L’actif sous gestion des fonds négociés en Bourse (FNB) thématique peut-il dépasser de manière disproportionnée la taille et la liquidité de leurs actifs sous-jacents? Cette question, qui demeure théorique, a fait l’objet de récents débats dans les médias.
Certains craignent que des FNB amassent des actifs significatifs dans des entreprises dont les actions soient très peu liquides, révèle le Financial Times. Ce risque est plus élevé principalement pour les FNB thématiques ayant un mandat très pointu.
On se préoccupe du risque de ventes massives d’un FNB et de cet effet sur la liquidité d’une entreprise. Dans un tel scénario, qui est somme toute rare, on s’inquiète notamment de la faible ou de l’absence de capacité du mainteneur de marché de se couvrir et de l’effet sur l’écart cours acheteur-cours vendeur d’un FNB.
Détenir des microcapitalisations pour un FNB constitue un défi pour les mainteneurs de marchés, tel que l’indiquait récemment Finance et Investissement. Un fonds et son prix refléteront la liquidité et la négociabilité de son panier d’actions sous-jacent. Conseillers, clients et investisseurs doivent en être conscients.
Toutefois, avant de se concentrer sur les scénarios apocalyptiques, les médias devraient présenter de manière équilibrée les faits entourant les FNB et leur liquidité, souligne une note de Valeurs mobilières TD.
Selon celle-ci, les FNB eux-mêmes n’entraînent pas, pour la plupart, de mouvements de prix sur le marché, mais servent plutôt d’outil de placement aux investisseurs pour exprimer leurs opinions. Les afflux record réalisés dans le domaine des FNB thématiques, sous l’impulsion de la société ARK Investments, ont suscité de nombreux débats. Le point central de ce débat a largement tourné autour de la façon dont les sorties théoriques peuvent créer des problèmes dans le mécanisme de création/rachat.
Voici les principaux arguments présentés par Valeurs mobilières TD. Malgré les corrections récentes dans le secteur de la technologie et la sous-performance d’ARK depuis le début de l’année, les investisseurs ne se sont pas précipités vers la sortie comme certains le pensaient. Leurs fonds n’ont connu « que des sorties modestes au cours des dernières semaines ».
« Une histoire similaire émerge dans d’autres FNB thématiques présentés dans l’article du Financial Times, y compris les énergies renouvelables, le cannabis, les métaux et les mines, etc. Cela suggère que l’argent des particuliers est peut-être plus stable que ce à quoi on pourrait s’attendre et que ces derniers ne sont pas si enclins à l’achat/vente en panique », lit-on dans la note.
Il est également important de noter que pendant les périodes de volatilité accrue du marché, les marchés sous-jacents couverts par les FNB ont tendance à voir les volumes de transactions augmenter en même temps que les FNB. « Utiliser les volumes de transactions dans des conditions de marché normales pour estimer l’impact potentiel d’un rachat important, c’est comparer des pommes et des oranges, puisque de manière réaliste, un tel rachat se produit généralement dans des circonstances extraordinaires, si tant est qu’il se produise », soutiennent des analystes menés par Andres Rincon, directeurs des ventes et des stratégies sur les FNB, chez Valeurs mobilières TD.
En outre, les créations/rachats ne représentent qu’une fraction des FNB qui sont négociés. Une grande partie des transactions sur les FNB surviennent entre des acheteurs et des vendeurs sur le marché secondaire, ce qui signifie qu’elles n’ont pas d’impact sur les titres sous-jacents détenus dans ces FNB, selon Valeurs mobilières TD.
Ce n’est que lorsqu’il y a un déséquilibre important entre l’offre et la demande de parts de FNB que les transactions sur le marché primaire sont exécutées et que les mainteneurs de marché soumettent des ordres de création et de rachat. « Les multiples couches de liquidité sont uniques à la structure des FNB et font que les parts de FNB se négocient au moins en ligne avec le panier de titres sous-jacent », indiquent les auteurs de la note.
De plus, les FNB d’actions thématiques sont généralement commercialisés comme des investissements à haut risque et « nous pensons que les risques liés à la détention de tels portefeuilles de positions concentrées sont généralement bien compris », affirment les experts de Valeurs mobilières TD. Ces investissements sont généralement détenus en tant que positions tactiques et sont plus spéculatifs par nature.
Enfin, il n’y a pas d’effet de levier dans bon nombre de ces produits thématiques (ou un effet de levier limité par l’achat au détail sur marge) et que ces FNB offrent une détention généralement diversifiée. « Cette semaine, Archegos nous a rappelé les avantages de la diversification et de l’absence d’effet de levier, avec son exposition concentrée à Viacom et à d’autres actions. Les réactions excessives du marché face aux nouvelles positives ou négatives existaient bien avant les FNB et un seul instrument peut difficilement être tenu pour responsable de toutes ses inefficacités », lit-on dans la note.