Moins de deux ans plus tard, la Nationale mettait fin à son association avec le «roi des obligations». Annamaria Testani, vice-présidente, Ventes nationales de BNI, a expliqué cette décision dans le cadre d’une entrevue avec Les Affaires sur la stratégie de BNI dans les fonds négociés en Bourse (FNB), publiée lundi.
En novembre dernier, BNI a mis fin à son association et la gestion du Fonds de revenu fixe sans contraintes BNI a été confiée à J.P. Morgan. Une stratégie sans contrainte veut dire que le gestionnaire peut s’écarter de la pondération des indices de référence, s’il juge pouvoir obtenir plus de meilleurs rendements ainsi. «Là où on avait un malaise, c’est que de trimestre en trimestre, ça ne matchait pas (avec le processus que la firme devait suivre), raconte Mme Testani en entrevue. On voyait une détérioration du rendement qui était inexplicable.» Il n’a pas été possible de recueillir la version de Janus Capital.
De sa création au 28 novembre 2016 jusqu’à la fin de l’année 2018, les rendements du Fonds de revenu fixe sans contraintes BNI ont été décevants, soit une destruction de valeur moyenne pondérée de 2,55%. Le fonds a fait moins bien que son indice de référence en 2017 et 2018. L’année 2018 a été particulièrement difficile avec un déclin de 5,18%, comparativement à un gain de 1,30% pour l’indice de référence de Morningstar.
La situation semble s’être rétablie sous la gouverne de J.P. Morgan avec des rendements de 2,25% depuis le début de l’année, comparativement à 0,31% pour l’indice de référence. Une plus grande période devra toutefois s’écouler avant de voir ce que vaudra la stratégie de J. P. Morgan à long terme.
Si l’association avec M. Gross n’a pas été fructueuse, Mme Testani pense que ce revers démontre les mérites de la stratégie d’ «architecture ouverte» de la BNI. L’idée est que ses 52 G$ d’actif sous gestion ne sont pas gérés par des gestionnaires de portefeuille employés par la Banque Nationale, mais plutôt par des gestionnaires de firmes externes.
Elle souligne que la BNI fait un suivi exhaustif avec tous les gestionnaires de portefeuille à qui elle confie la gestion de ses fonds. Le but est de s’assurer que les firmes respectent le processus de gouvernance OP4 (Organisation, Personnel, Processus, Portefeuille et Performance). Dans le cas du mandat confié à M. Gross et à sa firme Janus Capital, BNI a jugé que les décisions de la firme ne s’alignaient pas avec le processus qu’elle devait suivre. Les suivis réguliers lui auront permis de corriger le tir et de confier la gestion du fonds à une autre firme.
Une fin de carrière sur une mauvaise note
Bill Gross a acquis une rare notoriété pour un gestionnaire de portefeuille obligataire. Ses lettres aux investisseurs étaient un événement et elles faisaient parfois bouger le marché. En 2010, la firme Morningstar le nommait gestionnaire de titres de revenu fixe de la décennie.
Les choses se sont toutefois détériorées depuis son départ acrimonieux de la firme PIMCO en 2014. Janus Capital, la firme qu’il a fondée après son départ, n’aura pas été à la hauteur des succès passés du «roi des obligations».
Au début du mois, M. Gross a annoncé qu’il prenait sa retraite, à l’âge de 74 ans, pour se consacrer à sa fondation familiale après 47 ans de carrière. «Lorsque je pense aux quatre dernières années, nos rendements n’ont pas été satisfaisants, ça ne fait aucun doute », a commenté M. Gross dans une entrevue à la chaîne télévisée Bloomberg après l’annonce de sa retraite.