Lancée le 15 juin dernier, la plateforme d’Innovations MaXomSoft compte déjà plus de 200 utilisateurs et la fintech est en discussion avec plusieurs réseaux de distribution importants afin d’élargir son utilisation. Ce projet, lancé au départ pour répondre aux besoins professionnels d’un seul conseiller, a pris des proportions auxquelles celui-ci ne s’attendait pas.
« PlanVIE n’a pas été pensé initialement pour créer une compagnie, mais pour répondre à un besoin, témoigne le cofondateur et PDG chez Innovations MaXomsoft Inc. en entrevue avec Finance et investissement. Au départ, cet outil, c’était pour mon cabinet à moi.Les outils existants ne répondaient pas à mes besoins, donc j’ai créé l’application. Mais elle a rapidement suscité de l’engouement chez mes collègues… »
Chez MaXomsoft, la première ligne de code a été écrite en 2012. Cinq ans plus tard, Marco Madon signait une entente avec le propriétaire du Centre financier SFL Agence Labelle, Jean-Yves St-Pierre, qui a assuré le développement de la plateforme en échange d’un accès gratuit à ses 75 conseillers.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais en 2019, les deux cofondateurs, Marco Madon et son fils Tom Madon, ont été approchés par Michael Rogers, vice-président principal Ventes et distribution, Réseaux indépendants, Desjardins, qui leur a offert l’opportunité de participer au programme Startup en résidence de Desjardins.
Ce fut une étape décisive pour MaXomsoft. « Au sortir de là, on savait où on allait, MaXomsoft était devenue une compagnie », explique Tom Madon, cofondateur de la compagnie, vice-président et associé majoritaire.
Un partenaire de poids
Afin de s’établir comme compagnie et se lancer sur le marché, les deux cofondateurs ont rapidement réalisé qu’il leur était nécessaire d’avoir un partenaire. Marco et Tom Madon se sont alors tournés vers Nexus Innovations.
« Du jour au lendemain, on s’est ramassés avec une grosse équipe autour de nous pour nous supporter et faire évoluer le produit », s’amuse Marco Madon.
Si Nexus ne travaille pas forcément de base avec les startups, ils ont accepté de se joindre à MaXomsoft, en raison de son « haut potentiel ».
« Nexus est vraiment devenu partenaire avec MaXomsoft et PlanVIE, témoigne Alexis Gendreau, Gestionnaire de projet agile, Nexus Innovations. On a travaillé main dans la main pour livrer ce produit. »
Cette compagnie qui compte 50 employés, majoritairement des programmeurs, a plu à Marco Madon en raison de sa structure agile, une méthodologie de développement informatique qui permet de progresser très vite dans la livraison des produits et qui permet d’itérer, de modifier, d’apporter des évolutions rapidement.
« Le gros problème pour les logiciels informatiques destinés aux conseillers, c’est l’ajustement requis lors de changements fiscaux. C’est toujours hyper long à intégrer dans les logiciels. Moi je voulais y arriver le plus vite possible. Ils m’ont créé une base pour que je puisse faire ces changements très rapidement. Par exemple, si les taux changent, je peux modifier ça la journée même », affirme Marco Madon.
Au mois de mars, ils ont commencé à migrer l’application dans un environnement très sécuritaire pour répondre aux plus hautes normes mondiales. Ils ont même décidé de passer un audit de sécurité avec une firme indépendante, afin de s’assurer que personne ne pourrait pénétrer sur l’application.
« C’était important de faire un audit de sécurité pour s’assurer que la plateforme soit très sécuritaire, affirme Alexis Gendreau. Comme c’est un outil dont le développement remonte à 2012 et il est probable que rendu en 2020, des lignes de code soient obsolètes, par exemple. Il nous apparaissait donc très important de faire cet audit. Aujourd’hui, l’environnement est très sécuritaire et personne ne peut entrer dans le système. »
Un programme conçu par et pour des conseillers
L’objectif de Marco Madon consistait à répondre aux besoins des conseillers en services financiers.
D’ailleurs, « c’est le seul système [à ma connaissance] qui a été développé entièrement par des conseillers financiers », souligne-t-il.
Bien qu’il ait lui-même été conseiller financier – il a vendu son cabinet en 2015 – il a également beaucoup écouté les critiques et commentaires des 75 conseillers du centre financier agence Labelle qui ont initialement utilisé son programme.
« Les utilisateurs ont aidé à créer l’outil », affirme-t-il.
