Un rendement du capital élevé est l’un des plus importants attributs associés à des rendements de placements solides, dit Jeff Hyrich, gestionnaire principal du Fonds Destinée mondiale Trimark (2,2 milliards de dollars (G$) d’actifs sous gestion). Mais cette évaluation ne devrait pas être considérée en vase clos, ajoute-t-il.
« Nous voulons posséder des sociétés qui ont un rendement du capital élevé. Mais ce n’est là qu’une seule mesure, parce que nous examinons aussi le positionnement concurrentiel, la qualité de la gestion, les occasions de croissance et la disponibilité du fonds à réinvestir dans l’entreprise », dit M. Hyrich, vice-président à Placements Trimark, division de la société torontoise Invesco Canada. « Nous voulons aussi les acheter à des évaluations raisonnables. Il y a toute une série de choses que nous cherchons, mais le rendement du capital est au premier plan. »
D’ordinaire, M. Hyrich cherche des sociétés dont le rendement du capital dépasse 20 %. « Lorsqu’une société réinvestit dans l’entreprise à ce taux de rendement, cela favorise une meilleure croissance. »
Il cite en exemple son avoir de longue date dans Ross Stores, un grand détaillant américain de vêtements soldés. Cette société a ouvert six magasins en Californie au début des années 80; sa chaîne comprend aujourd’hui 1 561 magasins et couvre tout le territoire américain.
Le rendement de ses capitaux propres s’élève à plus de 40 %, et elle a un rendement du capital d’environ 60 %, dit M. Hyrich, qui travaille aux côtés d’Erin Greenfield. « Elle peut sans cesse investir de nouveaux capitaux dans l’entreprise et constamment générer un rendement de plus de 40 %. À ce taux, elle devrait doubler le nombre de ses implantations pour atteindre 3 000 magasins dans les 10 à 12 années qui viennent. »
M. Hyrich s’est joint à l’équipe Trimark en 1999, devenant trois ans plus tard le gestionnaire du Fonds Destinée mondiale Trimark. Il est devenu en 2007 le gestionnaire principal de ce fonds, qui s’est vu décerner une cote Argent des analystes Morningstar. Il a tendance à se concentrer sur les sociétés qui ont au moins un historique de cinq ans, bien que la plupart d’entre elles soient bien plus anciennes. Pour identifier les sociétés attrayantes, il utilise comme moyens de filtrage des mesures comme la croissance des bénéfices, les marges bénéficiaires, la circulation des flux de trésorerie disponibles, le rendement du capital et la solidité du bilan comptable.
Bien que Ross Stores soit le proverbial joyau de la couronne très haut placé dans les estimations de M. Hyrich, il ne sera pas hostile à des sociétés qui ne remplissent peut-être pas toutes ses conditions mais qui ont un ratio cours/bénéfices élevé.
Un exemple est Hyundai Mobis, un fournisseur de pièces de rechange pour les véhicules Kia et Hyundai filiale du groupe Hyundai Motor de Corée du Sud. M. Hyrich considère l’action comme une rente en croissance parce que la maison mère n’a cessé de gagner des parts de marché dans le monde.
« Le rendement du capital a probablement été 15 %, bien moins bon que Ross Stores et ses 40 %. En ce qui concerne l’évaluation, Hyundai Mobis se négocie à environ huit fois ses bénéfices prévisionnels contre 18 fois pour Ross », dit M. Hyrich.
Il note que Hyundai Mobis a étendu ses activités à la fabrication de pièces automobiles, et possède également une participation de 21 % à sa maison mère. « Voilà un excellent exemple de rendement des capitaux propres qui remplit les conditions, mais pas toutes, à cause de son rendement des capitaux propres plus faible. Mais l’évaluation se reflète amplement dans son ratio cours/bénéfices de huit. »
Le rendement des capitaux propres moyen dans le portefeuille de M. Hyrich est de 20,7 %, soit beaucoup plus que les 13,1 % de l’Indice MSCI Monde à moyenne capitalisation tous les pays. Pour ce qui est de la dette par rapport au capital à long terme, le ratio du fonds est de 24,9 %, qui révèle une plus grande solidité du bilan par rapport aux 35,5 % de l’indice. « Même si mes compagnies génèrent un rendement des capitaux propres plus élevé de 60 %, elles le font avec un endettement de 30 % inférieur, dit M. Hyrich. Ce que je me plais à dire, c’est qu’il est difficile d’être en faillite quand on n’a pas de dettes. »
Alors que certaines sociétés restituent le capital aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats, M. Hyrich a tendance à préférer les sociétés qui réinvestissent leurs bénéfices. « Si on a la capacité de réinvestir dans sa propre entreprise à un taux très avantageux, c’est excellent, dit M. Hyrich. Beaucoup d’entreprises sont matures ou ne sont pas vraiment capables de réinvestir dans leur entreprise. Ils ont des occasions de croissance très limitées. »
M. Hyrich n’est pas amateur de sociétés qui utilisent leur capital pour faire des acquisitions, puisqu’elles peuvent s’avérer n’ajouter que peu ou pas de valeur et finir par radier cette opération de leur bilan. Mais cette conviction s’atténue si la société en question est suffisamment grande et diversifiée pour pouvoir faire une incursion dans un autre domaine de spécialité. Un exemple est Microsoft, qui a fait l’acquisition de l’entreprise de combinés de Nokia et qui en l’espace de deux ans a radié cet investissement.
« Quatre-vingt-dix pour cent du temps j’adore ce qu’ils font à Microsoft, dit M. Hyrich. Heureusement, Microsoft de nos jours est à un niveau plus élevé qu’elle l’était après l’entente avec Nokia. Il faut regarder le portrait global.
Un des nouveaux noms du Fonds Destinée mondiale Trimark (4 étoiles Morningstar) est Polaris Industries, dont l’action a beaucoup chuté lorsque la demande de véhicules tous terrains (VTT) a périclité en raison de la faiblesse de certains marchés de consommateurs où les forages pétroliers étaient en déclin. « J’ai pensé : « les ventes de VTT sur ces marchés ne représentent que 8 % des revenus, mais l’action a connu une baisse de 60 % », et pourtant, voilà une entreprise où le rendement du capital est de 50 % », dit M. Hyrich, notant que la société dispose d’une part de marché dominante dans la fabrication des VTT.