Le rendement annuel d’une obligation est composé de l’intérêt reçu plus le gain (ou la perte) en capital causé par un changement dans les taux d’intérêt. Lorsque les taux montent, le prix des obligations baisse, occasionnant ainsi une perte à son détenteur, du moins sur papier.
Depuis plusieurs années, les taux d’intérêt ont plutôt eu tendance à baisser, ce qui fait que les obligations ont procuré de généreux rendements annuels.
Mais la performance des marchés obligataires depuis le début de l’année laisse croire que le phénomène est en train de s’inverser. En effet, à la suite d’un deuxième trimestre difficile, le rendement des principaux indices obligataires mondiaux montre maintenant des rendements négatifs, sauf au Canada.
L’indice JP Morgan du marché obligataire américain a perdu 1,9% au deuxième trimestre, et il montre un rendement négatif de 0,1% pour les 6 premiers mois de l’année.
C’est l’Europe qui a donné le ton au recul des marchés obligataires, surtout lorsque les obligations de 10 ans de l’Allemagne ont bondi de 0,05% à près de 1% en quelques jours seulement. L’indice JP Morgan pour l’Union économique européenne a perdu 5,5% au deuxième trimestre, et il accuse à ce jour une perte de 1,4% pour l’année.
Que nous réserve le reste de l’année? Devant la forte probabilité que la Réserve fédérale américaine (Fed) hausse le taux des fonds fédéraux en septembre, on peut s’attendre à un recul du prix des obligations aux États-Unis, ce qui entrainera une rendement négatif pour l’ensemble de l’année, prévoit Jimmy Jean, économiste principal au Mouvement Desjardins.
On ne fera certainement pas beaucoup d’argent avec les obligations américaines, pense également Paul-André Pinsonnault, Économiste principal, Revenu fixe à la Financière Banque Nationale. «En janvier, les obligations de 10 ans se négociaient à un rendement de 2,17%. Nous prévoyons qu’elles termineront l’année à 2,65%, ce qui signifie un rendement négatif de 1,59% pour cette catégorie d’obligations», dit-il.
Par ailleurs, la situation est quelque peu différente au Canada. Le marché obligataire canadien a réalisé une performance positive de plus de 2% pour les 6 premiers de l’année. C’est que le marché canadien a profité d’une baisse du taux directeur effectuée la Banque du Canada (BdC) en janvier.
Les perspectives des obligations canadiennes pour le reste de l’année dépendent de ce que sera le prochain geste de la BdC. Et là, les opinions divergent. «Chez Desjardins, compte tenu que le PIB a reculé au cours des 4 premiers mois de l’année, on prévoit que la BdC baissera à nouveau son taux, probablement dès sa prochaine réunion en juillet», indique Jimmy Jean. Cela devrait permettre aux détenteurs d’obligations canadiennes de préserver leur rendement positif de plus de 2% pour l’ensemble de l’année.
Mais à la Financière, on en doute. La croissance économique s’accélère aux États-Unis, et elle se répercutera au Canada, croit Paul-André Pinsonnault. Le marché obligataire canadien pourrait alors lui aussi être sous pression.