Plusieurs ombres discutant devant un mur représentant la Bourse sur laquelle on voit en grand un logo de recyclage.
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Une majorité d’investisseurs britanniques déclarent connaître les nouvelles étiquettes d’investissement responsable mis en place par la Financial Conduct Authority (FCA) du Royaume-Uni en 2023. Pourtant, un langage trop technique et un manque de clarté restent des freins majeurs, selon une enquête de l’Investment Association (IA).

D’après l’étude menée auprès d’investisseurs et de conseillers en sécurité financière britanniques, 94 % des sondés considèrent les étiquettes mises en place dans le cadre du Sustainability Disclosure Requirements (SDR) comme utiles pour prendre des décisions d’investissement éclairées. Près de la moitié des investisseurs (46 %) en ont d’ailleurs entendu parler par leurs conseillers.

Côté conseillers, 77 % se disent confiants dans leur capacité à sélectionner des fonds alignés avec les préférences durables de leurs clients grâce à ces étiquettes. Les fonds à objectifs mixtes (Sustainability Mixed Goals), qui combinent plusieurs actifs axés sur le développement durable, arrivent en tête des choix (35 %), suivi des fonds à impact (Sustainability Impact) à 29 %.

Un vocabulaire flou

Malgré cette sensibilisation, le rapport met en évidence une compréhension inégale des concepts de la finance durable, aussi bien chez les investisseurs que chez les conseillers. Beaucoup peinent à interpréter le jargon et les nuances entre les différents types de fonds.

D’ailleurs, modifier le nom d’un fonds pour se conformer aux nouvelles règles SDR — par exemple en retirant des termes liés à la durabilité pour les fonds ne remplissant pas les critères — n’aura pas d’impact significatif sur les ventes.

Seulement 6 % des investisseurs affirment qu’ils vendraient un fonds ne répondant pas aux nouveaux critères, contre un conseiller sur cinq qui envisagerait de le vendre ou de le transférer.

Pas à n’importe quel prix

L’étude montre que l’investissement durable est devenu un sujet incontournable dans la gestion de patrimoine : 48 % des conseillers en parlent systématiquement avec leurs clients, et 92 % observent un intérêt grandissant pour ces placements.

Toutefois, la rentabilité reste le facteur décisif pour les investisseurs. Plus de la moitié d’entre eux privilégient la performance financière avant toute autre considération, alors que seulement 8 % placent la durabilité en tête de leurs critères de sélection.

Si l’intérêt pour l’investissement responsable progresse, un déficit d’information persiste. De nombreux conseillers rapportent que leurs clients posent davantage de questions sur la durabilité et cherchent à aligner leurs investissements avec leurs valeurs personnelles. Pourtant, près de la moitié des conseillers avouent ne pas se sentir totalement à l’aise pour expliquer certains concepts, comme l’exclusion ou la gestion responsable.

Ils attendent plus de soutien et d’information de la part des gestionnaires de fonds sur les caractéristiques des fonds, notamment sur les fonds qui ne disposent pas d’étiquette.

Les jeunes générations en pointe

Les jeunes investisseurs sont les plus sensibilisés : 63 % des membres de la génération Z et des millénariaux ont eu connaissance des nouveaux labels, contre 34 % des X et 26 % des baby-boomers.

Cet écart se retrouve dans la compréhension des notions liées à l’investissement durable. Des termes comme «investissement responsable » ou «ESG » sont mieux assimilés par les jeunes générations. De même, les jeunes conseillers sont plus à l’aise pour expliquer des concepts complexes que leurs homologues plus âgés.

Besoin de transparence

Les canaux d’information varient aussi selon l’âge : plus de 30 % des jeunes investisseurs s’appuient sur les réseaux sociaux, tandis que 39 % des baby-boomers privilégient les services d’investissement de leur banque ou de leur société de crédit.

Pour Miranda Seath, directrice des analyses de marché à l’IA, les étiquettes (SDR) ne sont qu’un premier pas. «Les investisseurs veulent comprendre comment leur argent sera investi et quel impact concret il aura. Ils attendent des exemples concrets illustrant l’efficacité des fonds. » Elle insiste sur l’importance d’une communication claire et sans jargon, essentielle pour que renforcer la confiance des investisseurs et faciliter leur choix.