« Il y a deux grands facteurs qui pèsent sur l’Europe. L’un d’entre eux est le risque politique perçu », dit Mme Arnold, cogestionnaire du Fonds mondial équilibré Templeton dont l’actif est de 410 millions $. « Nous avons traversé plusieurs crises en Grèce. L’Espagne a subi une crise du logement et l’Italie une crise bancaire. Et nous avons reçu des nouvelles tragiques de Paris. L’Europe est l’œil de la tempête politique. Cette dernière a pesé sur les marchés et les économies. »
Le deuxième facteur expliquant pourquoi l’Europe est relativement bon marché est qu’elle a encore beaucoup de chemin à faire pour rattraper les États-Unis. Bien que l’Europe se soit sortie de la crise financière de 2008-2009, elle est retombée dans une récession en 2013-2014 alors que les États-Unis ont continué à se renforcer.
« L’Europe commence juste à se reprendre alors que la reprise aux États-Unis est déjà bien entamée », dit Mme Arnold, originaire de Toronto et titulaire d’un MBA de l’Université York. Elle s’est jointe à Templeton il y a 11 ans et compte 31 ans d’ancienneté dans l’industrie. « On pourrait dire que 2015 a pratiquement marqué le début de la reprise européenne », dit-elle.
Du point de vue des sociétés, de nombreuses compagnies européennes affichent des bénéfices qui sont inférieurs aux niveaux optimaux. « Il existe un fort potentiel de reprise économique, et de reprise des bénéfices, dit Mme Arnold. Quand la reprise se confirmera, le rabais des actions européennes pourra certainement se resserrer. » Du fait des évaluations attrayantes, 65 % de la pondération boursière de près de la moitié du fonds équilibré sont investis dans les titres européens. Cette affectation représente près du double de la pondération européenne de l’Indice MSCI Monde à rendement total (tous pays).
Ce rabais varie d’un secteur à l’autre. Par exemple, alors que les banques américaines se négocient à 1,2 fois leur valeur comptable, les banques européennes sont à 0,9 fois, soit un rabais de 25 %. « Et il est possible de trouver des banques européennes encore meilleur marché que ça », dit Mme Arnold.
« Il y a un rabais à cause du risque représenté lié à la situation politique, mais aussi en raison de la position des banques au sein du cycle », ajoute Mme Arnold, qui s’occupe des actions dans le portefeuille. « Nous pensons que ce rabais peut se resserrer ». (Michael Hasenstab, vice-président exécutif et chef des investissements chez Templeton Global Macro, une division de Franklin Advisers Inc. établie à San Mateo, en Californie, gère le volet des titres à revenu fixe en portefeuille.)
Parallèlement, les valeurs industrielles européennes se négocient jusqu’à 40 % de moins que leurs homologues américaines. Ce rabais est en partie attribuable à une participation plus grande des sociétés américaines aux autres régions mondiales. « Étant donné que la Chine s’est affaiblie et que les marchés émergents ont subi d’importantes pressions, dit Mme Arnold, la participation mondiale est en train d’entraver les bénéfices européens plutôt que d’alimenter la croissance. »
Pratiquant une sélection d’actions ascendante, Mme Arnold se concentre sur les titres où le risque se reflète dans les évaluations, mais où le potentiel de hausse n’est pas intégré aux prix. « Il se trouve que les sociétés qui affichent ces caractéristiques sont souvent regroupées dans certains secteurs ou régions où les évaluations sont attrayantes. Une fois que nous trouvons ces actions, nous nous demandons : « Quelles sont les caractéristiques communes et distinctives de ces avoirs? », dit Mme Arnold, qui fait remarquer que des facteurs communs comme la sensibilité aux cours des marchandises permet d’identifier les actions attrayantes.
L’un de ces avoirs est Technip SA, un fournisseur français de services pour l’industrie mondiale du pétrole et du gaz naturel. L’action est en baisse d’environ 50 % par rapport à son sommet de 2013. À son avantage, par contre, la société a un carnet de commande de trois ans et verse un dividende de 3,3 %. « Comparativement à ses perspectives de bénéfices à long terme, elle est très sous-évaluée », dit Mme Arnold, faisant remarquer que l’action se négocie à environ 1,1 fois sa valeur comptable. Mme Arnold estime que l’action a un potentiel de hausse d’au moins 80 % sur une période de cinq ans.
Un autre avoir est Standard Chartered PLC, une grande banque britannique ayant une forte présence en Asie et en Afrique. C’est un chef de file des finances commerciales, mais qui est vulnérable aux pertes sur prêts croissantes dans les marchés émergents et a été forcée d’augmenter son capital pour se conformer aux exigences réglementaires. Qui est plus est, la banque fait l’objet d’une enquête pour violation potentielle des sanctions américaines contre l’Iran. Dans l’ensemble, l’action affiche un cours qui est de 65 % environ inférieur à son sommet de 2013.
« Elle affichait autrefois une croissance exceptionnelle, mais elle est maintenant extrêmement bon marché », dit Mme Arnold, faisant remarquer que la banque se négocie à 0,60 fois sa valeur comptable. « Elle a un fort potentiel de hausse, une fois que cette mauvaise publicité se dissipera et que l’entreprise se remettra sur la bonne voie. »
Comme pour de nombreuses actions européennes en portefeuille qui sont malmenées, il faudra peut-être plusieurs années pour qu’elle rétablisse éventuellement sa valeur comptable. « Il faudra que la croissance mondiale et les marchés émergents se reprennent un peu. Mais la banque est à la tête de certaines entreprises bancaires locales très solides, dit Mme Arnold. Standard Chartered affiche résolument une valeur intéressante et convaincante à long terme. »