Pour s’en assurer, lors de leur participation au programme Startup en résidence de Desjardins, ils ont invité des conseillers à venir les voir et ont pris une journée complète à présenter l’outil afin de valider ce qu’ils aimeraient y trouver comme fonctionnalité. « On veut répondre aux besoins des conseillers dans le concret », martèle le cofondateur de PlanVIE.
Mission réussie, car en plus de recevoir d’excellents commentaires des utilisateurs, trois conseillers ont demandé à investir dans la compagnie et devenir des associés minoritaires. « Que les conseillers viennent nous voir pour investir, je trouvais ça génial, témoigne Marco Madon. Maintenant on est 6 avec Jean-Yves St-Pierre, notre investisseur initial. »
« C’est un processus d’affaires »
Avec PlanVIE, Marco et Tom Madon voulaient se distinguer des autres applications sur le marché et couvrir les sept piliers de la planification financière. PlanVIE est, selon eux, « un véritable plan d’accompagnement ».
Dans leur système synchronisé, ils offrent une analyse des besoins financiers, une analyse des besoins de protection, des besoins de placement et des besoins d’affaires. Il y a trois applications complètement synchronisées, ainsi qu’un mode Entrevue pour la collecte d’informations.
Ce mode Entrevue se fait directement avec un conseiller. La collecte d’informations prend 35-45 minutes et toutes les informations se positionnent d’elles-mêmes dans les analyses en arrière-plan. L’application permet également de se connecter à d’autres sites pour aller chercher des informations, par exemple auprès de l’Agence du revenu du Canada (ARC).
Cela permet ensuite de déterminer le montant disponible pour la mise en place du plan de réalisation.
« C’est plus qu’une simple collecte d’informations, c’est un processus d’affaires. Ça permet de ne rien oublier », souligne Marco Madon.
« En suivant chaque étape, le conseiller sait qu’il a tout couvert et qu’il a toutes les informations dont il a besoin », complète Tom Madon.
L’application permet également de déterminer les besoins du client en matière d’assurance. Ainsi, une fois le plan effectué, le conseiller peut, en changeant quelques paramètres, tester d’autres hypothèses comme une retraite forcée à 46 ans. Le programme calcule alors ce qui fonctionnera ou non dans le plan initial. Si certains chiffres tombent dans le rouge, le programme suggère des pistes de solution, incluant des assurances complémentaires.
« Avec l’outil, il est vraiment facile d’illustrer le besoin en assurance. Souvent, quand on aborde ce sujet avec un client, c’est abstrait. Mais grâce à PlanVIE, on est en mesure de démontrer les impacts », affirme Tom Madon.
Le programme explique également chaque calcul, ce qui permet au conseiller d’expliquer les résultats obtenus.
Un souci de l’expérience utilisateur
« Les conseillers veulent de la précision et que ce soit simple d’utilisation », déclare Marco Madon, deux points sur lesquels ils ont beaucoup mis l’accent.
L’application est très simple d’utilisation. Sur chaque page, le professionnel peut accéder à une vidéo, en français ou en anglais, qui lui explique comment faire et propose même des explications qu’il peut fournir au client.
Ce dernier n’a d’ailleurs pas non plus été oublié.
« Souvent les sites B2B, donc dans les sites d’un professionnel vers un autre professionnel, l’expérience usager est mise de côté parce qu’on pense parler à des personnes compétentes et connaissent le produit, donc on a moins besoin d’être axé sur l’expérience client. Cependant, pour PlanVIE, l’expérience client a été travaillée des deux côtés », précise Alexis Gendreau.
Par souci de transparence, le client peut accéder à tout, sauf aux notes personnelles du conseiller. Toutefois, il ne peut modifier qu’une seule partie du plan, son budget.
Côté réglementation, tout a été pensé. La fiscalité tient compte de chaque province et tous les documents réglementaires obligatoires sont construits au fur et à mesure et facilement accessibles, notamment dans le cas de l’analyse de besoin pour les placements.
Dans celle-ci, il est possible de calculer la tolérance au risque pour chaque régime et même créer plusieurs profils d’investisseur par régime. Lors de la création d’un portefeuille, les aperçus de fonds, et la documentation légale devant être remise au client, est greffée directement au rapport.
« L’aperçu du fonds est généré grâce à notre fournisseur partenaire Forms & Funds, souligne Marco Madon. Le document demeure même toujours accessible, donc le client peut aller le consulter aussi s’il le veut. »
Le pari de plaire aux conseillers semble réussi, vu l’engouement autour du lancement, souligne Alexis Gendreau. « Cela présage un beau futur! »