La guerre de prix qui a poussé la création de fonds négociés en Bourse (FNB) à très faibles frais de gestion ou même sans frais de gestion peut faire peser un risque insoupçonné pour les clients. Ceux-ci devraient en tenir compte dans leur analyse.
Avant d’aller plus loin, prenons un pas de recul pour voir d’où provient l’actuelle guerre de prix.
Depuis leur début durant les années 1990, les FNB ont offert aux investisseurs une alternative peu dispendieuse aux fonds communs de placement (FCP). Lors de sa sortie en septembre 1999 par exemple, le i-Unit XIU (les i-Shares à cette époque portaient le nom de i—Units au Canada) offert par BGI, Barclays Global Investors, propriétaire à l’époque de i-Shares était offert avec un RFG de 0,50%, tandis que le RFG moyen des séries F des plus grands FCP, soit les séries qui ne comprennent pas de commission de suivi, était de 1,45 %.
Pour l’investisseur, cette différence de 95 points de base par année représente autant de rendement dont il pourra bénéficier. De plus, c’est un rendement sans risque, qui ne dépend ni des humeurs des marchés, ni des prouesses d’un gestionnaire, ni de l’évolution des taux d’intérêt.
Ceci combiné à la difficulté manifeste et amplement documentée des FCP à gestion active de surpasser le rendement de leurs indices de référence de manière soutenue, selon l’étude de SPIVA, font des FNB une solution de placement qui ne peut être ignorée.
C’est pour cette raison que notre équipe, Gestion Sigma Groupe Lamarre Lalonde a adopté dès 2006 une approche purement indicielle pour une fiabilité supérieure des portefeuilles de ses clients.
Et au fil des années, les frais de FNB n’ont cessé de baisser, les fournisseurs se livrant à une guerre de prix, initiée surtout par la firme Vanguard, chef de file en fonds indiciels depuis les années 1970 et aujourd’hui l’un des plus importants manufacturiers de FNB au monde. Aujourd’hui, non moins de 70 % des FNB américains coûtent 20 points de bases ou moins, attirant 93 % des nouveaux capitaux, selon un récent article de Bloomberg. La guerre des prix est rendue féroce à un point tel qu’il existe maintenant des FNB offerts sans frais de gestion!
Il y a quelques raisons fondamentales expliquant les faibles frais des FNB : l’adoption d’une gestion indicielle, la rencontre de l’acheteur et du vendeur sur la place boursière et des budgets de marketing beaucoup plus modestes que ceux des compagnies de FCP.
Calquer la performance d’un indice est moins cher pour le manufacturier que de payer un gestionnaire ou groupe de gestionnaires. Ceci est l’aspect des FNB le mieux connu de l’investisseur.
Un autre aspect ayant peut-être même encore plus de poids découle de la structure des FNB et du fait qu’ils se négocient sur la place boursière. De ce fait, les manufacturiers de FNB impartissent aux participants du marché tous les coûts de la rencontre des deux parties sur la place boursière. Ces coûts sont importants, car ils comprennent les frais d’opérations et de comptabilité, et sont habituellement assumés par les manufacturiers de fonds commun. Les manufacturiers de FNB ayant moins de coûts peuvent donc facturer moins à leurs clients.
Mauvaise, la guerre de prix?
La diminution des prix des FNB soulève une série de questions. La guerre des prix est-elle allée trop loin? Une firme peut-elle sérieusement offrir son produit gratuitement à l’investisseur et espérer rester en affaires bien longtemps? Aussi, nous devrions peut-être nous questionner sur les compromis et coupures des coûts d’opérations que doivent peut-être instaurer les firmes offrant leur produit à zéro ou très faibles frais.
Une autre question consiste à savoir dans quelle mesure ces dernières vagues de baisses des prix sont vraiment bénéfiques pour le principal intéressé, l’investisseur. Nul ne peut nier l’avantage pour l’investisseur d’épargner 50 points de base, voire même 100 points de base en frais. Mais quel est l’avantage réel lorsque les frais passent de 0,25 % à par exemple 0,15 % ou même 0,10 %? Pour l’investisseur, la victoire a été assurée lorsqu’il lui a été permis de ne plus devoir payer 1,45 %, plus une commission de suivi de 1 %.
Bien que les FNB soient moins dispendieux à opérer qu’un FCP à gestion active, il reste qu’un FNB implique des frais de licence payés aux fournisseurs d’indices tels S&P, MSCI, FTSE, ainsi que des coûts administratifs et de comptabilité. Les frais légaux liés à la production de prospectus et l’envoi des documents réglementaires exigés par les autorités sont aussi à considérer.
Le réel bénéfice devient alors encore moins clair lorsque l’on considère les stratégies de coupure de coûts auxquelles les firmes pourraient peut-être se livrer, ainsi mettant peut-être à risque le bon fonctionnement de produit, d’après l’article de Bloomberg.
Il pourrait revenir moins cher par exemple d’utiliser un indice « maison », ou encore de trouver un fournisseur d’indices à bon marché peu connu. Si le manufacturier diminue ses coûts d’opération en utilisant les services de garde d’un fiduciaire moins reconnu, cela pourrait représenter un risque pour l’investisseur.
Par ailleurs, les frais de gestion ne sont pas la seule source de revenus pour les FNB. En effet, tout comme dans le cas des FCP, les FNB se livrent à la pratique du prêt de titres pour lesquels ils sont rémunérés.
Certains acteurs, tels les fonds de couverture doivent emprunter un titre avant de pouvoir le vendre à découvert. Ils se tournent donc vers les plus importants détenteurs de titres, soit les FCP et le FNB. Ce revenu de prêts de titres est une des raisons pour laquelle les FNB sont en mesure d’offrir leurs produits à faible frais, car il compense partiellement pour la perte de revenus des RFG.
Or, plus un titre est rare, plus il commande un revenu de prêt plus élevé. Autrement dit, il est très facile de trouver un fonds qui a des actions de la Banque Royale du Canada à prêter, mais cela est plus difficile pour une entreprise plus petite et plus obscure. Un manufacturier de FNB pourrait-il être tenté d’inclure de tels titres dans ses portefeuilles avec l’objectif d’augmenter ses revenus de prêts de titres? Plus il y a une pression à la baisse sur les RFG, plus grande serait la pression de meubler les portefeuilles basés sur ce besoin d’augmenter le revenu plutôt que sur des principes d’une gestion saine.
Les frais plus modestes des FNB sont un atout indéniable pour l’investisseur autant que pour le gestionnaire. Ils offrent une alternative transparente et flexible, et représentent un incroyable outil pour la conception de portefeuilles. Ils représentent un changement révolutionnaire dans l’industrie. Mais la guerre de prix à laquelle les manufacturiers se livrent mènera-t-elle à l’abandon par certains des plus vulnérables d’entre eux des standards élevés et de la rigueur pour lesquels l’industrie des FNB a toujours été reconnue?
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