Ces dernières années, les entreprises ont intensifié leurs messages sur l’ESG (environnement, social et gouvernance) sur les réseaux sociaux. Cependant, elles restent sélectives quant à ce qu’elles partagent, et leurs discours en ligne ne se concrétisent pas toujours en actions réelles, selon une étude de la Queen’s University.
Les chercheurs ont étudié les informations relatives à l’ESG publiées sur X (anciennement Twitter), la manière dont ces messages étaient perçus par les investisseurs et l’impact qu’ils avaient sur le coût des capitaux propres des entreprises. Les résultats ont été présentés dans un livre blanc publié par l’Institute for Sustainable Finance en décembre.
« Notre analyse suggère que les commentaires des entreprises sur les médias sociaux ressemblent davantage à de la poudre aux yeux qu’à de véritables engagements ESG, ce qui peut conduire les investisseurs à ne pas tenir compte de ces messages comme s’il s’agissait d’un simple bruit blanc », ont écrits Dhruv Baswal et Sean Clearly de la Smith School of Business de l’université Queen’s dans le livre blanc.
Messages sélectifs
Les chercheurs ont analysé les tweets publiés entre 2015 et 2022 par les entreprises canadiennes qui avaient un compte Twitter et faisaient partie de l’indice composé S&P/TSX au 15 juin 2022. Sur la base de recherches par mots-clés, ils ont identifié 10 816 tweets ESG et 4 012 tweets environnementaux.
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Les entreprises ont été sélectives dans leurs messages liés à l’ESG au cours de la période d’échantillonnage et les messages étaient plutôt positifs, selon l’étude.
En utilisant VADER — un outil d’analyse des sentiments basé sur un lexique et des règles — pour classer les tweets en sentiments positifs, neutres et négatifs, les chercheurs ont constaté que près de 80 % des tweets sur les ESG étaient majoritairement positifs. En comparaison, les articles de presse ESG sur ces entreprises, provenant du fournisseur de données RavenPack, étaient plus équilibrés, avec environ 60 % d’articles positifs et 40 % d’articles négatifs.
L’écoblanchiment
Selon l’étude, bon nombre de ces messages ne se sont pas traduits par des actions renforcées visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Les chercheurs ont calculé le ratio des tweets liés à l’environnement par rapport au nombre total de tweets annuels, puis ont étudié l’impact sur les émissions de GES de l’année suivante, en se basant sur les émissions mondiales de GES des champs d’application 1 et 2 comme indicateur de la production annuelle des entreprises.
« Nous n’avons trouvé aucune association significative entre les messages environnementaux des entreprises sur Twitter et leur changement ultérieur dans les émissions futures de GES », écrivent-ils.
« Ainsi, malgré l’augmentation observée des messages environnementaux sur Twitter, cette augmentation ne s’est pas traduite par une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre. »
Les recherches n’ont pas non plus trouvé de corrélation entre le coût des capitaux propres — le rendement que les investisseurs attendent des actions d’une entreprise — et le volume des tweets ESG, quelle que soit la manière dont ils sont mesurés.
Le coût des capitaux propres a été mesuré à l’aide de données Bloomberg, avec « l’inclusion de contrôles pour le secteur et l’année, ainsi que d’autres contrôles traditionnels tels que le score ESG, la taille de l’entreprise, la tangibilité des actifs, les dépenses d’investissement et la marge de revenu ».
Les tweets sur les questions ESG ont suscité moins d’intérêt de la part des investisseurs, ce qui suggère « un manque de compréhension, un scepticisme ou d’autres facteurs qui entravent l’efficacité de la communication sur les questions ESG », selon l’étude.