Un tas de bitcoins.
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Un récent recul du prix du Bitcoin après une montée vertigineuse à plus de 70 000 dollars américains ($ US) n’a pas calmé les ardeurs spéculatives autour de la cryptomonnaie, une spéculation désormais propulsée par les FNB Bitcoin.

En janvier 2023, il y a seulement un an et demi, le prix du Bitcoin a chuté en catastrophe en moins de deux mois à 16 291 $ US après son sommet historique de novembre 2022 à 65 466 $ US. Guère décontenancés, investisseurs et spéculateurs n’ont prix que quatre mois avant de le faire doubler à presque 30 315 $ US, avant qu’il ne redescende temporairement autour de 26 000 $ US.

Puis, en novembre dernier, le « token » virtuel a entrepris une escalade verticale jusqu’à un sommet de 71 333$ à la fin de mars 2024. À présent, les analystes n’attendent que le moment où le récent recul incitera les investisseurs à faire surgir la cryptomonnaie au-dessus de la barre des 70 000 $ US.

Les FNB élargissent le champ des monnaies numériques

Les lancements des premiers FNB Bitcoin en février 2021 au Canada (Purpose Bitcoin ETF, BTCC) et en octobre 2021 aux États-Unis (ProShares Bitcoin Strategy Fund, BITO) sont en train de transformer le secteur estime la société londonienne Nickel Digital Asset Management (NDAM). Un sondage de la firme auprès de gestionnaires de fonds partout dans le monde qui gèrent un total de 1,7 billion d’actifs montre que 77% d’entre eux s’attendent à ce que l’afflux de fonds dans ces FNB s’accroisse au cours des 12 prochains mois, 13% d’entre eux prévoyant une hausse « dramatique ».

Ils perçoivent de nombreux avantages à ces FNB, notamment des frais réduits et une liquidité accrue tout en évitant aux investisseurs institutionnels la complexité et les risques de la détention fiduciaire. De plus, tous jugent que l’adoption étendue des FNB Bitcoin accroît les pressions sur les organismes de règlementation pour l’établissement de cadres et de définitions standardisées.

Évidemment, tout en rendant le marché des cryptomonnaies immédiatement accessible aux investisseurs de détail, les investisseurs institutionnels y trouveront leur compte en ayant recours à ces titres pour prendre diverses positions tactiques. Cependant, constate NDAM, chez les grands investisseurs institutionnels, la voie privilégiée pour accéder aux cryptoactifs demeure celle des fonds de couverture d’arbitrage.

Un produit bicéphale

En attendant, Bitcoin poursuit sa course en forme de montagnes russes. The Currency Analytics propose un coup d’œil qui peut aider à comprendre ce parcours… schizophrénique. Car, Bitcoin est perçu à la fois comme un actif de croissance à risque (risk-on asset) et un actif défensif (risk-off) traditionnel voisin de l’or. Ces deux catégories d’actifs ont traditionnellement été mutuellement exclusives, fait ressortir l’auteur.

Bitcoin introduit toutefois un paradigme qui remet en question cette distinction. « Sa technologie révolutionnaire et sa nouveauté encouragent le risque, écrit l’auteur, tandis qu’en tant qu’actif monétaire, sa rareté absolue et son rôle de ‘titre au porteur’ constituent un frein au risque, brouillant ainsi la distinction traditionnelle. Le bitcoin présente un paradoxe intéressant : grâce à ses fondements technologiques révolutionnaires, il peut agir comme une couverture efficace contre l’incertitude économique, ce qui peut entraîner une croissance exponentielle. »

Cependant, dans une autre étude, on signale un développement dont les conséquences restent à repérer. En effet, la quantité d’unités Bitcoin oscille autour de 19,7 millions, à seulement 6,5% de son plafond ultime et absolu de 21 millions. Récemment, la croissance dans l’approvisionnement a été coupée de moitié, passant d’un rythme annuel de 1,8% à 0,9%. Reste à voir si cet état de fait suscitera une plus grande frénésie spéculative ou invitera à plus de circonspection.