L’une des erreurs communes des investisseurs est de croire qu’il suffit d’examiner uniquement l’actif sous gestion d’un fonds négocié en Bourse (FNB) et la faiblesse de son écart cours acheteur-cours vendeur afin d’en comprendre la liquidité.
D’autres éléments doivent également être examinés, dont la liquidité de l’actif sous-jacent du FNB, son volume et le fait que le fonds se négocie à prime ou à escompte par rapport à sa valeur liquidative. On doit aussi considérer les caractéristiques propres à l’actif sous-jacent dont le moment de la journée où sa liquidité est la plus susceptible d’être bonne et les conditions de marché en général.
C’est l’un des messages qu’a lancé Megan Rust, analyste senior des marchés mondiaux des capitaux de FNB, chez Franklin Templeton, lors d’une allocution devant des conseillers organisée par son organisation, le 22 février dernier.
Ainsi, le danger de limiter son analyse à l’actif d’un FNB et à la petitesse de son écart acheteur-vendeur est d’en conclure à tort que « les petits FNB ne sont pas liquides » ou que « les grands FNB sont toujours liquides ».
« La réalité est que le marché où est négocié l’actif sous-jacent va être un facteur important de la liquidité d’un fonds, peu importe la quantité d’actif géré par ce fonds. Si l’actif sous-jacent est liquide, un FNB pourra en profiter », a indiqué Megan Rust.
Ainsi, un FNB ayant peu d’actif sous gestion, mais dont le sous-jacent sont les grandes capitalisations américaines pourrait avoir une grande liquidité.
À l’inverse, lorsque la volatilité est grande ou que le marché de l’actif sous-jacent est illiquide, comme ça a été le cas des titres à revenu fixe en mars 2020, il n’est pas rare de voir des écarts importants entre le prix d’un FNB et sa valeur liquidative afin de refléter ces conditions de marché difficiles. La taille d’un FNB ne viendra pas changer à elle seule ces conditions.
« Lorsque vous tenez compte d’événement sans précédent qui causent de la volatilité importante sur le marché, aucun FNB n’est sûr (sur le plan de la liquidité) », a souligné Megan Rust.
En résumé, le fait qu’un FNB ait un actif géré de plus d’un milliard de dollars et ait un cent d’écart entre son prix demandé et son prix offert n’est pas suffisant pour connaître le profil de liquidité d’un fonds, selon elle.
Elle compte bon nombre d’exemples pratiques où un FNB n’avait ni l’un ni l’autre de ces traits et la négociation d’un FNB s’est tout de même faite de manière efficiente.
Par exemple, ça été le cas de certains ordres pour un fonds de Franklin Templeton qui porte sur le marché brésilien et qui se sont déroulés de manière efficiente, certains même ayant été exécutés à la valeur liquidative du fonds.
La liquidité d’un FNB est complexe et change constamment, a ajouté Patrick McEntyre, directeur général, produits dérivés sur actions mondiales, Financière Banque Nationale, présent sur le même panel. La liquidité dépend de différents facteurs, dont le coût du capital, les risques inhérents au marché en général et celui de l’actif sous-jacent ainsi que du jeu de l’offre et de la demande sur ce dernier marché.
Dans le secteur des FNB, l’un des grands fournisseurs de liquidité pour un fonds est le mainteneur de marché. Cet acteur clé est un tiers, souvent un courtier, qui sera en mesure de fournir en continue des cours acheteurs et des cours vendeurs pour un FNB, même lorsqu’il y a peu de volume de transaction sur ce FNB.
Pour certains FNB ciblant les actions nord-américaines, le travail du mainteneur de marché est relativement simple. Cependant, lorsqu’il est question de fonds internationaux, les choses se compliquent.
« Lorsqu’il s’agit d’un marché international, le coût des transactions à l’étranger est plus élevé. Le coût de livraison des titres est plus élevé et, dans de nombreux cas, le marché où l’actif sous-jacent se négocie est fermé », a expliqué Patrick McEntyre.
La Financière Banque Nationale dispose d’une variété d’options afin d’obtenir une couverture par procuration et offrir des services de tenue de marché même quand le marché de l’actif sous-jacent est fermé. Le courtier le fait entre autres en utilisant des contrats à terme ou produits dérivés portant sur l’actif sous-jacent. Cependant, pour un FNB ayant comme actif sous-jacent un bien étranger, il est largement préférable de négocier ce FNB lorsque son marché sous-jacent est ouvert, a fait valoir Megan Rust.
Lorsqu’un investisseur souhaite négocier un volume important d’un FNB, il est préférable qu’un humain soit impliqué dans la transaction, selon Patrick McEntyre. Pour cette raison, il est préférable de communiquer avec le fournisseur d’un FNB ou le pupitre de négociation d’un courtier afin de travailler cet ordre pour que la transaction se fasse de manière le plus efficiente, selon lui.
Innover pour améliorer la liquidité
Afin d’améliorer la liquidité de ses fonds et composer avec certaines contraintes de ses clients, Franklin Templeton a innové en créant deux programmes distincts.
D’abord, les écarts importants entre les cours acheteurs et vendeurs d’un FNB découlent souvent aux coûts associés à la détention d’inventaire excédentaires par les mainteneurs de marché. C’est pour réduire ces écarts que Franklin Templeton a créé le programme d’inventaire.
Franklin Templeton s’assure de négocier en continue avec des mainteneurs de marché pour leurs FNB, ce qui amène ces deniers à réduire leur besoin d’inventaire. « Franklin Templeton peut acheter et vendre des parts de FNB sur le marché secondaire si nécessaire afin de réduire les coûts d’inventaire de nos teneurs de marché », explique l’entreprise dans une présentation.
Cela demande à Franklin Templeton d’allouer davantage de capital afin de soutenir un FNB. Toutefois, cela le rend plus attrayant pour un investisseur, car le coût de l’écart cours acheteur-vendeur est parfois un frein.
« Après avoir éliminé les coûts d’inventaire de l’équation, nous avons constaté à la fois un resserrement des écarts et une augmentation du volume quotidien moyen », précise Franklin Templeton.
« Le soutien que Franklin Templeton apporte est remarquable à cet égard. Il nous permet de maintenir des positions d’inventaire plus basses à un coût bien moindre », a ajouté Patrick McEntyre.
Le second programme amène une solution au problème de certains investisseurs, souvent institutionnels, qui peuvent être préoccupés par les limites de pourcentage de participation qui pourraient les empêcher d’investir dans des fonds de plus petite taille.
Franklin Templeton pourrait alors investir des capitaux d’amorçage dans ses propres FNB pour aider les fonds à se développer. Cet apport de capital facilite également la vie des mainteneurs de marché, ce qui peut réduire le coût de transaction d’un FNB.