Après le transport (Uber) et l’hébergement (Airbnb), le secteur nord-américain de l’assurance pourrait être chamboulé par cette nouvelle façon de s’assurer, rappelle un récent rapport de recherche d’Option Consommateurs.
Cet organisme a fait un tour d’horizon de certaines plateformes d’assurance P2P avec leurs avantages et inconvénients, principalement par rapport à la protection des intérêts des consommateurs. Très instructive, cette étude s’interroge sur la viabilité économique de ce modèle d’affaires.
Tout d’abord, la définition. Les plateformes P2P « n’offrent de l’assurance qu’en ligne. Elles permettent aux consommateurs de se joindre à un groupe rapidement et en tout temps. Elles utilisent les réseaux sociaux pour faire de la promotion, transmettre de l’information et recruter de nouveaux membres. »
Pour l’instant, on les retrouve principalement en assurance de dommages. Toutefois, on constate quelques percées en assurance de personnes, comme par exemple Bought By Many.
L’étude d’Option Consommateurs identifie les risques que comportent les plateformes numériques d’assurance pair à pair.
Premier risque, se trouver hors de la portée des régulateurs. Ainsi, « plusieurs plateformes d’assurance P2P prétendent qu’elles n’ont à être ni inscrites auprès du régulateur, ni réglementées (…) elles décrivent leurs services de façon très créative et évitent d’utiliser un vocabulaire qui pourrait porter le régulateur ou le public à croire qu’elles offrent de l’assurance ». Dans l’éventualité d’un conflit, les consommateurs n’auraient alors notamment pas accès au Fonds d’indemnisation des services financiers.
Le second risque encouru par les consommateurs consiste à ne pas bien comprendre le type de produit et service offert et par là, à être mal couvert.
Troisième risque et non le moindre, celui de l’insolvabilité. Dans le cas où ces platesformes ne sont pas impulsées par des assureurs, il revient « aux membres de fixer la valeur de la prime en fonction du risque assurable et ils n’ont peut-être pas cette compétence ». De même, les membres n’ont sans doute pas la capacité de déterminer de façon économiquement rationnelle qui sera accepté ou non dans le groupe et qui sera indemnisé et dans quelle proportion.
Quatrième risque, celui de la fraude, qui augmente si les réclamations sont évaluées par les membres.
Le grand problème, martèle Option Consommateurs, c’est que « les plateformes présentent l’assurance collaborative comme un produit de consommation simple, alors qu’il ne l’est pas ».
En conséquence, Option Consommateurs estime qu’il « est tout simplement trop dangereux pour les consommateurs d’utiliser des plateformes afin d’obtenir de l’assurance, tant que celles-ci ne seront pas assujetties au même encadrement » que les acteurs traditionnels du domaine.
Intitulé Tradition et innovation font-elles bon ménage? Les avantages et les risques de l’assurance pair à pair pour les consommateurs le rapport a été financé par le ministère fédéral Innovation, Sciences et Développement économique Canada.