Ça y est : le premier FNB de bitcoins au monde, adossé à des bitcoins réglés physiquement, est désormais accessible aux investisseurs.
La négociation de parts non couvertes libellées en dollars canadiens et de parts non couvertes libellées en dollars américains du FNB de bitcoins Purpose ont commencé hier à la Bourse de Toronto (TSX) sous les symboles BTCC.B et BTCC.U, respectivement.
Ce FNB investit directement dans des bitcoins réglés physiquement, et non des dérivés. Il vise entre autres à éviter le risque lié à l’autodétention dans un portefeuille numérique de cette monnaie numérique.
« Avec des frais de gestion de 1,00 % par année, Purpose estime que le FNB constitue pour les investisseurs le moyen le plus simple, le plus efficace et le plus abordable de s’exposer directement à la cryptomonnaie, avec toute la commodité associée à un placement admissible aux régimes enregistrés », lit-on dans le communiqué de Purpose.
Tel que l’exposait récemment Finance et Investissement, d’autres FNB de bitcoins devraient prochainement être inscrit à la cote au fur et à mesure qu’ils obtiendront les autorisations de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO).
Parmi ceux-ci, notons celui d’Evolve qui a reçu le 16 février une approbation finale pour leur FNB de bitcoin, en faisant ainsi le deuxième FNB du genre au monde. Il pourrait s’échanger sur la TSX dès aujourd’hui ou lundi prochain, d’après une note de TD Valeurs mobilières. Nommé Bitcoin ETF, ce FNB similaire et adossé à des bitcoins réglés physiquement est offert en deux séries, l’une en dollars canadiens non couverte pour le risque de change et l’autre en dollars américains non couverte (EBIT et EBIT.U). Ces deux fonds sont assortis de frais de gestion de 1,00 %.
Un autre FNB adossé à des bitcoins réglés physiquement, celui de 3iQ Bitcoin ETF (TBD), assorti de frais de gestion de 1,75 %, est également sur les rangs, d’après la note de TD Valeurs mobilières. 3iQ a déposé une demande d’inscription à la cote la semaine dernière.
Selon TD Valeurs mobilières, la CVMO a d’abord choisi d’approuver des FNB adossés à des bitcoins réglés physiquement, plutôt que des FNB qui offre une exposition au bitcoin par l’intermédiaire de contrats à terme.
« Sur le plan de la négociation, on ne sait pas encore très bien en quoi les FNB de contrats à termes et les FNB garantis par des actifs physiques seront différents. Les contrats à termes sur le bitcoin sont activement négociés tout au long de la journée sur des bourses réglementées et facilement accessibles au fonds », lit-on dans la note de TD Valeurs mobilières.
« 3iQ a l’expérience des fonds de bitcoins étant donné qu’ils ont deux fonds à capital fixe disponibles à la vente au Canada. Étant donné que la demande concerne un FNB à détention physique, il s’agira probablement d’un simple processus d’approbation, mais comme ils sont les derniers à avoir déposé une demande, il est peu probable qu’ils soient les prochains à être approuvés », lit-on dans la note de TD Valeurs mobilières.
Les firmes Arxnovum, Horizons ETFs et Accelerate ETFs sont toutes trois en concurrence pour inscrire à la cote un FNB, d’après ce document.
Arxnovum est le seul émetteur de fonds à laisser la porte ouverte à la fois aux contrats à terme et/ou aux cryptomonnaies réglées physiquement, ce qui peut être une bénédiction ou un frein, selon eux. Cette firme prévoit lancer un FNB basé sur les bitcoins (BIT.U) et un FNB basé sur l’Ether (ETH.U), tous deux assortis de frais de gestion de 1,75 %.
Le fonds Accelerate Bitcoin ETF (ABTC/.U) sera lui aussi basé sur des contrats à terme et assorti de frais de gestion de 0,70 %. Les deux FNB de Horizons, le BetaPro Bitcoin ETF (HBIT) et le BetaPro Inverse Bitcoin ETF (HIBT).
