L’année dernière, les marchés boursiers mondiaux sont demeurés pour la plupart figés, et les thèmes de croissance dominants des dernières années ont persisté. « Ces actions sont parvenues à accroître constamment leurs bénéfices et leurs flux de trésorerie, et elles affichent un rendement du capital attrayant pour les actionnaires, qu’il s’agisse de rachats de parts ou de dividendes », fait remarquer Greg Gipson, gestionnaire principal de BMO Catégorie mondiale d’actions et vice-président principal de BMO Gestion d’actifs, à Toronto.
Mais la donne a changé en janvier, la peur s’étant installée sur les marchés et les investisseurs ayant cherché refuge dans les actions défensives ainsi que les obligations gouvernementales. « Nous avons observé la confluence de plusieurs facteurs. Il y a eu un déplacement vers les fournisseurs de services publics et de télécommunication. Par ailleurs, on a noté un léger affaiblissement des bénéfices au quatrième trimestre » dit M. Gipson, qui a 19 ans d’expérience dans l’industrie, et s’est joint à BMO Gestion d’actifs en janvier 2010 après avoir passé dix ans au Japon.
M. Gipson fait allusion aux investisseurs qui ont laissé tomber les actions des soins de la santé, de la technologie et de la consommation de base qu’ils privilégiaient auparavant, à cause de leurs caractéristiques de croissance.
« Elles se sont essoufflées, car à court terme, il n’y a pas nécessairement de catalyseur pour aider les marchés à se reprendre, dit M. Gipson. Le marché haussier dure depuis sept ans et nous prévoyons qu’avec la fin de l’assouplissement quantitatif aux États-Unis, le soutien pour l’établissement des prix est en train de diminuer quelque peu. »
Pourtant M. Gipson défend qu’il existe certaines occasions dans les secteurs des soins de la santé, de la technologie et des matériaux qui ont beaucoup souffert ces derniers temps à des degrés variables. « Nous avions allégé un peu notre participation vers la fin de l’année, mais avec la récente baisse, nous en avons profité pour reprendre certaines positions. Nous avons réinvesti de façon sélective dans certains avoirs. »
M. Gipson se dit être un investisseur prônant un style de placement neutre et il applique une combinaison d’analyse fondamentale et d’analyse quantitative dans sa sélection de titres pour atténuer le risque du portefeuille. « L’analyse fondamentale alimente la sélection des titres, tandis que l’aspect quantitatif permet de construire le portefeuille et de gérer le risque. Cela nous permet d’avoir un équilibre entre l’attrait d’une action, son risque et son coût, et de maintenir une approche constante dans la gestion du fonds », dit M. Gipson. Il ajoute que les pondérations sectorielles du fonds ne s’écartent pas trop de celles de l’Indice MSCI Monde ($CAN).
Quant aux titres de croissance, M. Gipson aime Gilead Sciences, une société de biotechnologie californienne à la pointe du traitement contre l’hépatite C. « Elle détient le meilleur traitement qui est aussi plus rentable que celui de ses concurrents », dit M. Gipson. Avec les fabricants de médicaments, il faut regarder leur efficacité et l’impact sur les patients. Gilead est le plus efficace avec le plus faible impact sur les patients.
L’action avait atteint 120 $US l’année dernière, a chuté à environ 82 $US en janvier, mais s’est quelque peu reprise dernièrement. « L’action a été affectée par la vente en masse des titres de soins de la santé et la politisation des prix des médicaments aux États-Unis », dit M. Gipson, qui fait remarquer que la campagne des élections présidentielles a semé des doutes quant à la direction des prix des médicaments.
Pourtant M. Gipson maintient le cap, ajoutant que le prix de Gilead est maintenant à un niveau intéressant. « La compagnie développe lentement sa gamme de produits et a signé des contrats exclusifs avec plusieurs grandes chaines pharmaceutiques, mais pas au détriment du prix.
Entre autres stratégies défensives, M. Gipson emploie une participation indirecte au prix du lingot d’or, en investissant dans l’industrie des mines aurifères. L’un de ses avoirs principaux est Randgold Resources, un producteur aurifère coté en bourse au Royaume-Uni et qui exerce ses activités principalement au Mali. L’action a profité de la hausse soudaine du lingot d’or, mettant fin au malaise de longue date, et cette semaine elle était à environ 1 225 $US l’once. Le prix de l’action de Randgold a augmenté de plus de 40 % depuis la mi-janvier.
« Elle a affiché des résultats solides au quatrième trimestre grâce à l’amélioration de la production et à la baisse de ses coûts. Ils s’élevaient à 630 $ l’once au quatrième trimestre, mais elle est parvenue à les faire baisser à moins de 600 $US en 2016 », dit M. Gipson.
Bien que les données fondamentales de Randgold aient été un facteur essentiel à sa performance, M. Gipson estime que l’or était sur le point de se reprendre, notamment parce que le dollar américain montrait des signes de faiblesse. La solidité du dollar américain se justifie d’un point de vue économique, dit M. Gipson, car le PIB américain a fait preuve d’une croissance solide et les États-Unis ont augmenté les taux d’intérêt. « Mais si cette reprise est trop rapide et qu’elle persiste, cela nuira en fait à la croissance du PIB. » En effet, les compagnies américaines qui détiennent des actifs à l’étranger commencent à afficher une baisse de leurs profits s’ils sont libellés dans une devise plus faible.
Si la croissance mondiale ralentit, que « les bénéfices sont constamment révisés à la baisse, et que la conviction que la Fed n’augmentera pas les taux d’intérêt à quatre reprises va croissante, la devise pourrait s’affaiblir », selon M. Gipson.
M. Gipson prévoit que 2016 pourrait être une autre année de rendements limités, comme 2015. « C’est pourquoi nous privilégions les compagnies qui ont des profils de croissance attrayants. Il pourrait y avoir des périodes de perturbation et de volatilité, qui pourraient créer des occasions. Comme le disait le Baron de Rothschild « Achetez au son du canon, vendez au son du clairon », mais il s’agit d’être sélectif. »