Les actions du secteur de l’énergie propre ont enregistré des gains électrisants en 2020, tout comme les fonds qui les détiennent. Malheureusement, les trois fonds négociés en Bourse (FNB) d’énergie propre cotés au Canada ont raté cette année de forte progression, car ils ont été lancés au moment où le marché devenait plus difficile.
Le FNB Harvest Clean Energy et le FINB BMO actions du secteur énergie propre ont tous deux été lancés en janvier, suivis de près en février par le FNB First Trust NASDAQ Clean Edge Green Energy. Au 31 mars, tous trois avaient subi des pertes de 17 % ou plus depuis leur création.
Les valorisations des sociétés d’énergie propre étaient devenues très élevées, avec des ratios cours-bénéfices futurs estimés à plus de 60 fois, note Karl Cheong, responsable de la distribution chez FT Portfolios Canada Co. de Toronto, qui opère sous le nom de First Trust Canada. Le FNB de la société est un clone du FNB de 2,7 milliards de dollars américains (G$ US) du même nom, géré par une société affiliée et coté aux États-Unis, qui a enregistré un rendement de 184 % au cours de l’année civile 2020 et de 42,7 % l’année précédente.
Bien que les actions d’énergie propre étaient dues pour une correction, selon Karl Cheong, les pertes récentes ont créé un point d’entrée plus favorable pour les investisseurs qui veulent détenir ce genre de fonds à plus long terme. « Nous croyons vraiment en cette opportunité. Ces sociétés vont générer des bénéfices au fil du temps », a déclaré Karl Cheong. Les perspectives pour l’énergie propre « sont encore très fortement positives si vous êtes en mesure de résister à la volatilité ».
Mark Raes, chef des produits chez BMO Gestion mondiale d’actifs Canada, note que le marché a récemment connu une rotation des titres de croissance vers des sociétés plus traditionnelles, de valeur. « Mais cela n’a certainement pas d’impact sur le potentiel de croissance à long terme. » Il estime que l’énergie propre peut ajouter un autre élément de croissance au portefeuille, souvent avec une corrélation plus faible avec le marché en général et ainsi améliorer la diversification. Le FNB BMO est basé sur le même indice que celui utilisé par le FNB iShares Global Clean Energy, d’une valeur de 5,3 G$ US. Le plus important de son genre aux États-Unis, il a enregistré un rendement de 141,8 % en 2020 et de 44,4 % en 2019.
Paul MacDonald, directeur des placements et gestionnaire de portefeuille chez Harvest Portfolios Group Inc. d’Oakville, en Ontario, affirme que le FNB Harvest est un moyen peu coûteux de participer à la croissance et au développement des énergies renouvelables. « Donc tout type de repli comme celui que nous venons de voir, est considéré comme une opportunité ».
Le FNB Harvest prélève des frais de gestion de 0,40 %, sans compter les dépenses. Cela rend son ratio des frais de gestion (RFG) légèrement plus élevé que celui de BMO, qui facture 0,35 % et plafonnera son RFG à 0,40 %. Le RFG du FNB First Trust est de 0,77 %.
Il existe de multiples raisons – économiques, environnementales, sociales et politiques – pour lesquelles les partisans des FNB d’énergie propre anticipent un marché qui connaîtra une croissance à long terme.
« Les nouvelles sources d’énergie et les projets de production d’énergie seront principalement des projets renouvelables », avance Paul MacDonald. Dans une présentation aux conseillers, Harvest a cité les projections de l’Energy Information Administration des États-Unis selon lesquelles les énergies renouvelables seront la source de 38 % de la production mondiale d’électricité d’ici 2025, par rapport à 31 % en 2019 et à 20 % en 2010.
Des vents politiques favorables contribuent à cette évolution vers les énergies vertes. Aux États-Unis, l’une des premières mesures de l’administration Biden nouvellement élue a été de rejoindre l’Accord de Paris sur le changement climatique. Le plan d’infrastructure du président, d’une valeur de 2 billions de dollars américains, dévoilé le mois dernier, prévoit des milliards de dollars en investissement pour les bornes de recharge des véhicules électriques.
