Les fonds thématiques ont proliféré durant la pandémie en raison de l’intérêt des investisseurs et de leurs solides performances, mais les thèmes de niche peuvent également être risqués et leur surperformance difficile à maintenir sur des périodes plus longues, selon un rapport de Morningstar.
Plus des deux tiers des fonds thématiques mondiaux ont surperformé les marchés d’actions mondiaux (tels que représentés par l’indice Morningstar Global Markets) au cours de l’année qui s’est terminée en mars 2021, constate la société de services financiers basée à Chicago.
« Depuis le début de la pandémie mondiale, de nombreux fonds thématiques ont enregistré des rendements impressionnants », indique-t-elle dans son rapport, qui précise toutefois que leur « succès s’estompe rapidement lorsque nous prenons du recul et examinons les performances sur des périodes plus longues. »
Sur les cinq dernières années, le taux de réussite tombe à 43 % ; sur 15 ans, seuls 22 % des fonds thématiques ont surperformé les actions mondiales, et plus de la moitié des fonds ont été fermés.
« Cette performance médiocre à long terme peut s’expliquer en partie par le fait que les frais des fonds thématiques ont tendance à être plus élevés que ceux prélevés par leurs homologues non thématiques », analyse la firme dans son rapport.
L’année dernière, 237 nouveaux fonds thématiques ont été lancés dans le monde, contre 167 en 2019, pour un total de 1 276 fonds thématiques en mars 2021. Les actifs mondiaux sous gestion dans ces fonds ont plus que triplé, passant de 174 milliards de dollars américains (G$ US) à 595 G$ US au cours des trois dernières années, selon le rapport.
L’Europe est le plus grand marché pour les fonds thématiques, représentant plus de la moitié des actifs mondiaux, mais ces fonds gagnent des parts au Canada : les entrées de près de 600 M$ US au premier trimestre de cette année ont établi un record pour le Canada, et les fonds thématiques détiennent maintenant près de 2,5 G$ US, contre 52 M$ US en mars 2016.
Le Canada compte 36 fonds thématiques, dont plusieurs ont été lancés au cours des dernières années et six feront leurs débuts au premier trimestre de 2021. Le cannabis (570 M$ US) et la transition énergétique (380 M$ US) sont les thèmes les plus importants en termes d’actifs.
Le rapport indique que beaucoup de ces fonds visent à « profiter des tendances émergentes qui devraient connaître une croissance rapide dans un avenir proche. » Et, Morningstar en a classé plus de la moitié comme des stratégies de croissance, avec seulement 15% classés comme valeur.
« Comme dans d’autres régions, les lancements de fonds thématiques au Canada ont eu tendance à suivre le cycle du marché, ce qui indique que l’appétit des investisseurs pour ces stratégies et le désir des fournisseurs de les offrir évoluent généralement de manière synchrone avec le marché en général », selon le rapport.
« Les fournisseurs de fonds ont historiquement mis sur le marché de nouvelles stratégies pendant les périodes de forte performance, comme le nouveau millénaire et le milieu des années 2000. Mais les lancements se tarissent généralement pendant les périodes de ralentissement. »
En mars, Horizons ETFs Management (Canada) était le plus grand fournisseur de fonds thématiques au Canada, suivi d’Evolve Funds Group.
Les frais des fonds thématiques au Canada sont en moyenne plus élevés que ceux des fonds non thématiques, tant dans les catégories actives que passives. Le rapport indique que les frais plus élevés ont contribué à « une performance relativement faible sur des périodes plus longues ».
Alors que plus de 80 % des fonds thématiques canadiens ont surperformé les actions mondiales au cours de l’année jusqu’en mars 2021, ce chiffre tombe à deux fonds sur cinq sur cinq ans. Seuls deux fonds thématiques au Canada ont un historique de 10 ans et aucun n’a surperformé sur 10 ans, selon le rapport.
D’une manière générale, Morningstar a déclaré que les fonds thématiques peuvent être utiles en tant que substituts d’actions uniques pour les investisseurs qui cherchent à se concentrer sur un thème sans effectuer de diligence raisonnable sur les entreprises individuelles – la liquidité est un problème pour les fonds qui suivent des thèmes étroits, selon la firme, tout comme les concentrations de titres d’un seul nom.
« Les investisseurs dans les fonds thématiques font un triple pari », avance le rapport : choisir un thème gagnant, choisir un fonds qui va suivre ce thème et survivre, et acheter avant que le marché n’ait évalué le potentiel du thème.
« Les chances de gagner ces paris sont faibles, mais les gains potentiels peuvent être importants », conclut Morningstar.