La gamme de fonds de solution durable CIBC, qui existe depuis un an, a apporté une touche distinctive à l’investissement responsable en faisant des dons annuels à des organismes de bienfaisance une partie de sa proposition de valeurs aux investisseurs.
Lorsque Gestion d’actifs CIBC, dont le siège social est à Toronto, a lancé les fonds communs de placement et la série de FNB correspondante en juillet 2021, elle s’est engagée à verser annuellement 5 % de ses frais de gestion à une ou plusieurs organisations soutenant des solutions de rechange aux combustibles fossiles.
Le don de 2021, d’un montant de 12 000 $, a été versé au Pembina Institute, un groupe de réflexion basé à Calgary qui préconise un changement écologiquement responsable des politiques énergétiques.
« L’objectif est de rechercher des organismes sans but lucratif et des organismes de bienfaisance qui se concentrent sur la facilitation de la transition énergétique, explique Aaron White, vice-président, investissements durables, chez Gestion d’actifs CIBC. Nous voulons nous aligner sur les valeurs des investisseurs qui recherchent ce type de stratégie, qui désinvestit des combustibles fossiles et se concentre sur l’ESG, et nous pensons que c’est un objectif approprié pour les dons. »
Un comité de Gestion d’actifs CIBC sélectionne les bénéficiaires des dons, avec l’aide de l’équipe des relations communautaires de la CIBC. Les dons peuvent être versés à des institutions différentes chaque année.
Les Stratégies de placements durables CIBC, qui sont gérés à l’interne, comprennent des actions canadiennes, des actions mondiales, des obligations canadiennes et trois portefeuilles équilibrés. Selon Aaron White, un investissement dans l’un d’entre eux « s’adresse à un investisseur soucieux de l’environnement, désireux de faciliter la transition énergétique à l’échelle mondiale et qui ne veut pas investir dans des systèmes énergétiques traditionnels ».
Bien que les considérations ESG soient intégrées à l’approche de gestion globale de la société pour identifier des investissements de meilleure qualité, les fonds durables CIBC sont soumis à diverses exclusions explicites. Ils ont un total combiné d’environ 40 millions de dollars d’actifs sous gestion.
En supposant que les actifs augmentent avec le temps, les montants des dons augmenteront et plusieurs bénéficiaires seront soutenus. « Nous prévoyons également de produire un rapport d’impact, rapporte Aaron White, dans lequel les institutions qui ont reçu nos dons nous indiqueront comment l’argent a été dépensé, sur quelles activités elles se concentrent et, en fin de compte, comment cela a conduit à des résultats facilitant la transition climatique. »
La sélection des dons est conforme à la stratégie d’investissement des fonds, qui adopte une ligne dure à l’encontre du secteur énergétique traditionnel. Les fonds évitent toute participation directe à l’exploration et à la production de combustibles fossiles, ce qui fait que la pondération du secteur de l’énergie est exactement nulle dans les fonds canadiens et mondiaux.
En outre, Gestion d’actifs CIBC impose un plafond de 10 % des revenus aux sociétés qui fournissent des services à l’industrie pétrolière et gazière, et un plafond de 25 % pour le transport du pétrole et du gaz. Cette dernière restriction exclut les sociétés d’oléoducs et de gazoducs, mais permet les participations dans les chemins de fer.
Une exception à l’exclusion des combustibles fossiles s’applique aux entreprises telles que les services publics qui tirent au moins 70 % de leurs revenus de sources d’énergie renouvelable. « Nous pensons qu’elles contribuent à la transition énergétique et/ou à l’économie renouvelable », affirme Aaron White, un ancien gestionnaire de portefeuille client qui est l’un des quatre professionnels de l’investissement ESG de la société.
D’autres filtres négatifs éliminent les sociétés dont les activités principales sont le tabac, le cannabis récréatif, l’alcool, le jeu, le divertissement pour adultes, la fabrication d’armes et l’énergie nucléaire.
Ce qui distingue la série Fonds durable CIBC des autres fonds à thème ESG, c’est son engagement à faire des dons. Cela soulève la question suivante : pourquoi ne pas simplement réduire les frais de gestion et laisser les investisseurs décider des causes à soutenir ?
Selon Aaron White, les frais de gestion des fonds durables CIBC ont été fixés au niveau ou en dessous des stratégies correspondantes de Gestion d’actifs CIBC qui n’ont pas de mandat ESG explicite. L’allocation de 5 % aux dons « n’est pas aux dépens de l’investisseur. C’est au détriment du bénéfice de Gestion d’actifs CIBC, assure-t-il. Nous choisissons de faire des dons en alignement avec nos investisseurs comme un avantage de plus, et comme une preuve supplémentaire de notre engagement à faciliter également la transition énergétique. »
D’autres entreprises ont fait des contributions sur le thème de l’investissement responsable une partie de leur présentation de nouveaux produits. Parmi elles, Evolve Funds Group de Toronto, qui a lancé en mai 2021 le Fonds S&P/TSX 60 CleanBeta Evolve FNB et le Evolve S&P 500 CleanBeta Fund.
Ces FNB ont été conçus pour offrir une exposition aux grands marchés boursiers canadiens et américains, tout en visant la neutralité carbone. Cet objectif était atteint en grande partie par l’achat et le retrait de crédits de carbone aux frais d’Evolve. Malheureusement pour Evolve, les FNB n’ont pas réussi à attirer suffisamment d’actifs et la société les a fermés en mai.
Une initiative de réduction des émissions de carbone est celle de la société Accelerate Financial Technologies de Calgary. Ses FNB comprennent le FNB Accelerate Carbon-Negative Bitcoin, qui investit dans des contrats à terme sur le bitcoin. Comme pour les autres cryptomonnaies, les transactions en bitcoin sont très gourmandes en énergie.
La compagnie s’engage à compenser plus de 100 % des émissions estimées de dioxyde de carbone attribuables aux transactions en bitcoins auxquelles le FNB est indirectement exposé. Pour ce faire, il alloue jusqu’à 10 % de ses frais de gestion à son programme mondial de plantation d’arbres, qui a notamment permis de planter des mangroves à Madagascar.
Au cours des 11 premiers mois depuis le lancement du FNB en août 2021, comme indiqué sur le site Web d’Accelerate, le FNB a payé pour la plantation de 10 614 arbres, qui captureraient environ 2 289 tonnes nettes de dioxyde de carbone par an. « Nous avons fourni une exposition écologique au bitcoin », résume Julian Klymochko, PDG et chef des investissements d’Accelerate.
Ailleurs, la start-up torontoise Evermore Capital qui a lancé fin février le premier et le seul FNB à date cible au Canada, a fait don des trois premiers mois complets de ses frais de gestion aux efforts humanitaires dans l’Ukraine ravagée par la guerre.
La contribution d’Evermore, soit 9 332 $, a été versée à la Fondation Canada-Ukraine, un organisme de bienfaisance enregistré. « Je devais faire ma part pour soutenir le peuple ukrainien », confie le cofondateur et PDG Myron Genyk, dont les parents et grands-parents sont d’ascendance ukrainienne.