Depuis 2020, le marché des fonds négociés en Bourse (FNB) de titres à revenu fixe a considérablement augmenté en actif sous gestion et en diversité de produits. Ce dernier permet aux investisseurs d’exprimer leurs perspectives sur l’évolution des taux d’intérêt par exemple en misant sur un segment de la courbe des rendements obligataires plutôt qu’un autre.
Ainsi, si les investisseurs pensent que les taux vont augmenter, il faut s’attendre à ce que les durées longues soient remplacées par des durées courtes. Et vice-versa.
Rappelons que lorsque les taux d’intérêt augmentent, il en va de même du taux d’actualisation appliqué aux flux de trésorerie futurs. Par conséquent, la hausse des taux fait baisser le prix des obligations. Puisque les flux de trésorerie sont actualisés en fonction du nombre de périodes dans lesquelles ils se trouvent, les flux de trésorerie plus éloignés sont plus affectés par les changements du taux d’actualisation. Par conséquent, les obligations à long terme sont plus affectées par les changements de taux d’intérêt que les obligations à court terme.
Dans sa dernière édition de Market Microstructure Update, Banque Nationale Marchés financiers a analysé les tendances du marché des FNB de titres à revenu fixe inscrit à la cote au Canada en excluant les fonds de liquidités ou de comptes à intérêts élevés. Pour ce faire, ils ont examiné la duration moyenne pondérée en fonction des actifs de ces fonds de ce segment ainsi que l’effet des créations et rachats nets.
Résultat, depuis le début de l’année 2020, les actifs sous gestion des FNB de titres à revenu fixe ont considérablement augmenté. La duration globale pondérée de tous les FNB à revenu fixe détenus est passée d’un sommet de plus de 5,4 ans, enregistré en avril 2020, à un creux de moins de 5 ans, deux ans plus tard, en raison de l’évolution de l’opinion des marchés sur les mouvements futurs des taux d’intérêt, lit-on dans l’étude sur la question réalisée par une équipe d’analystes sous la direction de Patrick McEntyre, directeur général, co-responsable des ventes institutionnelles, FNB – Négociation de portefeuille – Produits dérivés sur actions – Négociation électronique à la Financière Banque Nationale.
Depuis avril 2022, la duration globale pondérée a remonté autour de 5,3 ans.
L’effet des créations nettes et rachats nets dans le secteur des FNB de titres à revenu fixe montre également que les investisseurs en FNB sont davantage enclins à accroître la duration de leur portefeuille.
Pour ce faire, Banque Nationale Marchés financiers a suivi les entrées et les sorties hebdomadaires de capitaux dans les FNB de titres à revenu fixe en ciblant la proportion qui a pour effet d’accroître la duration d’un portefeuille (apport de capitaux dans les FNB de longue duration ou rachats de parts de FNB dans des durations courtes). Résultat, depuis mars 2022, ce pourcentage a été souvent supérieur à 50 %.
« Ce qui est curieux, c’est que depuis juillet, les apports de capitaux et les rachats dans les FNB (flux) ont eu tendance à s’orienter vers des durées plus longues. Cela nous suggère que les investisseurs dans les FNB de titres à revenu fixe pensent que les taux d’intérêt vont augmenter plus lentement (ou baisser plus rapidement) que prévu », lit-on dans l’étude.
Répliquer un indice obligataire, un défi
Dans leur analyse des différents FNB afin d’en connaître leur duration, l’équipe d’analystes de Banque Nationale Marchés financiers a découvert que les durées des fonds qui suivent le même indice diffèrent légèrement.
Ceci s’explique par la difficulté que les manufacturiers de produits financiers ont de répliquer un indice obligataire en raison de la nature considérablement plus diversifiée et complexe du marché des titres à revenu fixe. Par conséquent, la réplication complète est moins pratique. « Il faut donc sélectionner intelligemment des titres qui présentent les mêmes caractéristiques globales de risque, de rendement et de corrélation que le portefeuille cible, tout en minimisant les coûts de mise en œuvre », lit-on dans leur étude.
Par exemple, deux FNB qui suivent l’indice FTSE Canada All Gov Bond Index, soit le ZGB et le XGB, affichent une duration de 7,96 ans et de 8,16 ans, respectivement. En comparant leurs dix plus importants titres en portefeuille, ils ont découvert que le produit d’iShares (XGB) a tendance à privilégier les obligations à plus longue échéance que le produit de BMO équivalent, ce qui se reflète également dans sa durée effective globale plus longue, selon Banque Nationale Marchés financiers. De plus, le XGB détient pratiquement que des obligations du gouvernement du Canada dans ses dix principaux titres alors que le ZGB détient également des obligations provinciales.
« Ainsi, les différences de durée entre les fonds à revenu fixe comparables sont probablement un artefact du besoin inhérent des gestionnaires de portefeuille à revenu fixe de faire un peu plus de travail de terrain que les gestionnaires d’actions », lit-on dans le rapport de Banque Nationale Marchés financiers.