Le besoin de réglementation a été un des thèmes dominants de la cinquième édition de l’European Blockchain Convention (EBC), qui s’est tenue à Barcelone, en Espagne, en février dernier.
La nécessité d’une plus grande clarté réglementaire dans le secteur des cryptomonnaies a fait l’unanimité parmi les quelque 2 500 participants à l’événement, principalement des experts de l’industrie, des investisseurs et des entrepreneurs, selon un compte-rendu publié par Pitchbook, une firme américaine de recherche sur les marchés financiers mondiaux.
Les défaillances en cascades, dont celle de FTX en novembre 2022, ont largement alimenté les discussions. Lors d’une table ronde intitulée « What’s next after the FTX crash ? », certains panélistes ont fait valoir que les réglementations n’auraient pas atténué la fraude financière qui s’est produite. Un représentant de PitchBook, qui était également présent, a plutôt soutenu que si des réglementations avaient été en place, l’ampleur de l’effondrement aurait été plus modérée.
Les participants ont toutefois convenu que la mise en place d’une réglementation est essentielle pour l’adoption à grande échelle de la blockchain qui se développe à un rythme rapide. Des règles claires et cohérentes seront nécessaires pour assurer la sécurité des investisseurs et rétablir la confiance des utilisateurs de la technologie.
Les participants étaient également d’avis que les régulateurs se devront de trouver un équilibre entre l’innovation et la protection des consommateurs. Pour y arriver, il leur faudra travailler en étroite collaboration avec les acteurs de l’industrie pour développer une réglementation équilibrée et efficace. Plusieurs juridictions ont d’ailleurs amorcé le travail en édictant des règles et des directives plus rigoureuses pour les marchés de cryptomonnaies, souligne Pitchbook.
La confidentialité des données
Un autre sujet de préoccupation pour les acteurs du secteur des cryptomonnaies a été la confidentialité des données des utilisateurs. L’une des technologies qui a le plus attiré l’attention dans les derniers mois est celle des preuves à connaissance zéro (ZKP), des méthodes de vérification cryptographique qui permettent de vérifier l’emplacement géographique d’un utilisateur sans avoir besoin de connaître son adresse personnelle. Les ZKP sont également utiles pour authentifier l’accès sans qu’il soit nécessaire de saisir un mot de passe ou de fournir des informations personnelles, telles qu’un nom ou une adresse électronique.
À l’EBC, des startups ont discuté des défis que représente la construction d’une identité privée sur des blockchains publiques. Bien que la plupart des blockchains sur le marché sont dites pseudonymes (et non anonymes), la tendance semble se diriger vers des chaînes de confidentialité totale.
Parmi les entreprises présentatrices, il y a eu Holonym qui permet aux utilisateurs de créer une identification d’autogardiennage à utiliser sur le Web3 pour prouver l’âge, la résidence ou le statut d’investisseur accrédité sans avoir à fournir de données à l’application finale. De son côté, Aleph Zero a construit une blockchain de niveau 1 évolutive et respectueuse de la vie privée basée sur ZKP. De telles chaînes axées sur la confidentialité permettent des données et des transactions totalement privées, et sont plus susceptibles de gagner la faveur des entreprises.
Après les investisseurs et les entreprises, c’est au tour des institutions de montrer de l’intérêt envers le marché des cryptomonnaies. À l’EBC, les discussions concernant l’adoption institutionnelle ont tourné principalement autour de son infrastructure qui est encore naissante dans l’espace crypto. Elle manque par le fait même de sécurité, de fiabilité et de fonctionnalités de conformité et d’intégration avec les systèmes existants. Avec une meilleure infrastructure en place, les institutions pourront offrir à leurs clients un accès aux actifs cryptographiques par le biais de comptes d’investissement ou de retraite.
Un marché résilient
Plusieurs autres sujets ont été abordés lors de la conférence de deux jours, y compris la finance décentralisée (DeFi), le Web3, la tokenisation des actifs, les stablecoins, les dérivés cryptographiques, les jeux et le Metaverse, et les dépositaires.
Il n’en reste pas moins que, malgré la chute de plus de 2 000 milliards de dollars de capitalisation du marché des cryptomonnaies en 2022, le marché reste résilient avec une capitalisation boursière s’élevant désormais à plus de 1 billion de dollars, selon CoinMarketCab, un fournisseur de données cryptographiques.
Selon Pitchbook, les investissements en capital-risque ont été assez étroitement corrélés aux prix des actifs cryptographiques ces dernières années, et les investissements devraient augmenter lentement en 2023.
Une des conclusions de l’EBC 2023, c’est que l’Europe devrait rester l’un des marchés les plus forts pour l’innovation et le développement des cryptomonnaies.