Les investisseurs canadiens tendent à favoriser la détention d’actions canadiennes, à l’instar des autres investisseurs à l’égard des actions de leur pays. Or, ce biais domestique était en déclin de 2015 à 2020, d’après une étude publiée à l’automne 2021 par Marchés mondiaux CIBC.
Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de cette étude, dont Jin Yan, directrice, stratégies de portefeuille et, Ian de Verteuil, directeur et chef des stratégies de portefeuille ont analysé les données de quelque 650 milliards de dollars (G$) d’actifs dans 1220 fonds communs de placement d’actions. Cet actif représente environ 90 % de la détention d’actions par des Canadiens.
Ainsi, l’allocation canadienne s’établissait à environ 30 % en 2020, soit son plus bas niveau depuis 2015, et une baisse de 10 points de pourcentage depuis le sommet de 2016. Cette baisse s’est faite au profit des actions américaines et internationales qui représentaient collectivement environ 70 % en 2020 (dont un peu plus de 40 % pour les actions américaines).
« Bien que les actions canadiennes représentent maintenant un poids beaucoup plus faible dans les fonds communs de placement canadiens, l’allocation reste nettement supérieure au poids du Canada, qui n’est que d’environ 3 % dans l’indice MSCI ACWI pondéré en fonction de la capitalisation boursière (un repère important pour l’univers des actions mondiales investissables) », lit-on dans l’étude. Selon ce dernier indice, les actions américaines représentent 56 % de la capitalisation et les actions internationales, 41 %.
Différents facteurs expliquent ce biais domestique des Canadiens. D’abord, la fiscalité a probablement un impact. « Pour les Canadiens à revenu élevé, la différence de taux d’imposition marginal entre les dividendes admissibles canadiens et les dividendes étrangers peut atteindre 20 points de pourcentage dans certaines provinces (sans tenir compte des retenues d’impôt supplémentaires prélevées sur les titres étrangers). Par conséquent, les investisseurs axés sur le revenu ont eu tendance à privilégier les actions canadiennes pour leur rendement relativement avantageux sur le plan fiscal », affirment les auteurs de l’étude.
Par ailleurs, le rendement en dividende de l’indice S&P/TSX était supérieur à celui du S&P 500 au début de l’année 2020, une situation qui perdurait depuis 2010.
En outre, l’investissement étranger accroît la complexité d’un portefeuille, notamment en introduisant dans l’équation la volatilité découlant de la fluctuation des devises. « D’une manière générale, les investisseurs dont l’horizon temporel est plus long ont tendance à mieux tolérer les fluctuations des taux de change et peuvent même bénéficier de l’exposition aux devises étrangères en fonction de la catégorie d’actifs. Cependant, pour ceux dont l’horizon d’investissement est plus court, (cela) peut ne pas être optimal », écrivent les auteurs.
Des facteurs psychologiques entrent également en jeu. Aussi bien les investisseurs institutionnels que les particuliers peuvent préférer la familiarité avec les entreprises locales ou investir avec patriotisme. « La recherche a également montré que le biais national avait tendance à augmenter dans les marchés baissiers, probablement en raison d’un plus grand inconfort psychologique associée à l’investissement dans des marchés inconnus », résume l’étude de Marchés mondiaux CIBC.
Le biais domestique crée également d’autres effets collatéraux. Par exemple, l’étude cite la sous-représentation de certains secteurs (technologies de l’information, soins de santé et produits de consommation discrétionnaire) et la surreprésentation d’autres secteurs (services financiers, énergie et matériaux).
« Les allocations des fonds communs de placement aux technologies de l’information ont augmenté rapidement, passant de 9 % en 2015 à 18 % en 2020. Cette évolution s’est faite en grande partie au détriment de la diminution des allocations aux secteurs de la finance et de l’énergie », apprend-on dans l’étude. Malgré cette tendance, les TI restent sous-représentées par rapport à l’indice MSCI ACWI où la pondération était de 22 % en 2020.
La bonne nouvelle, selon Marchés mondiaux CIBC, est qu’il existe bon nombre de FNB afin de corriger le tir, si cela convient au client. « Ces FNB offrent une exposition à un panier de sociétés technologiques domiciliées au Canada ou à l’étranger à un faible coût, avec des ratios des frais de gestion variant entre 0,3 % et 0,8 % pour les FNB indiciels, et entre 0,7 % et 1,4 % pour les FNB à gestion active. Beaucoup de ces FNB offrent également des options de devises flexibles et sont disponibles en unités non couvertes en dollars canadiens ($ CA), couvertes en $ CA et en $ US. »
En septembre 2021, les FNB indiciels suivants avaient les actifs les plus importants :
- TD Global Technology Leaders Index ETF,
- iShares NASDAQ 100 Index ETF (CAD-Hedged)
- et BMO NASDAQ 100 Equity Hedged to CAD Index ETF.
Les FNB de TI gérés activement les plus importants en termes d’actifs, en septembre 2021 étaient les suivants :
- CI Tech Giants Covered Call ETF CAD Hdg,
- Harvest Tech Achievers Growth & Income ETF Class A
- et Emerge ARK Global Disruptive Innovation ETF.
Les FNB de TI thématiques les plus importants en septembre dernier étaient ceux-ci :
- Evolve Cyber Security Index ETF Hedged,
- Evolve Automobile Innovation Index ETF Hedged
- et Evolve Innovation Index ETF.