Avec la montée des rendements des obligataires depuis 2021, l’intérêt pour les fonds négociés en Bourse (FNB) de type valeur, qui ont historiquement bien fait durant ce type de période, a été ravivé. Avant d’y investir, les conseillers doivent toutefois comprendre que tous les FNB de cette sous-catégorie ne sont pas égaux, notamment en raison de leur méthodologie.
C’est ce qu’on peut conclure d’une analyse de Marchés des capitaux CIBC, menée par une équipe dirigée par l’analyste financier Jin Yan, publiée en février.
« Depuis 2003, nous estimons que les actions canadiennes caractérisées par le style valeur du quintile supérieur ont surpassé le S&P/TSX de 5,9 % en moyenne sur une base annuelle pendant les périodes de hausse soutenue des taux. Cela en fait le deuxième style le plus performant, derrière le style Qualité », lit-on dans l’étude.
Pour ceux qui s’y intéresseraient, Marchés des capitaux CIBC a porté son attention sur quatre FNB qui suivent les actions canadiennes de type valeur. Il s’agit du CI Morningstar Canada Value Index ETF (FXM), du iShares Canadian Value Index ETF (XCV), du Fidelity Canadian Value Index ETF (FCCV) et du BMO MSCI Canada Value Index ETF (ZVC).
À la fin de janvier, le plus important en termes d’actif géré était le FXM (262 M$), suivi du XCV (87 M$), du FCCV (30 M$) et du ZVC (8 M$). Leur ratio des frais de gestion varie de 0,39 % à 0,65 %.
« Ces FNB utilisent tous une méthodologie transparente basée sur des règles dans la construction de leur portefeuille et sont rééquilibrés périodiquement », apprend-on dans l’étude.
De plus, ces FNB détiennent tous des titres qui sont relativement moins chers par rapport à ceux de l’indice S&P/TSX 60 et l’indice composé S&P/TSX, selon des mesures telles que le ratio cours/bénéfice, le ratio cours/flux de trésorerie et le ratio cours/valeur comptable.
Toutefois, on observe des écarts dans les méthodologies utilisées, ce qui crée une dispersion importante dans leurs profils de risque et de rendement. Les auteurs de l’étude ont comparé les rendements totaux de divers FNB d’actions de valeur canadiennes depuis octobre 2017. « La différence entre les FNB les plus performants et les moins performants s’élève à environ 3,2 [points de pourcentage] annualisés », rapporte l’étude.
Voici quelques raisons qui expliquent ces écarts. D’abord, en janvier 2022, le nombre de titres en portefeuille variait de 30 pour le FXM à 55 pour le FCCV.
Pour le premier fonds, on filtre les titres en choisissant les 40 % des titres les plus performants selon le classement moyen pondéré des facteurs fondamentaux. Ce fonds a une cible de 30 titres et chacun d’entre eux est équipondéré.
Pour le second fonds, on choisit les titres présentant les scores les plus élevés en matière de valeur, mais d’une manière à neutraliser les écarts sectoriels par rapport aux indices correspondants. Ce fonds a comme objectif de détenir 60 titres.
« Nous constatons que le FCCV a affiché la volatilité moyenne la plus faible, probablement en raison de son approche rigoureuse visant à minimiser l’impact du biais de taille, tandis que le FXM a généralement été le plus volatil pendant les périodes de volatilité accrue comme celle que nous connaissons actuellement. Cela est probablement dû à sa méthodologie de pondération égale, qui entraîne un biais de taille plus faible par rapport aux autres FNB », analysent les auteurs de l’étude.
Pour le XCV, les titres sont choisis en fonction de leur classement selon divers ratios. Les pondérations de portefeuille sont ajustées en fonction de la capitalisation de l’indice de référence avec un plafond de 10 % pour un titre.
Pour le ZVC, les titres sont choisis en fonction de leur score le plus élevé basé sur des ratios de valeurs et une échelle de neutralité sectorielle par rapport au marché. On utilise une pondération proportionnelle à celle de la capitalisation boursière de l’indice.
CIBC a analysé les différences dans la composition des portefeuilles des quatre FNB par rapport à leur indice de référence.
« Comme ZVC adopte une approche sectorielle neutre, ses pondérations sectorielles tendent à correspondre plus étroitement à celles de l’indice de référence. En revanche, FXM et XCV peuvent s’écarter sensiblement de l’indice de référence en raison de leur approche non neutre sur le plan sectoriel. Nous notons également que FXM est généralement plus orienté vers les petites capitalisations en raison de son approche à pondération égale. »
Par ailleurs, de manière générale, les allocations sectorielles semblent être assez stables pour la plupart des FNB de type valeur, même si l’historique est plus limité pour FCCV et ZVC, notent les auteurs de Marchés de capitaux CIBC. « L’exception ici est le FXM, qui est reconstitué et rééquilibré sur une base trimestrielle. Le FXM est également plus concentré, avec seulement 30 titres pondérés de manière égale, alors que les autres FNB utilisent chacun une pondération modifiée de la capitalisation boursière. Par conséquent, le FXM semble être plus dynamique et connaître une rotation plus élevée que les autres FNB de valeur. »