La catégorie des fonds négociés en Bourse (FNB) de marché monétaire a toujours été pratiquement ignorée par les gestionnaires de fonds et les investisseurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les rendements sont en hausse, tout comme les apports de capitaux.
« Le marché a fondamentalement changé au cours des 12 à 18 derniers mois et de nombreux investisseurs recherchent une plus grande stabilité de leurs revenus et une exposition à court terme », explique Matt Montemurro, gestionnaire de portefeuille, FNB, chez BMO Gestion mondiale d’actifs. « Si l’on considère les rendements à court terme qui se situent actuellement entre 4 et 5 %, il s’agit sans aucun doute d’un placement attrayant pour les investisseurs qui s’inquiètent de la volatilité à venir, et nous avons certainement constaté des entrées de fonds correspondant à ces inquiétudes. »
Avec l’augmentation des rendements, les liquidités sont redevenues une catégorie d’actifs importante, a déclaré Greg Taylor, directeur des investissements de la société Purpose Investments Inc. basée à Toronto. « Nous voulons nous assurer que les investisseurs canadiens aient accès à certains des instruments les plus efficaces pour obtenir ce rendement dans leurs portefeuilles. »
Avec son Fonds d’épargne à intérêt élevé Purpose, dont l’actif est de 4,9 milliards de dollars (G$) en incluant les séries de fonds communs de placement, Purpose a été l’un des premiers à diriger des actifs vers les FNB qui investissent dans des comptes d’épargne à intérêt élevé (CEIE). Il s’agit de titres qui ne peuvent être achetés directement que par des acheteurs importants, comme les gestionnaires de fonds.
Or, trois grandes banques – la Banque de Montréal, la Banque Royale du Canada et la Banque Toronto-Dominion – refusent que les FNB de CEIE soient négociés par leurs filiales de courtage à escompte.
« C’est la situation que nous avons essayé de résoudre en lançant MNY, le Fonds de gestion de trésorerie Purpose », a déclaré Greg Taylor. « Mais nous nous heurtons encore à des obstacles avec certaines des grandes banques qui ne permettent pas à leurs clients de détenir des FNB qui détiennent des CEIE ».
Le lancement du Fonds de gestion de trésorerie Purpose en septembre dernier a fait suite aux débuts de la série de FNB BMO Fonds du marché monétaire en novembre 2021. Ces offres ont rejoint le FNB iShares Premium Money Market, vieux de 15 ans, qui a été le seul FNB de ce type pendant plus d’une décennie.
Le dernier né des fonds monétaires canadiens, lancé en avril, est le FNB Horizons 0-3 Month T-Bill. Mark Noble, vice-président exécutif de la stratégie des FNB chez Horizons ETFs Management (Canada) Inc., de Toronto, a déclaré que ce FNB constituait une « solution de rechange convaincante » pour les investisseurs autonomes dont les courtiers à escompte les empêchaient d’acheter des FNB CEIE.
(La société propose le FNB Horizons High Interest Savings, dont l’actif est de 2,6 G$ de dollars).
L’amélioration des rendements du marché monétaire par rapport aux niveaux historiques est spectaculaire. Au cours de chacune de ses 14 années civiles complètes, le FNB iShares a rapporté moins de 2 %. Et au cours de chacune de ces années, à l’exception de trois d’entre elles, son rendement a été inférieur à 1 %.
Mais au 5 juin, le rendement des distributions du FNB iShares – basé sur l’annualisation de son paiement mensuel le plus récent – a bondi à 4,34 %. C’est plus de quatre fois supérieur à son rendement annuel moyen de 0,97 % depuis sa création jusqu’au 31 mai.
Les rendements varient d’un FNB à l’autre en fonction des titres détenus. Le FNB Horizons investit exclusivement dans des bons du Trésor canadien à court terme ; il n’est donc pas celui qui offre le rendement le plus élevé, mais il constitue « l’investissement le moins risqué », selon Mark Noble.
Il reconnaît que la vaste catégorie des FNB de liquidités, qui comprend les FNB CEIE ainsi que les fonds du marché monétaire, présente un risque extraordinairement faible. « Personnellement, je n’ai aucune inquiétude concernant les FNB du marché monétaire, le crédit d’entreprise ou le papier d’entreprise. »
Mais tous les investisseurs ne sont pas de cet avis, ajoute Mark Noble. « Il existe une résonance émotionnelle, en particulier chez les investisseurs individuels, qui s’inquiètent constamment de l’état du monde et de la situation du marché. »
En exploitant cette aversion au risque, Horizons a été récompensé par un afflux de fonds de plus de 250 M$ dans son FNB composé de bons du Trésor canadiens en moins de deux mois.
D’autres gestionnaires de FNB du marché monétaire adoptent une approche plus diversifiée, en détenant des titres de créance à court terme de haute qualité, tels que du papier commercial, des acceptations bancaires et des obligations de sociétés proches de leur date d’échéance.
« Nous cherchons toujours à trouver un équilibre entre la stabilité et le revenu supplémentaire », explique Matt Montemurro. « Nous examinons et évaluons l’attrait de chaque investissement, et ils ont tendance à offrir un rendement supérieur [à celui des bons du Trésor]. »
Parfois, l’avantage en termes de rendement peut être de 10 à 15 points de base, a précisé Matt Montemurro, alors que dans certains cas, il peut atteindre 50 à 75 points de base par rapport aux bons du Trésor. Ces écarts s’appliquent aux titres qui respectent les contraintes de qualité de crédit et d’échéance imposées par la réglementation sur les valeurs mobilières pour les fonds du marché monétaire.
Une autre source potentielle d’amélioration du rendement consiste à faire varier la durée du portefeuille – une mesure de la sensibilité aux variations des taux d’intérêt – bien qu’il y ait des limites strictes. La réglementation sur les valeurs mobilières limite la durée moyenne pondérée d’un portefeuille monétaire à 180 jours.
Dans la pratique, les échéances moyennes tendent à être bien inférieures au maximum autorisé. Le FNB Purpose, par exemple, a récemment maintenu sa durée « quelque part dans les 50 [jours] », a déclaré Greg Taylor, et a mis l’accent sur des titres d’entreprises très liquides et des acceptations bancaires pouvant être négociés avec des écarts plus serrés que les bons du Trésor. En cas d’augmentation du taux au jour le jour de la Banque du Canada, « nous voulons être en mesure d’ajuster notre rendement aussi rapidement que possible », a-t-il ajouté.
La faiblesse des frais de gestion est une caractéristique favorable aux investisseurs dans les FNB du marché monétaire. Le FNB iShares, d’une valeur de 528 M$, qui bénéficie des plus grandes économies d’échelle, a réduit ses frais de gestion à 0,12 % le 12 janvier dernier, contre 0,25 % auparavant.
La réduction d’iShares est inférieure aux frais de gestion de 0,20 % du FNB Purpose et correspond essentiellement à ceux de son principal concurrent, BMO, dont le dernier ratio de frais de gestion, y compris les coûts d’exploitation, est de 0,14 %.
Horizons, qui a fixé ses frais de gestion à 0,10 %, est le fournisseur qui offre les coûts les plus bas, avec une légère marge. « Nous pensons que c’est la juste valeur pour cette catégorie d’actifs », a déclaré Mark Noble, compte tenu de la stratégie simple du FNB, axée uniquement sur les bons du Trésor.