La structure de négociation de parts d’un fonds négocié en Bourse (FNB) comporte certains avantages que les clients devraient considérer, selon le webinaire L’évolution des fonds négociés en bourse et leur place dans les portefeuilles de placements, organisé par le Cercle de la finance du Québec, le 26 mai dernier. Ces avantages portent essentiellement sur des économies potentielles de coûts ainsi que des bénéfices sur le plan de la liquidité.
Ainsi, lorsqu’un FNB est négocié avec un investisseur, souvent, la contrepartie est le mainteneur de marché. En effet, le rôle de ce dernier consiste entre autres à assurer qu’il y aura une certaine liquidité pour un FNB en publiant en continu des cours vendeurs et des cours acheteurs pour le produit. Il fait également en sorte que la valeur d’un FNB reflète celle des titres sous-jacents.
La présence du mainteneur de marché confère un certain avantage. « Le fait d’avoir un pool d’actif supplémentaire avant d’arriver au portefeuille du fonds, c’est une couche de protection en plus. Le mainteneur de marché peut avoir un certain inventaire. Il peut même prendre des risques lui-même dans la façon dont il va gérer les entrées et les sorties », a indiqué Jean-François Giroux, gestionnaire de portefeuille et chef IGP – Canada, équipe Solutions multiactifs, chez Gestion de placements Manuvie, en marge du webinaire.
Le rôle du mainteneur de marché, qui peut être ou non le courtier désigné d’un FNB, vient donc assurer qu’un FNB se négociera. Et ce, même si le volume quotidien de négociation du FNB comme tel, entre acheteurs et vendeurs naturels, est faible.
Toutefois, la présence du mainteneur de marché dans la relation entre l’émetteur de fonds et l’investisseur ne vient pas changer la liquidité intrinsèque d’un FNB. En effet, cette liquidité correspond à celle de ses actifs sous-jacents.
« On ne peut pas créer une liquidité qui n’existe pas. Il y a des catégories d’actifs qui sont de manière inhérente moins sujettes à la liquidité, comme les actions privilégiées ou les fiducies de placement immobilier, a expliqué Guy Lalonde, conseiller en placement et gestionnaire de portefeuille, Financière Banque Nationale, en marge du webinaire.
La petitesse de ces marchés fait qu’une transaction importante dans un FNB qui suit ces marchés peut avoir un impact sur le cours des titres sous-jacents ainsi que sur le coût de l’écart entre le cours acheteurs et le cours vendeurs.
« L’écart cours acheteur-cours vendeur de votre FNB correspond plus ou moins à l’écart observé sur le marché de l’actif sous-jacent. Si ce sous-jacent n’est pas super liquide, l’écart naturel du FNB devrait le refléter », a précisé Laurent Boukobza, Vice-Président, stratège en FNB, chez Placements Mackenzie.
Dans une logique similaire, c’est l’une des raisons pour lesquelles on recommande que, idéalement, on achète un FNB de titres internationaux durant les heures où la bourse locale est simultanément ouverte. Le mécanisme de découverte de prix se fait instantanément, ce qui permet au mainteneur de marché d’établir des cours qui correspondent de manière fidèle à la valeur des sous-jacents. Lorsqu’on transige un fonds après la fermeture des bourses locales, l’écart cours acheteur-cours vendeur s’élargit, car ce marché est moins liquide. « C’est alors un peu comme un acte de foi » indique Alain Desbiens, Directeur FNB, Est- Canadien BMO gestion mondiale d’actifs. Le mainteneur de marché peut souvent continuer d’établir des cours en continu en se basant sur les contrats à terme sur les titres sous-jacents, mais au prix d’écart cours acheteurs-vendeurs plus larges.
Coûts évités pour les détenteurs de parts
Lors du webinaire, Jean-François Giroux a souligné un avantage pour les détenteurs de parts de FNB par rapport à leurs homologues qui investissent en fonds commun de placement. Les premiers sont « immunisés » contre les frais de transaction découlant des opérations d’achat et de vente faites par les autres détenteurs.
« Dans un FNB, l’investisseur va assumer lui-même les frais de transactions qui viennent avec l’entrée (ou la sortie). C’est quelque chose que je trouve avantageux chez les FNB par rapport aux fonds communs, car au moment de l’entrée ou de la sortie, le coût de transaction se fait au niveau de l’investisseur lui-même au lieu que ce soit tous les détenteurs d’actifs qui l’assument », a-t-il expliqué.
Examinons la différence. Dans un fonds commun de placement, les transactions se font une seule fois par jour, à la fin de la journée. À ce moment, l’émetteur de fonds peut apparier les demandes d’achats et les demandes de rachats, ce qui n’entraîne pas de frais de transaction pour le fonds en tant que tel. S’il y a un déséquilibre, donc plus de ventes ou plus de rachats de parts, le gestionnaire du fonds utilisera par exemple les nouveaux dépôts pour investir directement dans le marché en achetant des titres et ils vont alors assumer le coût de l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur, ainsi que les coûts de transactions.
Ces coûts seront dilués à l’interne du fonds parmi tous les détenteurs de parts et affecteront la performance du fonds commun, selon Jean-François Giroux.
Dans le cas d’un FNB, la même logique d’appariement entre acheteurs et vendeurs réels peut s’appliquer pour le mainteneur de marchés. « Au moment de faire la transaction, l’écart cours acheteurs et vendeur va être assumé par celui qui fait la transaction. Les détenteurs actuels vont être immunisés des entrées et sorties des autres détenteurs », a précisé Jean-François Giroux.
« Si jamais l’ordre est assez gros pour nécessiter de créer ou d’annuler un bloc d’unités de FNB, ces frais-là vont être chargés au mainteneur de marché qui va le passer à l’investisseur. Il n’y a pas d’impact sur les autres détenteurs », a ajouté Laurent Boukobza.