Finance et Investissement (FI): Est-ce que tous les FNB à gestion active sont nés égaux?
Laurent Boukobza (LB): Dans la catégorisation des FNB actifs, on retrouve souvent les FNB de beta stratgéique. Ce sont les FNB qui sont un hybride entre la gestion passive et la gestion active. Ils vont répliquer un indice passif, mais un indice qui a été modifié de façon active pour exprimer la vue que la mise en lumière d’un ou de plusieurs facteurs va permettre de mieux performer. Quand un client va faire le choix d’investir dans un gestionnaire actif, ce qu’il va faire c’est exprimer la vue que le gestionnaire et son équipe, de par son expérience, leur processus d’analyse et de par le facteur humain qui est propre à chaque personne, vont être capable d’amener des rendements ajustés au risque qui seront supérieurs. En ce sens, on voit qu’il y a une différence fondamentale entre la pure gestion active qui est faite par un gestionnaire de portefeuille et celle qui est faite par un FNB à béta stratégique.
FI: À quoi un conseiller devrait-il porter attention pour s’assurer qu’un gestionnaire intervient bel et bien dans la gestion d’un FNB dit « actif »?
LB: Il faut mettre en perspective le fait que, aujourd’hui, dans une construction saine et robuste de portefeuille, on ne pose plus la question si on utilise la gestion active, passive ou le béta stratégique, mais plutôt la question est de savoir comment utiliser les trois de la meilleure façon possible. Chaque type de gestion a des avantages et des désavantages et le but est de les utiliser de la bonne façon pour accomplir notre objectif.
Quant à la gestion active pure, une des choses à regarder est sûrement qui est le gestionnaire, quelle est sa stratégie, que veut-il faire, quelles sont ses contraintes (timings, règles, etc.) et quelle est sa latitude. Plus la gestion sera active, plus le gestionnaire aura de liberté et moins il aura de contraintes.
Pour nos clients je ne crois pas que ça soit difficile de différencier gestion passive et gestion active une fois qu’on est passé outre l’idée préconçue qu’un FNB est passif. Ce qui est vraiment important c’est de véhiculer le message qu’un FNB c’est un véhicule d’investissement et non une stratégie. À travers un FNB on est capables d’avoir une gestion entièrement active.
FI: Comment expliquer la progression des FNB canadiens à gestion active depuis 5 ans?
LB: La première avenue qui est plus mécanique, c’est le fait que la base d’actifs était plus faible donc, forcément, les croissances sont plus importantes. Une avenue de réflexion qui est probablement plus intéressante, c’est de revenir à ce qu’est la gestion active, soit produire du rendement sous contrainte de risque. Cette contrainte est primordiale. En investissant dans la gestion active, un client démontre qu’il droit dans le fait qu’un gestionnaire va être capable de lui fournir du rendement ajusté pour le risque. Philosophiquement, un client va toujours s’orienter vers gestionnaire qui est capable de minimiser le risque tout en lui offrant du rendement. La contrainte primordiale c’est la gestion de risque. La fonction d’utilité première d’une gestion active dans un portefeuille, c’est vraiment d’aller minimiser le risque inhérent à la catégorie d’actif qu’on décide d’allouer.
Partant de ce raisonnement, quand on met en contexte, à l’heure actuel, le fait qu’on entend dire que les marchés sont chers, qu’on est sûrement plus à la fin qu’au début du cycle, qu’on commence à revoir de la volatilité dans le marché, que les taux commencent à monter. Une partie des clients commencent à vouloir abaisser le niveau de risque de leur portefeuille. Ils vont donc aller vers des stratégies de gestion qui vont diminuer le risque. On va donc voir une rotation de l’actif vers la gestion active, mais aussi vers des catégories d’actif un peu moins risquées. Si on combine les deux, on voit bien évidemment, une très belle progression des FNB à gestion active.
FI: Pourquoi est-ce que le combo revenu fixe et gestion active est aussi populaire chez Mackenzie?
LB: Historiquement, on était capable d’accomplir trois choses importantes dans la construction de portefeuille en achetant une obligation. On était capable de préserver le capital, de diversifier le risque des actions et de générer du revenu. À l’heure actuelle, c’est beaucoup plus compliqué de faire les trois en même temps dans le revenu fixe.
Les conseillers se retrouvent donc devant un défi majeur dont l’issue est complètement asymétrique pour eux. Le vieillissement de la clientèle fait en sorte qu’il y a plus en plus besoin de revenu alors que les taux sont bas. De plus, les clients sont de plus en plus averses au risque. Ils sont aussi beaucoup plus sensibles au risque dans la portion revenu fixe du portefeuille. Ce qu’on a chez Mackenzie, c’est l’approche Core Plus qui permet d’avoir accès à un éventail d’outils plus large pour gérer le risque de devise, de taux, de crédit et de durée dans le revenu fixe. On va avoir cette approche qui va permettre de créer des portefeuilles plus diversifiés, plus robustes, moins risqués et qui sont éventuellement plus performants.
Notre équipe de portefeuillistes gère près de 50 G$ en dollars canadiens en revenu fixe exclusivement. Cette approche Core Plus était déjà utilisée dans nos fonds communs de placement qui existaient avant le lancement de nos FNB de gestion active et de revenu fixe il y a un peu plus de deux ans. Ce qui a été une des clés du succès de nos FNB à revenu fixe a été la performance de nos produits par rapport à leurs indices de référence. On a été capables de gérer plus de rendement, en réduisant le risque, ce qui est primordial dans le revenu fixe.