L’écart-type, la mesure la plus utilisée au Canada pour évaluer le risque d’un fonds négocié en Bourse (FNB) ou d’un fonds commun de placement (FCP), n’est qu’un moyen parmi d’autres d’analyser les performances passées.
D’autres mesures, tirées de la base de données de Fundata Canada, comprennent le marnage maximal (max drawdown), soit le pourcentage de perte maximale observée entre un pic et un creux d’un portefeuille, avant qu’un nouveau pic ne soit atteint, durant une période donnée) et la capture de la hausse à la baisse. Une autre méthode, empruntée au baseball, est la moyenne au bâton. Si l’historique de rendement d’un fonds est suffisant, ces calculs et d’autres peuvent fournir des renseignements utiles.
« Le risque est un sujet brûlant depuis longtemps maintenant dans l’industrie des fonds, commente Brian Bridger, vice-président principal, analyse et données, chez Fundata, basé à Toronto. Chacune de ces mesures a ses avantages et ses inconvénients ». Plus la société peut fournir de types de mesures, précise-t-il, plus le tableau du risque d’un fonds est complet.
Pour illustrer la façon dont les FNB se sont comportés au cours des dernières années tumultueuses, Fundata a fourni à Investment Executive des données sur la mesure du risque pour les trois années se terminant le 31 juillet. (Les données sur le risque peuvent également être calculées pour d’autres périodes, souligne Brian Bridger).
L’écart-type, qui mesure de combien les rendements d’un fonds ou d’un FNB s’écartent de ses rendements moyens, a reçu la bénédiction des organismes de réglementation des valeurs mobilières en tant que méthodologie de base pour le calcul des notes de risque. Les notations sont basées sur l’historique des performances des dix dernières années. Les fonds les plus récents utilisent un historique combiné qui inclut également un proxy tel qu’un indice de référence du marché ou une série plus ancienne du même fonds ou d’un fonds similaire.
Les notes de risque à cinq niveaux vont de faible à élevé. Elles doivent être publiées dans les documents d’information Aperçu du FNB et Aperçu du fonds. Un FNB d’actions canadiennes largement diversifié, par exemple, peut être classé comme présentant un risque « moyen ».
L’écart-type est utile pour comparer les différentes catégories d’actifs, selon Brian Bridger. Par exemple, « vous pouvez comparer la volatilité d’un fonds d’action à celle d’un fonds d’obligations, et avoir une idée du risque de chacun ».
Comme le montrent les calculs de Fundata, investir dans un segment de marché étroit – avec un effet de levier en plus – est une recette pour une volatilité hors normes. C’est le cas du FNB BetaPro Sociétés du secteur de la Marijuana haussier quotidien 2x (HMJU).
L’écart-type des rendements de ce FNB sur trois ans a atteint le chiffre impressionnant de 144 %. À titre de comparaison, l’écart type d’un FNB d’actions canadiennes du marché élargi est plus de huit fois inférieur.
Les produits BetaPro parrainés par la société FNB Horizons, basée à Toronto, utilisent l’effet de levier et l’effet de levier inverse, et dominent les listes des FNB les plus volatils. Comme l’indique le prospectus d’Horizons, ces produits sont spéculatifs et ne conviennent qu’aux courtiers actifs capables d’assumer le risque de perdre la totalité de leur investissement.
En excluant BetaPro, les écarts types les plus élevés sur trois ans étaient de 56 % pour le FNB Blockchain Technologies, parrainé par Harvest Portfolios Group d’Oakville, en Ontario, et de 52 % pour le FNB Horizons Indice Marijuana Sciences de la vie (HMMJ).
L’une des limites de l’écart-type est qu’il ne peut pas projeter avec précision les pertes futures potentielles, et peut en fait sous-estimer le risque. « Les risques résiduels des fonds et des investissements sont généralement beaucoup plus importants que ce que l’écart-type indique », prévient Brian Bridger, en faisant référence à des événements rares, mais extrêmes tels que des krachs boursiers ou des catastrophes naturelles.
Un autre inconvénient de l’écart-type est qu’il n’est pas exprimé en dollars.
Selon Brian Bridger, l’investisseur moyen risque de ne pas bien comprendre le rapport entre l’écart-type et la perte réelle en dollars.
Le marnage maximal (drawdown) est une mesure de risque qui, bien qu’exprimée en pourcentage, peut plus facilement être traduite en dollars. Sur une période donnée, il mesure le pourcentage de perte entre le sommet de la valeur d’un fonds et son point le plus bas.
« Un investisseur peut voir ce qui s’est produit dans le passé et ce qui pourrait potentiellement se produire à l’avenir », rapporte Brian Bridger. Or, cette mesure sera trompeuse, ajoute-t-il, si la période mesurée n’inclut pas une correction du marché ou un marché baissier.
Au cours des trois dernières années, à l’exclusion des fonds à effet de levier et de ceux spécialisés dans les sociétés de marijuana, les plus fortes baisses ont été celles de plusieurs FNB de technologies émergentes parrainés par la société torontoise Emerge Canada. Le Emerge ARK Fintech Innovation ETF, par exemple, a subi une baisse de 71 % du pic au creux.
La capture à la baisse est une mesure du risque fondée sur la performance relative par rapport à un indice de référence du marché. Une capture de baisse supérieure à 1 signifie que le fonds a sous-performé dans un marché en baisse. « Si un fonds a une très faible capture à la baisse, alors c’est une bonne chose, assure Brian Bridger. Cela signifie que lorsque le marché baisse, ils ne perdent pas autant que le marché. Ils atténuent ce risque. »
L’utilisation de cette mesure est appropriée lorsqu’il s’agit de comparer des fonds dans des catégories comme les actions canadiennes, où les fonds constitutifs ont des avoirs largement similaires. Mais dans une catégorie comme celle des actions sectorielles, les comparaisons de capture de haut en bas ne seront pas aussi significatives.
Parmi les FNB à revenu fixe, le FNB BMO obligations du Trésor américain à long terme a obtenu la valeur la plus élevée, soit 1,7, pour la capture à la baisse. Comme d’autres fonds d’obligations à long terme, le FNB BMO a subi d’importantes pertes en capital en raison de la hausse des taux d’intérêt, qui fait baisser le prix des obligations.
La moyenne au bâton des fonds est une mesure de la constance d’un mois à l’autre, une moyenne au bâton supérieure à 0,500 signifie que le fonds a produit un rendement supérieur à zéro dans plus de la moitié des périodes de rendement mensuel.
Les moins risqués sont les fonds de liquidités, qui visent à remplacer l’argent liquide, tels que le iShares Premium Money Market ETF et le FNB CI High Interest Savings, avec des moyennes au bâton parfaites de 1,000.
À l’autre extrême, on trouve divers produits de Horizons BetaPro. Le pire était son FNB marijuana à double effet de levier. Avec une moyenne au bâton de seulement 0,222, il a raté près de quatre mois sur cinq.
Selon Brian Bridger, la mesure de la moyenne au bâton peut être utile pour évaluer les fonds de stratégies alternatives dont le mandat est neutre par rapport au marché. Idéalement, « ils n’ont pas de gros rendements mensuels, mais ils sont très réguliers et ne connaissent pas beaucoup de mois difficiles, ce qui leur permet d’afficher une moyenne au bâton très élevée ».
Au cours de la période de trois ans, les moyennes au bâton pour ces types de FNB ont varié de 0,472 pour le Purpose Multi-Strategy Market Neutral Fund à 0,639 pour le Picton Mahoney Fortified Market Neutral Alternative Fund. Comme pour toute mesure du risque, les résultats varient en fonction de la durée et des dates de la période de mesure.