Les clients devraient envisager de tirer parti des obligations situées aux extrémités de la courbe des taux de rendement obligataire, soit les obligations à courte échéance et les obligations à longue échéance. On nomme cette stratégie celle de l’haltère (barbell), étant donné la pondération élevée aux pôles de la courbe de rendement et faible dans la partie du milieu (échéances moyennes).
C’est ce qu’ont indiqué certains experts qui se sont exprimés à l’occasion du forum « Naviguer sur les marchés » organisé par FNB BMO, le 12 octobre.
Aucune autre hausse du taux directeur de la Banque du Canada n’est à prévoir et nous pourrions assister à des réductions dans la deuxième moitié de 2024, selon Hussein Rashid, directeur général, Ventes institutionnelles, FNB, chez Valeurs mobilières TD.
Pour cette raison, la partie à court terme de la courbe (moins d’un an) offre une occasion d’achat, d’après lui. D’abord, parce que ces obligations sont en mesure de présenter un « rendement à échéance qui avoisine les 5 % », a indiqué Hussein Rashid.
Par ailleurs, en raison de la hausse des taux d’intérêt de 2022, les cours moyens des obligations comprises dans ce panier d’échéances ont considérablement diminué et ces obligations se négocient à escompte. En les achetant, le client obtiendra ainsi une part importante de son rendement à échéance en provenance du gain en capital, surtout lorsque les coupons des obligations sont faibles. Le gain en capital se fera parce que le prix des obligations montera pour arriver au pair à l’échéance. Dans un compte non enregistré, ces obligations à escompte offrent ainsi un rendement potentiellement imposé à un taux inférieur à celui des coupons, lesquels sont traités comme du revenu d’intérêt.
Quant à la partie à long terme de la courbe, celle-ci est très sensible aux variations des taux d’intérêt et pourrait profiter d’une éventuelle baisse des taux. Cependant, c’est davantage pour le caractère défensif des obligations fédérales du gouvernement américain de long terme que Hussein Rashid prône une exposition du genre.
« Les obligations à long terme ont été très volatiles, mais on doit se souvenir de la raison pour laquelle on détient des obligations du Trésor américain à long terme. Elles permettent une diversification de la partie actions du portefeuille » en raison de leur corrélation historique négative avec le marché des actions, a indiqué Hussein Rashid.
En raison de cette corrélation inverse, un client ne devrait pas utiliser de fonds obligataires qui vendent des options d’achats sur ces titres à revenu fixe, selon Alfred Lee, directeur général, directeur de portefeuille et stratège en placement, FNB BMO. « Vous ne voulez pas plafonner le potentiel haussier des obligations à long terme surtout dans les cas où il y a une vente de feu pour les actions », a-t-il dit.
Alors qu’on retrouve des fonds négociés en Bourse (FNB) d’actions qui vendent des options d’achats couvertes sur le marché canadien depuis plus d’une décennie, les FNB obligataires du genre sont relativement nouveaux.
Par ailleurs, Alfred Lee juge que les investisseurs devraient surpondérer les titres à revenu fixe de courte échéance.
Avantageux, les titres à courte échéance
D’autres experts voient des occasions dans la partie courte de la courbe, dont Valerie Grimba, directrice Ventes et stratégies, FNB mondiaux, RBC Marchés des capitaux. « Je préfère détenir des positions dans la partie à courte échéance de la courbe des taux, considérant les rendements à l’échéance de ces titres. Par ailleurs, comme bon nombre d’obligation se négocient avec un escompte, elles sont très intéressantes, notamment car elles vont générer du gain en capital lorsqu’elles arriveront à échéance. Sur le plan fiscal, ces gains en capital sont plus avantageux que les paiements d’intérêt sous forme de coupons », a-t-elle mentionné.
Chris McHaney, directeur de portefeuille, FNB BMO, favorise, lui aussi, la stratégie de l’altère considérant ses prévisions de l’évolution des titres à revenu fixe. Selon lui, la courbe des taux au Canada et aux États-Unis demeure inversée et à un moment donné, la courbe devra se normaliser, ce qui peut se produire lorsque les taux à court terme baisseront ou les taux à long terme augmenteront. « Nous pensons qu’il s’agira d’une combinaison des deux, puisque les banques centrales réduiront les taux à un moment donné, ce qui fera baisser les taux à court terme; cependant, en l’absence de fort ralentissement économique, les banques centrales réduiront probablement les taux à un rythme plus lent que prévu par le marché, ce qui signifie que les taux à long terme augmenteront », a-t-il noté.
Selon lui, les clients devraient avoir une certaine exposition aux obligations à long terme, en particulier une exposition à une duration longue « sans risque », la corrélation entre les obligations d’État à long terme et les actions étant redevenue négative. « Mais nous considérons qu’il est avantageux de surpondérer le segment à court terme de la courbe afin de réduire le risque du portefeuille, tout en privilégiant les taux de rendement actuels, car la Réserve fédérale américaine s’est probablement rapprochée de la valeur finale qu’elle visait. »