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L’offre de fonds négociés en Bourse (FNB) de vente d’options d’achats couvertes sur actions a été florissante en 2023, notamment en raison des taux de distribution élevés de ces fonds. Or, avant d’investir dans l’un d’eux, il est important de comprendre les compromis de la stratégie ainsi que la façon dont le gestionnaire de portefeuille vendra les options pour générer du revenu.

Les conseillers doivent comprendre la manière dont un FNB de vente d’options d’achats couvertes est structuré par rapport à ce qu’offrent d’autres firmes, a indiqué Hussein Rashid, directeur général, Ventes institutionnelles, FNB, Valeurs Mobilières TD, à l’occasion du Forum des FNB BMO, à Montréal, en octobre dernier.

« Si vous regardez une stratégie de ventes d’options d’achats couvertes, elle peut être très différente de celle d’une autre stratégie de vente d’option d’achat couverte. Vous devez comprendre combien d’options sont vendues et comment celles-ci sont vendues. Ça peut non seulement changer dramatiquement combien de distribution de revenu un FNB peut faire, mais également le potentiel à la hausse qu’ils peuvent capturer », a-t-il précisé.

Par ailleurs, même si certaines firmes affichent des taux de distribution élevés, soit 13 %, 15 %, voire 18 %, il faut bien comprendre comment ces fonds sont structurés et d’où proviennent ses distributions, a-t-il souligné.

En effet, certains FNB d’options d’achat couvertes génèrent des distributions élevées notamment en utilisant un effet de levier pour les accroître ou encore en effectuant du remboursement de capital.

De plus, dans certains cas, le taux de distribution cible dépend de la capacité du gestionnaire de portefeuille de générer du revenu en vendant correctement ses options d’achats. Deux fonds ayant les mêmes actifs sous-jacents généreront des revenus provenant de la prime des options d’achat différents si l’un ne vend que des options hors du cours alors que l’autre en offre dans le cours.

Lire :  Bien comprendre les FNB avec stratégies d’options

Par ailleurs, avant d’offrir un FNB de ventes d’option d’achats, il y a de nombreux compromis importants dont les conseillers et les conseillères devraient discuter avec leurs clients, selon un récent article de Placements Mackenzie.

Le premier compromis inhérent dans ces produits, par rapport à simplement investir dans un portefeuille d’actions sans superposition d’options d’achat couvertes, est que les clients renoncent potentiellement à une appréciation du capital à plus long terme en faveur de distributions au comptant à court terme, indique l’article.

Placements Mackenzie a comparé du 25 janvier 2018 au 31 août 2023 le rendement des FNB BMO canadien de dividendes et FNB BMO vente d’options d’achat couvertes de sociétés canadiennes à dividendes élevés (ZWC). « Au cours des cinq dernières années environ, cette stratégie d’options d’achat couvertes a accusé un rendement fortement inférieur sur la base du rendement total, étant à la traîne de la stratégie indicielle comportant des placements de portefeuille très similaires n’ayant pas utilisé une superposition d’options d’achat couvertes », lit-on dans la note.

Un autre compromis découle du fait que ces FNB d’options d’achats couvertes ont des coûts plus élevés que les stratégies indicielles similaires. Non seulement les stratégies d’options d’achats couvertes ont un ratio des frais de gestion supérieur, mais « les stratégies d’options d’achat couvertes comportent des coûts de négociation beaucoup plus élevés, pouvant constituer un frein additionnel au rendement », écrit Placements Mackenzie.

En outre, les investisseurs devraient bien comprendre l’effet d’utiliser les FNB d’options d’achat couvertes afin d’obtenir un revenu depuis leur portefeuille de placements et de ne pas réinvestir ces distributions. Pour ces clients, ceci vient, avec le temps, éroder la valeur liquidative de ces FNB en raison de la cible de rendement élevée.

« Si la valeur liquidative d’un FNB diminue au fil du temps, cela signifie que même si le rendement en pourcentage demeure stable, le revenu (le montant en dollars de la distribution) que les investisseurs recevront sera lui aussi en baisse », précise Mackenzie.

Par ailleurs, les distributions de FNB d’options d’achat couvertes sont souvent composées d’un important pourcentage de remboursement du capital. « Bien que le remboursement de capital ne soit pas immédiatement imposé, il réduit tout de même le prix de base rajusté du placement. Cela donne lieu à une charge d’impôt future si le FNB est détenu dans un compte non enregistré », lit-on dans le texte de Mackenzie.

Enfin, certains s’interrogent sur le risque que les stratégies d’options d’achats couvertes ne soient victimes de leur popularité. L’hypothèse est la suivante : s’il y a de plus en plus d’offres d’options d’achat et que la demande reste stable, il y a un risque que les primes collectées sur ces options soient à la baisse. Nous avons posé la question à Alain Desbiens, directeur, FNB BMO, BMO Gestion mondiale d’actifs.

Selon lui, il n’y a pas de problème puisque les options d’achats sont vendues sur des titres très liquides. « Il n’y a aucun enjeu. Le marché des options est très liquide et il y a toujours de la volatilité. On peut capturer cette volatilité et la transformer en revenu », a-t-il assuré. Selon lui, l’enjeu avec les FNB d’options d’achats couvertes n’est pas la taille du marché des options, mais la compréhension par les clients et les conseillers des stratégies sous-jacentes des FNB.

Cet article ne constitue pas un conseil ni une recommandation. Les avis qui y sont exprimés sont ceux de leurs auteurs.