Au Canada, la Cour suprême a confirmé en mars la constitutionnalité de la taxe carbone du gouvernement Trudeau. À l’étranger, l’Union européenne investit massivement dans des initiatives environnementales afin de soutenir son objectif d’atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Les investisseurs particuliers et institutionnels, ainsi que le monde des affaires dans son ensemble, reconnaissent l’importance des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), qui favorisent les énergies propres par rapport aux sources traditionnelles. En réponse à la demande du public, on a assisté à une prolifération de FNB ayant des thèmes liés aux ESG.
L’un des principaux moteurs de l’investissement dans les énergies propres est leur compétitivité croissante en termes de coûts. Les actions liées à ce thème étaient en plein essor, même sous l’administration du président américain Donald Trump, dont les déclarations sur l’énergie contenaient pourtant des éloges sur le « beau charbon propre » et des critiques sur les éoliennes « cancérigènes ».
Karl Cheong de First Trust a déclaré qu’au cours des cinq ou six dernières années, les énergies éolienne et solaire sont devenues compétitives en termes de coûts par rapport au gaz naturel, et même moins chères en tant qu’intrant par rapport au charbon. « Cela a commencé à stimuler les investissements, car les gens se soucient non seulement d’être respectueux de l’environnement, mais aussi de faire des bénéfices. »
Comme d’autres stratégies thématiques, les FNB d’énergie propre sont par définition multisectoriels. « Vous n’êtes plus nécessairement limité par des secteurs ou même des industries, explique Mark Raes, dont le FNB a une portée mondiale. Et vous essayez de trouver les entreprises qui sont les plus exposées à l’approche thématique que vous essayez d’identifier, dans ce cas, l’énergie propre. »
Selon Morningstar, le FNB de BMO détenait récemment 46 % de son portefeuille dans des actions du secteur des services publics, les pondérations suivantes étant de 31 % dans la technologie et de 20 % dans les titres industriels. Toutefois, le rendement des entreprises d’énergie propre peut être très différent des secteurs dans lesquels elles sont classées. La pondération des actions du FNB de BMO est fondée sur une combinaison de la capitalisation boursière et d’un score d’exposition à l’énergie propre calculé par le personnel de Standard & Poor’s.
Le FNB d’Harvest détient les 40 plus grandes entreprises d’énergie propre qu’il a identifiées à l’échelle mondiale. Les actions du secteur des services publics représentent 49 % de l’ensemble, suivies de 32 % pour la technologie et de 20 % pour les titres industriels. « Lorsque nous pensons à l’énergie renouvelable et à l’énergie propre, nous pensons aux sociétés qui produisent essentiellement de l’énergie, principalement à partir de sources renouvelables, résume Paul MacDonald. Et les entreprises qui fabriquent les équipements nécessaires à cette production. »
Les choix d’actions de Harvest ont une pondération égale. Selon Paul MacDonald, cela permet au FNB d’offrir « une plus grande exposition à l’ampleur du développement des énergies renouvelables au cours de plusieurs cycles ».
Le FNB de First Trust adopte une approche plus large pour définir les entreprises d’énergie propre, mais il est limité aux titres américains. Sa principale participation est la société californienne Tesla Inc, premier fabricant mondial de voitures électriques. Selon Morningstar, le First Trust ETF détenait récemment 46 % de valeurs technologiques, 19 % de valeurs industrielles, 15 % de valeurs de consommation cyclique et seulement 9 % de valeurs de services publics. « Notre FNB est davantage axé sur la technologie verte », assure Karl Cheong.
Grâce à une pondération modifiée de la capitalisation boursière, ce FNB privilégie les grandes entreprises. « Ce sont généralement les innovateurs et les leaders d’un secteur à croissance rapide », explique Karl Cheong. Toutefois, pour chaque rééquilibrage trimestriel de l’indice de référence, la pondération de chaque titre est plafonnée à 8 %.
Dans certains des portefeuilles d’actions modèles créés par First Trust, la pondération des investissements thématiques, qui incluent l’énergie propre, atteint près de 20 %. « Si vous cherchez à atteindre les objectifs de retraite des clients à plus long terme, vous devez vous intéresser à ces domaines particuliers afin d’avoir un impact significatif sur l’augmentation de vos rendements, dit Karl Cheong. Nous pensons que les bénéfices vont tout simplement dépasser de loin le marché global. »
Pour l’énergie propre en particulier, une pondération de 2 % à 5 % « a beaucoup de sens dans un portefeuille bien équilibré », ajoute-t-il.