Finance et Investissement s’est entretenu avec Kevin Gopaul, chef – fonds négociés en Bourse, chez BMO Gestion mondiale d’actifs, en octobre dernier. La croissance du nombre de manufacturiers de FNB fait en sorte qu’il devient important de faire une vérification diligente de ceux-ci, selon lui. Voici un extrait d’entrevue intéressant.
Finance et Investissement (FI) : Votre fonds négocié en Bourse ZEUS a dû être fermé en 2019. Pour quelle raison une firme comme la vôtre décide de fermer un FNB et comment se fait l’analyse pour en arriver à ce résultat?
Kevin Gopaul (KG) : Pour lancer un FNB, il y a plusieurs considérations, dont le potentiel de croissance et l’état de la concurrence. Et ce sont souvent les mêmes considérations lorsque vous voulez fermer un FNB. Certains pensent que c’est une question d’actif sous gestion, mas ce n’est pas une considération clé. En effet, si vous avez un éventail robuste de produits, vous pouvez soutenir les FNB qui ont peu d’actif s’ils ont encore du sens dans l’éventail de votre offre.
Si nous arrêtons de voir les occasions pour un produit ou s’il y a un changement structurel par rapport à un produit, comme un changement réglementaire important, alors cela ne fait pas de sens de le garder.
Alors trois éléments :
- l’histoire de ce FNB ne convenait pas au reste de notre histoire;
- il y avait des enjeux structurels qui font que notre produit était difficilement à succès;
- la demande n’était pas si élevée.
Notons par ailleurs qu’il y a plus de fermeture ou de fusion de fonds commun qu’il y en a du côté des FNB.
Il faut aussi savoir que le client reçoit toujours la valeur liquidative des titres en portefeuille lors de la fermeture d’un FNB. Le client est toujours correct. Peu importe ce qui arrive au prix, s’il garde son FNB jusqu’à la fin, il va ravoir son argent.
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FI : D’après vous, quel pourcentage de FNB dans le marché sera bientôt fermé?
KG : Le marché verra de la consolidation. C’est l’un des risques d’avoir beaucoup de nouveaux acteurs dans le marché. Certains pourraient ne pas être expérimentés, si bien que leur stratégie pourrait être incorrecte tout comme la manière de la promouvoir.
Certains nouveaux acteurs du secteur des FNB font leur entrée dans le marché dans le but de vendre leur entreprise dans le futur. Il y a beaucoup d’impact à cela. Ils utilisent l’argent des clients afin de bâtir la valeur de leur entreprise, pour ensuite la revendre. Et si l’entreprise est vendue, cela peut causer une expérience potentiellement perturbatrice pour le client. Si l’acquéreur décide de fusionner les fonds, l’investisseur va se dire : « Hey! Ce n’est pas ce que je voulais au départ. »
Ce qu’on réalise ici est que la qualité de l’émetteur de FNB devient un facteur déterminant dans le choix d’un FNB. Avant, les facteurs importants étaient le coût et l’exposition souhaitée [du portefeuille]. Maintenant, il y a une importance grandissante pour la qualité de l’émetteur du FNB, soit une institution financière bien ancrée, qui a une équipe expérimentée, une bonne vision, une bonne stratégie.
Vous devez vous assurer que la firme avec laquelle vous vous retrouvez, si elle est plus petite en termes d’actif géré, a une bonne stratégie future. Ça vaut la peine de demander à l’émetteur : « Quelle est votre stratégie, si votre actif sous gestion n’est pas en croissance? », car, je peux vous dire que les mainteneurs de marché vont leur poser la question.
FI : Parlez-moi des négociations récentes entre l’industrie et le ministère des Finances du Canada par rapport l’imposition des FNB. Le dernier budget fédéral prévoit des changements.
KG : La bonne nouvelle est que le ministère des Finances nous a écoutés. Il a imposé des règles avec l’intention de cibler les individus qui diffèrent du revenu en utilisant les stratégies de produits dérivés. Mais les règles ont probablement englobé peut-être trop de stratégies.
Nous sommes allés rencontrer le ministère des Finances à Ottawa avec l’Institut des fonds d’investissement du Canada. Il y a une opportunité de resserrer un peu l’encadrement ici. Le ministère des Finances nous a donné une année supplémentaire pour nous assurer de comprendre comment nos clients sont touchés, pour nous assurer que notre secteur n’est pas désavantagé par rapport au secteur des FNB américains.
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Il y a beaucoup de considération pour s’assurer que l’on n’est pas trop touchés. Par exemple, avec un fonds commun, si un client entre et sort trop fréquemment, nous pouvons l’arrêter, car nous savons qui il est. On peut lui dire qu’il négocie trop. Avec les FNB, on ne sait pas de qui il s’agit alors nous n’avons pas de moyens de l’arrêter. Le ministère des Finances nous a dit : « Présentez votre dossier. Vous avez un an pour arriver à une solution. »