À la suite à la crise financière de 2008-2009, j’ai décidé que je ne pouvais plus gérer l’argent de la même manière. C’est devenu un mantra régulier dans mes articles et mes discussions avec les clients.
Je suis passée aux FNB après avoir utilisé auparavant principalement des solutions d’investissement gérées et des fonds communs de placement (FCP). Les solutions d’investissement gérées ont fait défaut en période de crise. Je payais les gestionnaires de portefeuille pour qu’ils surpassent le marché large pour mes clients, alors que la plupart ne l’ont pas fait.
Si vous avez suivi mes articles, vous saurez comment je construis mes portefeuilles et le genre de FNB que j’utilise : principalement des fonds qui suivent des indices larges traditionnels et des fonds factoriels (rules-based).
La crise actuelle a été l’occasion de tester ma stratégie d’investissement, et je suis heureuse de vous annoncer que ma conviction dans ma stratégie de gestion de portefeuille n’a pas faibli. Cela dit, je vais vous faire part de quelques observations importantes sur les marchés des actions (les questions qui touchent le marché des obligations méritent un article à part).
La synchronisation de marché (market timing) ne fonctionne toujours pas. Si vous n’êtes pas très convaincu qu’un segment de marché ou secteur particulier s’illustrera, contentez-vous d’un FNB faisant une couverture large du marché et à faible coût pour une exposition générale au marché (par exemple, quelque chose comme les fonds VUN ou SPY pour le marché américain, et les fonds XIC ou ZCN pour le Canada). Tout au long de ce marché baissier incroyablement volatil, les indices boursiers généraux ont pris un coup, mais ils ont également participé aux bons jours – et l’histoire a montré à maintes reprises que vous ne voulez pas manquer les bons jours. En une seule journée, les marchés ont parfois augmenté ou diminué de 10 % ou plus durant cette période et il était extrêmement périlleux de tenter un quelconque market timing.
En outre, si certains secteurs du marché, comme la technologie et les soins de santé, ont obtenu de meilleurs résultats que le marché général tout au long de cette pandémie, d’autres, comme l’énergie et le secteur financier, n’ont pas fait de même. En règle générale, je ne surpondère pas un segment du marché pendant un marché baissier à moins d’avoir une forte conviction, surtout avec des marchés qui évoluent si rapidement.
Par exemple, je crois fermement au secteur de la technologie depuis que j’ai construit mes portefeuilles et que j’utilise les fonds XLK et XLC. J’ai également détenu des titres du secteur de la santé (par l’intermédiaire du fonds IXJ) depuis un certain temps. J’ai conservé ces expositions sectorielles en dépit de certaines observations selon lesquelles le secteur technologique devenait trop cher, ce qui s’est avéré payant.
Il peut être pertinent de conserver ses FNB en période de ralentissement économique – si vous tenez bon. Ma stratégie en matière de FNB ne m’a pas laissé tomber en mars, lors de la volatilité sans précédent qu’ont connue les marchés. J’attribue cela à la gestion de mes portefeuilles, qui repose sur une vision consensuelle et fondée sur la recherche des marchés.
En outre, vous pouvez utiliser les meilleurs FNB de leur catégorie pour constituer un portefeuille, mais rien ne vaut la répartition des actifs. Je n’ai pas essayé d’entrer et de sortir des marchés pendant cette pandémie. Je me suis contentée de conserver mon point de vue sur le risque et de rééquilibrer les positions des portefeuilles lorsqu’elles passaient en dessous ou au-dessus de leur allocation cible. J’ai apporté de petits ajustements à ma stratégie de répartition des actifs, sans jamais m’écarter de mes pondérations de mes indices de référence. Lorsque les marchés ont plongé en mars, j’ai augmenté ma position sur le marché américain au sens large (VUN). Mes recherches ont indiqué que le recul brutal était exagéré et que les actions étaient probablement survendues.
Les devises sont importantes. Je n’utilise généralement pas la couverture de change pour générer un rendement supplémentaire, mais la dévaluation du dollar canadien par rapport au dollar américain depuis le début de l’année m’a incité à couvrir certaines de mes expositions américaines par rapport au dollar canadien. Le fait de disposer d’une stratégie de FNB m’a permis de modifier particulièrement facilement ma stratégie de couverture lorsque le dollar est tombé en dessous de 0,70 $US. J’opte pour une couverture de change seulement avec des FNB de grande taille et de marché large (par exemple, de Vanguard, iShares et BMO) qui ont généralement des coûts de couverture de 20 points de base ou moins.
La gestion des risques classique fonctionne toujours. J’ai commencé à réduire les risques de mes portefeuilles vers la fin de l’année 2019, à la suite de la forte hausse des marchés d’actions dans le monde entier. Pour la toute première fois, j’ai ajouté une position or, GLDM, et un FNB neutre par rapport au marché, DANC. Je recherchais un instrument non corrélé aux actions, capable d’offrir un rendement positif même en cas de ralentissement du marché. Il m’a fallu un certain temps pour passer au crible les offres de FNB neutres en termes de marché, et j’ai finalement opté pour DANC parce que sa stratégie de négociation et l’objectif de générer un rendement de 4 % lors des marchés à la hausse et des marchés à la baisse semblait sans prétention et réalisable.
De plus, j’ai estimé qu’il n’y avait pas de coût d’opportunité énorme à réduire une partie de mon exposition aux titres à revenu fixe et aux actions pour investir dans l’or à une époque où les taux d’intérêt étaient si bas et des marchés boursiers si élevés. Ces investissements ont fait leur travail lors de la chute des marchés et ont affiché des rendements positifs tout au long de la période.
Les émotions peuvent faire dérailler le processus. La raison pour laquelle j’utilise une stratégie fondée sur les FNB dans la gestion de mon portefeuille repose sur ma conviction que nous devons extraire le plus d’émotion possible du processus d’investissement. Cette pandémie a certainement fait comprendre que les émotions peuvent faire dérailler non seulement l’investisseur, mais aussi le gestionnaire de portefeuille. Lorsque j’effectue des transactions importantes dans mes portefeuilles, je vérifie toujours ma méthodologie avant de procéder. Je m’assure également que nous avons deux paires d’yeux (moi-même et mon assistant en négociation) tout au long du processus et que nous sommes mentalement bien ancrés.
J’attribue la performance de mes portefeuilles au fil du temps à la répartition des actifs, à ma stratégie en matière de FNB et à ma discipline personnelle. Cette crise a été un test pour tous les outils que j’ai personnellement mis en place pour maîtriser mes émotions et respecter ma stratégie d’investissement – et heureusement, ils ont fonctionné.
Par ailleurs, la crise nous rappelle l’importance d’être présent pour les clients, de diverses manières. Par exemple, j’ai animé deux webinaires destinés aux clients en mai et j’en animerai deux autres en juin. Les premiers portaient sur comment parler d’argent avec ses êtres chers et sur la façon de surmonter les émotions reliées à l’investissement. Le 4 juin, de 16 h à 16 h 45, mon prochain webinaire a comme thème : « Protéger votre personne et votre richesse, durant et après une crise ». Le 11 juin, à la même heure, le webinaire que j’anime aura comme thème « Faire un plan et le suivre : travailler dans votre dojo financier ».
Comme conseiller, on peut trouver plusieurs façons d’être pertinent pour les clients et les clients potentiels, même en période de confinement.