En 2018, les ventes nettes de fonds négociés en Bourse (FNB) ont dépassé celles de fonds communs de placement (FCP) pour la première fois depuis 2009. Et ce scénario de ventes supérieures de FNB devrait se reproduire chaque année.
C’est ce qu’a prédit Matt Hougan, président du conseil d’administration d’Inside ETF, lors de la conférence du même nom, en juin dernier à Montréal.
Selon lui, dans la plupart des marchés où les ventes de FNB ont commencé à déclasser celles de FCP pour une année civile donnée, cette tendance va se poursuivre. Ainsi, les ventes annuelles de FNB vont continuer de dépasser les ventes annuelles de FCP dans le futur.
En 2018, les FNB ont affiché des ventes nettes de 20,5 G$ par rapport à des ventes de FCP de 0,1 G$, selon les données de l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC). C’était la deuxième année où ce phénomène se produisait, la première étant en 2009 alors que les FNB enregistraient des ventes nettes de 7,6 G$ et les FCP, de 2,4 G$.
De janvier à mai 2019, les ventes nettes cumulatives de FNB connaissent la même tendance. Durant cette période, ces dernières se sont élevées à 10,8 G$ selon l’Association canadienne des FNB (ACFNB), par rapport à 5,3 G$ pour les ventes nettes de FCP, d’après l’IFIC.
De janvier à mai, les ventes nettes de FCP de titres à revenu fixes se sont élevées à 7,9 G$, par rapport aux ventes nettes de FNB de revenu fixe, qui se sont chiffrées 5,2 G$. Toutefois, les FCP d’actions et les FCP équilibrés ont affiché des rachats nets de 4,4 G$ et 1,5 G$, respectivement, durant cette période. Pour ce qui est des FNB d’actions et des FNB regroupant plusieurs types d’actifs, ces catégories ont connu des ventes nettes de 4,67 G$ et de 0,9 G$, respectivement.
Point d’inflexion ou soubresaut?
Il est difficile de connaître l’avenir et de déterminer si la prédiction de Matt Hougan se vérifiera. Certains facteurs pourraient favoriser ou nuire aux ventes de FNB. En voici quelques-uns.
D’abord, les réseaux des succursales bancaires et des caisses populaires sont parmi les meilleurs réseaux de distribution pour les FCP. Généralement, peu de conseillers en succursale offrent des FNB, entre autres parce qu’ils n’ont pas accès à la technologie appropriée pour le faire. Le même défi technologique se présente aussi pour les courtiers en épargne collective non affiliés à un réseau bancaire ou une caisse.
Ces deux réseaux dépendent largement des fonds communs afin de concevoir leur offre aux clients. Les courtiers en épargne collective non affiliés à des institutions de dépôt ont environ 90 % de leur actif sous administration en fonds commun, selon le rapport Canadian Investment Funds Industry: Recent Developments and Outlook, publié par Strategic Insight.
Les changements réglementaires prévus, lesquels mettent l’accent sur les frais des fonds, risquent d’avoir un effet sur l’utilisation de FCP par ce réseau. Il est aussi possible que les ventes de FCP dont l’actif sous-jacent sont des FNB augmentent, afin de réduire les frais des fonds offerts.
Ensuite, parmi les réseaux de courtiers de plein exercice, les FCP ne sont pas morts, au contraire. À la fin de 2012, les fonds communs et les FNB représentaient 26 % des actifs de ce canal de distribution, soit 23 % pour les premiers et 3 % pour les seconds, selon Strategic Insight. En décembre 2017, la part de marché combinée de ces types de fonds d’investissement était de 32 %, soit 26 % pour les FCP et 6 % pour les FNB.
D’un autre côté, l’adoption croissante de comptes à honoraire parmi les courtiers de plein exercice a favorisé les ventes nettes de FNB. Cette tendance devrait se poursuivre.
Par ailleurs, l’adoption d’outils de placement à moindre coût par l’intermédiaire de réseaux de distribution directs au client pourrait favoriser les ventes nettes de FNB. En effet, les robot-conseillers incluent principalement des FNB dans leurs portefeuilles modèles et l’intérêt demeure grand pour les FNB dans les comptes de courtage direct en ligne. La part de marché de l’ensemble de l’actif financier de ces deux réseaux combinés devrait croitre, passant de 9,5 % en 2007 à 14,5% en 2026, selon Strategic Insight.
Enfin, en 2018, la volatilité des marchés boursiers a sapé le moral des détenteurs de FCP, ce qui a initié une vague de rachats nets de FCP dans la seconde moitié de l’année. Cette sensibilité des ventes de FCP aux mouvements de marchés ne semble pas aussi prononcée parmi les ventes de FNB. Il reste qu’un mouvement de marché favorable pourrait peut-être avoir l’effet contraire, favorisant les ventes de FCP.