Contrôler la volatilité et les risques

Tous les spécialistes interviewés s’entendent: les investisseurs recherchent des produits à faible volatilité. « Ils ont traversé deux crises au cours des dix dernières années. Ils cherchent maintenant des rendements moins volatiles, mais en même temps ils veulent des rendements supérieurs aux obligations gouvernementales », résume Andre De Costa, vice-président et directeur régional chez Placements Mackenzie.

Placements Mackenzie a récemment lancé deux fonds inspirés de cette tendance. Le premier, le Fonds d’obligations stratégique Mackenzie, cherche à générer un flux constant de revenu en plaçant l’actif dans des titres à revenu fixe émis par l’état, les sociétés canadiennes et des titres adossés à des créances.

Le second, le Fonds de revenu à taux variable Mackenzie, cherche à produire un revenu régulier, en plaçant principalement l’actif dans des titres d’emprunt à taux variable d’émetteurs du monde entier.

Son de cloche similaire chez BMO Investissements. « Nous nous installons dans cette tendance depuis quelques années déjà et je crois que cela va persister pour certains types d’investisseurs », indique Léon Garneau Jackson, vice-président Est du Canada, BMO Gestion mondiale d’actifs.

Résultat: les investisseurs ont délaissé les portefeuilles à plus forte croissance pour des portefeuilles plus sécuritaires. « Même si nous remarquons que certains reviennent peu à peu à des portefeuilles plus équilibrés, l’heure reste au contrôle des risques », rappelle-t-il.

Pour preuve, une division de l’institution a récemment réévalué à la baisse le risque relatif de cinq de ses portefeuilles. À la mi-juillet, BMO Harris Gestion de placements a fait descendre le niveau de risque du Portefeuille canadien d’actions de croissance d’« élevé » à « moyen à élevé » et celui du Portefeuille américain d’actions de « moyen à élevé » à « moyen ».

Au cours des derniers mois, l’appétit pour le risque a considérablement chuté, ce qui a favorisé la demande pour les produits à revenu fixe « même si les possibilités de rendement n’étaient pas extraordinaires », indique Alain Huard, vice-président et directeur régional des ventes chez Invesco Canada.

Toutefois, il émet quelques bémols. Depuis près de trois mois, constate-t-il, ça tend à changer. «Le taux des banques centrales n’a pas augmenté, mais les taux sur les obligations ont augmenté. Cela a eu pour effet de frapper de plein fouet les produits à revenu fixe», explique-t-il.

Du coup, les investisseurs se tournent à nouveau vers le marché des actions. « Le revirement s’est fait rapidement. Ça a tourné sur un dix sous », dit-il. Même si l’intérêt pour le marché des actions ne peut être comparé à ce qu’il était il y a quelques années, « il est clairement plus élevé qu’il y a six mois », résume-t-il.

Alain Huard constate aussi que la performance du marché américain, supérieure à celle du Canada, attire les investisseurs. « Le marché américain a excessivement bien fait et nous sommes tenté de croire que la croissance se poursuivra. Je n’ai pas vu un tel intérêt pour le marché américain depuis au moins dix ans », indique-t-il.

Au cours des derniers jours, Invesco Canada a lancé une version fonds commun de placement pour deux fonds négociés en bourse à faible volatilité qui existent déjà. Ces nouveaux fonds répondent à l’intérêt pour le marché américain et les produits à faible volatilité.

Le désir de se mettre à l’abri de la volatilité est une tendance à moyen terme, selon les spécialistes interviewés par Finance et investissement.

Les sociétés de placements font le ménage

Au cours des derniers mois, certaines institutions en ont également profité pour revisiter la totalité de leur gamme de produits. C’est le cas de Placements Mackenzie qui a fusionné des fonds de moindre envergure ainsi que des fonds aux mandats de placement restreints et des fonds similaires à des produits déjà existants.

Au total, Placements Mackenzie a effectué 29 fusions dans le cadre de ce qu’elle qualifie de « revitalisation ». Sur l’ensemble des fusions proposées, 19 ont dû être approuvés par les porteurs et les organismes de réglementation.

Andre De Costa rappelle que Mackenzie a multiplié les acquisitions au fil des ans. À titre d’exemple, elle mettait la main sur le Groupe Cundill en 2006, et sur La Financière Saxon en 2008. «Du coup, nous avions beaucoup de duplications de produits. En 2011, un sondage auprès de nos meilleurs clients nous a révélé que notre gamme était trop compliquée. Depuis, nous sommes passés de six familles de produits à trois», dit-il.

BMO a elle aussi effectué des transformations notables. Elle a créé des fiducies pour ses Fonds Catégorie Select et ses portefeuilles de fonds négociés en bourse. « Tous les acheteurs de nos fonds qui sont dans des comptes enregistrés vont pouvoir acheter nos fonds en format fiducie alors que ceux qui ont un actif non enregistré vont pouvoir bénéficier des avantages fiscaux de nos fonds Catégorie », résume Léon Jackson.

Photo Bloomberg