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« Ce n’était pas un problème central dans le secteur de l’assurance, il y a sept ans, souligne Robin Edger, le directeur national aux Changements climatiques, au Bureau d’assurance du Canada (BAC). Mais maintenant, c’est une préoccupation qui croît à la vitesse de la lumière. »

Au cours des trois dernières années, 23 grandes compagnies d’assurance ont adopté des politiques mettant fin ou limitant la protection pour les entreprises œuvrant dans le secteur du charbon. Neuf compagnies ont fait de même pour celles actives dans les sables bitumineux canadiens.

D’autres compagnies cèdent leurs actifs dans les combustibles fossiles ou en investissent dans l’énergie verte. En juillet, huit des plus grandes compagnies d’assurance au monde, dont Swiss Re, Zurich Insurance Group et Aviva, se sont engagées à faire passer leurs portefeuilles à zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Si le milieu des affaires se préoccupe de plus en plus des changements climatiques, aucun n’est sans doute pas aussi menacé par le réchauffement planétaire que les compagnies d’assurance.

Selon le BAC, le coût annuel moyen des réclamations pour dommages matériels ou pertes dus à des conditions météorologiques extrêmes a plus que quadruplé au cours de la dernière décennie pour atteindre 2,4 milliards de dollars (G$) en 2020.

Ce chiffre devrait continuer d’augmenter. Un rapport alarmant des Nations Unies publié au début du mois indique que le réchauffement atteindrait 1,5 degré Celsius dans les années 2030, ce qui entraînerait davantage d’inondations, d’incendies et de vagues de chaleur.

À la recherche de plus de paiements dans un contexte de risque toujours croissant, le secteur mondial de l’assurance fait pression depuis des années pour que les gouvernements prennent davantage de mesures contre le changement climatique. Toutefois, les assureurs n’ont commencé que récemment à jeter un regard critique sur leurs propres investissements dans les entreprises de combustibles fossiles.

En Europe, où la divulgation des investissements dans les combustibles fossiles est obligatoire pour les entreprises publiques, les assureurs évoluent plus rapidement que leurs homologues nord-américains, dit Victor Adesanya, auteur principal d’un récent rapport de l’agence DBRS Morningstar sur le sujet.

Mais même aux États-Unis et au Canada, le phénomène prend de l’ampleur, ajoute-t-il. Ainsi, la Financière Manuvie, par exemple, s’est engagée à évaluer son propre portefeuille de 39,8 G$ dans le but d’atteindre la valeur nette zéro d’ici 2050.

« Je ne vois pas les assureurs nord-américains fermer les robinets et cesser d’investir tout de suite, avance Victor Adesanya. Mais il y a une tendance qui a commencé et qui s’intensifiera. »

Les groupes environnementaux font également de plus en plus pression sur le secteur des assurances, exigeant que ces entreprises cessent de souscrire des contrats aux mines de charbon, aux centrales électriques au charbon et à d’autres projets visant à exploiter les énergies fossiles. Ils sont parvenus à se faire entendre lorsqu’une poignée d’importants assureurs ont annoncé de plus s’engager avec le projet TransMountain.

« Selon moi, cela illustre un réel changement dans le secteur, dit Mary Lovell, du groupe environnemental américain Rainforest Action Network. Ces assureurs comprennent le risque de ternir leur réputation en s’impliquant dans un projet aussi litigieux que TransMountain et le danger important que représente la construction d’un nouvel oléoduc pendant une crise climatique. »

Robin Edger mentionne que les assureurs suivront de près le prochain sommet des Nations Unies sur le climat qui se déroulera en novembre à Glasgow, en Écosse. La question de la finance durable devrait être un sujet majeur.