Les cryptoactifs représentent un risque croissant pour la stabilité financière et susciteront une attention accrue de la part des régulateurs, selon un nouveau rapport des Services économiques TD.
Bien que le marché des cryptoactifs reste petit par rapport au marché mondial des actions, le secteur a connu une croissance rapide au cours des deux dernières années et a démontré une corrélation plus étroite avec les marchés boursiers, passant d’essentiellement zéro au cours de la période 2017-2019 à 0,4 en 2020-2021, selon le rapport.
Parallèlement à cette corrélation accrue, les liens avec le système financier traditionnel se sont également développés, ajoute ce dernier.
« Les efforts déployés par les émetteurs de cryptoactifs pour renforcer la classe d’actifs augmentent nécessairement les liens avec le système financier traditionnel, soit en attirant davantage d’investisseurs de détail, souvent avec une exposition à effet de levier, soit en émettant des cryptoactifs adossés à des actifs du système financier traditionnel », souligne la TD.
Alex Tapscott, directeur général du groupe des actifs numériques chez Ninepoint Partners, qui gère le fonds négocié en Bourse (FNB) de bitcoins Ninepoint, a également noté la corrélation croissante cette année entre cette monnaie numérique et les valeurs technologiques.
« Cela me dit deux choses : premièrement, c’est une classe d’actifs qui est plus largement détenue. Elle est détenue par de nombreuses institutions, elle est citée dans les médias grand public. Elle commence donc à se négocier comme un actif financier plus conventionnel », commentait-il dans une entrevue le mois dernier.
« Mais c’est aussi un peu décevant, car l’un des grands attributs du bitcoin, historiquement, était qu’il était non corrélé, ce qui pouvait améliorer les mesures des rendements ajustés au risque lorsqu’il était ajouté à un portefeuille. »
Alex Tapscott pense que le bitcoin retrouvera ce rôle d’actif non corrélé à moyen et long terme.
En outre, les cryptoactifs peuvent affecter le sentiment des investisseurs et entraîner des effets d’entraînement, ajoute le rapport de la TD.
« Les investisseurs peuvent se détourner d’autres actifs lors d’une ruée qui nuit à leur valeur nette. Les effets d’entraînement à partir de ce point deviennent possibles, en particulier lorsque les stablecoins ont été utilisés pour des opérations à effet de levier. La perte de valeur nette peut obliger les investisseurs à vendre d’autres actifs pour répondre à leurs besoins de trésorerie. »
Par conséquent, les auteurs du rapport estiment qu’il y a un risque réel que les turbulences dans une cryptomonnaie majeure « conduisent à une volatilité plus large du marché et à des dommages économiques. »
Ces risques systémiques croissants devraient continuer à attirer une attention accrue de la part des décideurs politiques et des investisseurs, conclut le document.
Même si le secteur des cryptomonnaies a subi des pertes spectaculaires le mois dernier, les investisseurs canadiens en FNB ont continué à investir dans ce secteur.
Les FNB de cryptoactifs ont fait leur retour en mai avec 565 millions de dollars de flux – également le plus grand afflux mensuel jusqu’à présent cette année pour la catégorie, selon un rapport de la Financière Banque Nationale.
Depuis la création de la catégorie crypto l’année dernière, « près de 7 milliards de dollars ont afflué dans cette classe d’actifs, indique l’institution. Néanmoins, l’actif total sous gestion des FNB canadiens de cryptoactifs n’est que de 4,3 milliards de dollars en raison de la baisse des prix du bitcoin et de l’ethereum, ce qui témoigne de la volatilité et du risque de cette nouvelle catégorie d’actifs. »