Depuis sa création en octobre 2011, le FNB BMO affiche un rendement annualisé de 12,6 % au 31 mars, dépassant de loin le rendement de 7,9 % de l’indice composé S&P/TSX, et ce, avec une volatilité inférieure à celle du marché.
« Les antécédents à long terme sont certainement très positifs, affirme Chris McHaney, non seulement en raison de l’exposition à une volatilité plus faible, mais aussi du point de vue du rendement. »
L’une des principales mesures utilisées pour évaluer le risque est la mesure dans laquelle un FNB participe – ou « capte » – les gains et les pertes du marché. Depuis la création du FNB iShares en 2012, son ratio de capture à la hausse a été de 82,5 %, et son ratio de capture à la baisse, de seulement 71 %. « La stratégie a donné des résultats conformes à nos attentes, en offrant ce rendement similaire au marché avec moins de risque », assure Bob Hum.
Les FNB BMO, iShares et Invesco – les trois qui ont des antécédents pluriannuels – ont tous des écarts types sur cinq ans qui sont bien inférieurs à ceux du marché en général. Malgré cette similitude, il existe des différences importantes dans la façon dont les FNB concurrents construisent leurs portefeuilles.
Le FNB Invesco détient environ un composant sur cinq de l’indice composé S&P/TSX et sélectionne une cinquantaine de titres dont les écarts types sur un an sont les plus faibles. Le portefeuille est reconstitué chaque trimestre, et il n’y a pas de contraintes sectorielles.
Selon Hussein Rashid, la stratégie à faible volatilité du FNB Invesco, qui est également disponible sous forme de fonds commun de placement, n’est pas destinée à être un placement autonome dans la catégorie des actions canadiennes. Elle est recommandée comme complément à d’autres stratégies, comme un fonds de style croissance.
En revanche, le FNB iShares, qui compte environ 65 actions, est conçu pour être un placement de base, note Bob Hum, qui préfère utiliser le terme de volatilité « minimale ». L’indice MSCI, sur lequel le FNB est basé, tient compte non seulement de l’écart-type, mais aussi des corrélations entre les actions. « Nous posséderons quelques actions à haut risque dans le portefeuille qui sont diversifiées par rapport au reste de la stratégie. »
Fait important, l’exposition sectorielle est limitée à plus ou moins cinq points de pourcentage de l’indice MSCI Canada parent. « Nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir des garde-fous sectoriels dans le cadre de la stratégie, car si ce n’est pas le cas, le risque d’avoir des paris du point de vue sectoriel est très important, affirme Bob Hum. Nous voulons nous assurer que cette stratégie ressemble au marché général, mais en donnant une volatilité plus faible sur le long terme. »
Le portefeuille de 45 actions du FNB BMO est constitué des 100 actions S&P/TSX ayant les plus grandes capitalisations boursières. La sélection des actions est fondée sur le bêta – une mesure de l’écart entre le rendement d’une action et celui du marché en général – pour lequel un score composite est établi sur plusieurs périodes allant de un à cinq ans. Les pondérations maximales sont de 5 % par action et d’un pourcentage assez généreux de 35 % par secteur, quelle que soit sa taille. Le portefeuille est mis à jour deux fois par an.
« Le bêta a tendance à être assez stable dans le temps. S’il y a une action à faible bêta aujourd’hui, il y a de fortes chances qu’elle le sera encore dans un an, déclare Chris McHaney. Nous avons un portefeuille assez stable qui comporte quelques noms qui entrent et sortent chaque année. »
Deux autres FNB d’actions canadiennes emploient des stratégies à faible volatilité, pour un total de cinq. Le FNB Fidelity Canadian Low Volatility Index, lancé en janvier 2019, filtre les actions dont la volatilité des prix est inférieure à la moyenne et dont les bénéfices sont stables. Le FNB TD Q Canadian Low Volatility, lancé en février 2020, utilise une méthodologie fondée sur des règles qui, comme son rival iShares, repose sur l’écart-type des actions individuelles et les corrélations entre les actions.
Le thème commun à toutes les stratégies à faible volatilité est de fournir des solutions aux investisseurs qui ont besoin des rendements potentiels qu’offrent les marchés boursiers, mais avec moins de risques de pertes considérables dans les marchés baissiers. « Puisque les marchés à revenu fixe ont des rendements aussi faibles, même les investisseurs conservateurs doivent se tourner vers les marchés d’actions pour obtenir le rendement qu’ils espèrent, explique Chris McHaney. Mais tous les investisseurs ne sont pas prêts à prendre le risque et la volatilité qui sont associés à ce marché. »