Nombreux risques
Bien entendu, les FNB de cryptomonnaies sont sujets à une foule de risques, dont celui du vol d’un portefeuille de monnaie virtuelle, ou la manipulation boursière.
TD Valeurs mobilières cible également certains risques liés à la détermination quotidienne du prix d’un FNB de bitcoin. En voici quelques-uns.
« Tout d’abord, il est important de comprendre qu’à partir d’aujourd’hui, les prochains FNB de bitcoins seront couverts de manière intrajournalière par des contrats à terme de bitcoin, que le FNB soit adossé à des bitcoins réglés physiquement, ou basé sur des contrats à terme », souligne cette firme de courtage. Cette situation crée des risques qui sont inhérents au marché des contrats à terme, un marché qui évolue selon ses dynamiques propres.
Risque lié aux contrats à terme réglés en espèces : Comme pour de nombreux autres produits négociés en Bourse qui comportent des contrats à terme réglés en espèces, il existe un risque que les contrats à terme se déconnectent considérablement de la valeur de sa matière première physique, souligne TD Valeurs mobilières.
« Nous l’avons vu avec les contrats à terme de pétrole brut qui se sont négociés en territoire négatif pendant une courte période l’année dernière. Ce risque serait plus important pour les FNB basés sur des contrats à terme, mais pourrait également avoir un impact sur les transactions intrajournalières des FNB adossé à des bitcoins réglés physiquement », écrivent les analystes de la TD Valeurs mobilières.
Cette déconnexion entre le prix du contrat à terme et la valeur du bitcoin pourrait avoir un effet sur l’expérience de rendement d’un investisseur.
Risque de base (basis risk) : La base d’un contrat à terme est la différence entre le prix d’un contrat à terme et le prix au comptant (spot) à une date donnée. La base varie en fonction de divers facteurs et aurait une incidence soit sur les avoirs d’un FNB basé sur des contrats à terme, soit sur le risque de base d’un mainteneur de marché qui doit livrer des liquidités au FNB adossé à des actifs physiques à la fin de la journée, explique TD Valeurs mobilières.
« Si la base des contrats à terme de bitcoin devient volatile, il devient plus difficile pour le mainteneur de marché de livrer le niveau de liquidités approprié au fonds à la fin de la journée, ce qui pourrait avoir un impact sur l’écart cours acheteur-cours vendeur du FNB », apprend-on dans la note.
Par ailleurs, ces FNB suivent tous un indice différent et qu’il appartient aux mainteneurs de marché de livrer la valeur de cet indice unique en utilisant un produit distinct, dans ce cas des contrats à terme. Bien que la base n’ait pas d’impact sur la tenue de marché des FNB basés sur des contrats à terme, elle aurait un impact sur les avoirs du FNB par rapport au prix au comptant du bitcoin, explique la TD.
Risque de roulement (roll risk) : les contrats à terme sont des produits dérivés qui ont une échéance, à l’instar des obligations. Lorsqu’un négociateur détient un contrat à terme qui doit arriver à échéance dans le mois, il peut se départir de son contrat et faire un roulement en se procurant un contrat d’échéance plus longue afin de maintenir son exposition cible.
« L’un des inconvénients des FNB basés sur des contrats à terme est le risque de devoir faire le roulement des contrats à terme front month à la prochaine échéance pour maintenir son exposition cible aux bitcoins. Comme pour d’autres produits basés sur des contrats à terme, cela crée un effet d’entraînement naturel sur le FNB, qui peut entraîner une sous-performance importante. Cette traînée négative ou positive dépend de la forme de la courbe des contrats à terme de bitcoins et peut varier dans le temps », lit-on dans la note de la TD.
Les FNB basés sur des bitcoins « physiques » sont exposés au risque de roulement pour une journée ou quelques journées, alors que les FNB basés sur des contrats à terme y sont exposés de manière permanente.