Même si les marchés boursiers sont à des niveaux élevés, le légendaire investisseur américain axé sur la croissance Will Danoff, qui gère le fonds Fidelity Contrafund (106 milliards de dollars américains (G$) d’actifs sous gestion), affirme que les actions présentent beaucoup d’occasions dont il peut se servir pour remplir la Catégorie Fidelity Vision stratégique qui vient d’être lancée au Canada.
« Il y a un énorme vivier d’actions dans le monde et beaucoup d’occasions se présentent, spécialement pour un fonds qui est en train d’être lancé », dit M. Danoff, vice-président principal auprès de la société bostonienne Fidelity Investments. Il supervise environ 146 G$ d’actifs, y compris Contrafund, le plus gros fonds mondial activement géré par un seul individu.
En octobre dernier, le Wall Street Journal a salué M. Danoff comme « L’homme de 108 G$ qui a battu le marché ». Depuis qu’il a pris la direction de ce portefeuille en septembre 1990, Contrafund a eu un rendement annualisé de 12,7 % jusqu’au mois de décembre 2016, battant l’indice de référence S&P 500 de 2,7 points de pourcentage pas an.
« Je gère Contrafund depuis 26 ans et travaille pour Fidelity depuis plus de 30 ans. Dans cette situation, on finit par accumuler les idées et les perspectives concernant ces sociétés et industries », dit M. Danoff, détenteur d’un MBA de la Wharton School of Business qui est entré à Fidelity comme analyste en 1986. « C’est vraiment très libérateur de commencer avec une feuille vierge, de parler à ces analystes à Fidelity et de leur demander leurs meilleures idées, indépendamment de la capitalisation boursière. »
En guise d’illustration, M. Danoff note qu’une position de 1 % dans Contrafund est évaluée à environ 1 G$. Une participation de 1 % à la Catégorie Fidelity Vision stratégique, à supposer que ce produit détienne 200 millions $ d’actifs, serait de seulement 2 M$. « Je peux me décider rapidement et miser beaucoup plus d’argent avec les sociétés à petite et moyenne capitalisations », dit-il.
La Catégorie Fidelity Vision stratégique, principalement un fonds d’actions américaines avec quelques avoirs internationaux, détiendra une centaine de noms. Le fonds sera plus concentré que Contrafund, qui compte environ 350 actions. « Là où ces deux fonds se ressemblent, c’est que je cherche des sociétés capables de doubler ou tripler pendant les cinq prochaines années et qui sont soit des chefs de file de leurs industries, soit les toutes meilleures du secteur, dit M. Danoff. Et elles font quelque chose de spécial qui leur permet d’augmenter leurs parts de marché et de croître aussi de façon profitable. »
En ce qui concerne la technologie, les plus grosses sociétés ont bel et bien un avantage d’échelle, dit M. Danoff. Des géants technologiques comme Alphabet et Facebook dominent les 10 premiers avoirs du Fonds Fidelity Contrafund. Ce qui est significatif, c’est que M. Danoff est de ceux qui ont adopté des noms technologiques très tôt. Il était déjà là au tout début de Facebook, par exemple, quand son action a été lancée à 38 $US lors de son premier appel public à l’épargne en 2012.
« J’aime bien voir les sociétés qui présentent des produits différenciés et une forte proposition de valeur avec un bon élan actuel, dit M. Danoff. Dans l’idéal, elles génèrent une croissance des revenus de plus de 20 % et leurs marges bénéficiaires sont en amélioration. J’aime bien les équipes de gestion motivées qui travaillent dur pour les actionnaires. Et j’aime bien les modèles d’entreprise forts, ce qui indique souvent des marges relativement élevées et une intensité de capitaux relativement faible. »
M. Danoff essaie d’éviter les firmes à croissance lente qui requièrent beaucoup de capitaux, et n’aime pas lorsque les sociétés commencent à rater leurs estimations trimestrielles. « Parfois, j’ai du mal avec des sociétés dont les bénéfices sont provisoirement en baisse. »
Un des avantages dont jouit M. Danoff est le suivi rigoureux des actions auquel se livre Fidelity. « J’ai une liste de 200 actions dont je veux faire l’étude. Alors j’entends peut-être une histoire et je me dis qu’il faut à tout prix que j’achète les actions en question, et puis un trimestre passe, d’autres nouvelles arrivent et ça a l’air d’aller encore mieux, alors j’en achète encore », dit M. Danoff, qui a tendance à prendre de petites positions à l’origine, quitte à les étoffer lorsque que son niveau de confiance augmente.
M. Danoff détient les principales positions du Contrafund depuis longtemps, et il a établi des relations avec leurs dirigeants. « J’ai confiance en eux et saisis bien la dynamique du marché. Je cherche des sociétés qui ont le vent en poupe. »
Un exemple de ce type dans Contrafund est Metro Bank, fondée en 2010 par l’entrepreneur Vernon Hill — la première nouvelle banque pour services aux particuliers lancée au Royaume-Uni en 150 ans. M. Hill était précédemment le chef de l’institution financière de Philadelphie Commerce Bank, qu’il a vendu à la Banque Toronto-Dominion. « Il a un modèle d’entreprise très axé sur le consommateur, avec des succursales ouvertes 7 jours par semaine. Lorsque Vernon a pris sa retraite, je lui ai dit : « Nous sommes sur la même longueur d’onde. Faites-moi savoir si vous vous lancez dans quelque chose d’autre. » »
M. Danoff écarte l’idée selon laquelle le niveau quasi-record du marché américain veut dire qu’il est surévalué ou même périlleux. « Je le considère comme « un marché des actions », et pas comme « le marché boursier », dit-il. Quand je pense à certains noms que je possède, je crois que les perspectives sont au beau fixe. Ces sociétés auront l’occasion de beaucoup grandir au fil des deux ou trois prochaines années. »
Selon M. Danoff, on gagne de l’argent sur le marché quand le cours des actions suit les bénéfices par action. « Si vous trouvez des sociétés qui arrivent à augmenter leurs bénéfices, certes il y a de temps en temps un événement macroéconomique qui fiche le marché à plat, mais les sociétés en croissance se ressaisissent très vite. »