L'appétit pour le risque est-il revenu chez vos clients?

« Ils vont changer les données économiques de ce domaine d’activités, dit Wilfred Hahn. On peut mettre sur pied un portefeuille mondialement diversifié qui est meilleur et moins cher. »

Pionnier de la création des portefeuilles de FNB, Wilfred Hahn sera panéliste de la séance sur les perspectives macroéconomiques dans le cadre de la Conférence Morningstar sur le placement. Il discutera de la façon dont il applique la discipline de portefeuille de sa firme dans l’environnement boursier d’aujourd’hui.

HAHN Investment Stewards, firme lancée en 2001, gère aujourd’hui environ 500 millions $ pour des comptes institutionnels et de particuliers. Filiale de Jovian Capital Corp. JOV , HAHN n’offre pas de fonds de placement mis en commun. Tous les actifs gérés par le fonds sont détenus dans des comptes gérés séparément, et les achats ou les rachats effectués dans un compte n’ont pas d’impact sur les autres clients.

Un changement de la donne est intervenu pour M. Hahn en 2003, année o le premier FNB d’obligations internationales a été lancé. Coté à la Bourse de Francfort, il a fourni à M. Hahn la composante finale dont il avait besoin pour créer des portefeuilles de FNB mondialement diversifiés avec une participation à toutes les grandes catégories d’actifs mondiales.

Wilfred Hahn a fixé au 1er juillet 2003 la date de début des rapports sur le rendement des neuf portefeuilles équilibrés de la firme, qui avant cela n’étaient pas exclusivement investis dans des FNB. La firme a commencé par trois portefeuilles de FNB canadiens, trois internationaux et trois mondiaux. En Juin 2008, le nombre de portefeuilles est passé à 11, avec l’ajout de mandats à revenu international et à revenu mondial.

Il y a dix ans, évoque Wilfred Hahn, Il n’y avait qu’environ 150 FNB dans le monde entier. Désormais, avec près de 5 000 FNB dans cet univers de placements potentiels, on n’a vraiment plus besoin de faire des transactions sur les places boursières outre-mer. Presque tous les FNB que détiennent actuellement les portefeuilles sont cotés soit à la Bourse de Toronto, soit aux Bourses américaines.

« Ce sont de bonnes nouvelles, parce que les placements mondiaux en deviennent plus économiques », dit Wilfred Hahn. La gestion du risque est au coeur de la philosophie de placement de M. Hahn. Comme il l’a dit candidement lors d’un entretien au siège social de la compagnie au centre-ville de Toronto, « Si l’on s’occupe des mauvaises choses, les bonnes choses vont s’occuper d’elles- mêmes. »

Wilfred Hahn appuie son discours franc par de multiples vérifications de contrôle et d’équilibre visant à optimiser les rendements ajustés selon le risque. M. Hahn a foi en une large diversification, et n’offre que des portefeuilles équilibrés. Dans ces portefeuilles, vous ne verrez jamais de migrations massives en direction d’un seul pays ou d’une seule région, ou d’un secteur, ou de l’encaisse. Tous les portefeuilles sont exclusivement des positions longues, et il n’y a pas de ventes à découvert ou de recours au levier financier.

Au moins 75 % de chaque portefeuille sera constitué d’avoirs de base dans les actions, les titres à revenu fixe et l’encaisse. Les 25 % restants sont en totalité ou en partie détenus dans des placements plus opportunistes, comme les FNB consacrés à des marchandises particulières. M. Hahn et ses collègues ont identifié plus de 60 catégories d’actifs pouvant être détenues par le truchement des FNB.

Wilfred Hahn cherche à éviter ce qu’il appelle les erreurs de portefeuilles « classiques », comme par exemple une diversification insuffisante, trop de risque et trop peu de revenu fixe. Son utilisation exclusive des FNB, par opposition à des avoirs directs dans les actions et les obligations, lui permet d’amenuiser le risque spécifique à la société.

L’équipe de placements de HAHN n’achète pas de petits FNB non liquides. Généralement, pour les positions de base du portefeuille, les FNB doivent avoir des actifs d’au moins 100 millions $ et un volume de transactions de plus de 50 000 parts. Une autre contrainte liée au risque est que la firme n’investit que dans les FNB qui détiennent directement les titres constituant les indices qu’ils pistent. Ce faisant, les gestionnaires éliminent le risque de contrepartie associé aux produits dérivés comme les contrats à terme sur indices boursiers.

Gestionnaires actifs de placements passifs, l’équipe de HAHN est composée de cinq membres. En compagnie de M. Hahn, on y trouve le co-directeur général du placement et directeur de la recherche Tyler Mordy, le président de Jovian Capital Mark Arthur, le chef de la recherche Ken Hawkins et l’analyste de recherche Andrew Gapski.

Au moment où elle décide dans quoi investir, l’équipe emploie diverses méthodes quantitatives comme les évaluations des données fondamentales, l’analyse technique, les données de corrélation et les scénarios économiques pondérés selon les probabilités. Toutefois, les avoirs des portefeuilles ne sont pas déterminés par des programmes informatiques ou autres méthodes axées sur les règles, dit Wilfred Hahn. Les achats et les ventes sont en dernière instance une affaire de jugement.

Le processus de placement exige de la recherche dans un vaste éventail de conditions économiques et financières, comme la démographie, les tendances de mondialisation entre sociétés, les politiques fiscales et monétaires, et la relation entre les rendements en dividendes et les rendements obligataires.

Au sein d’une fourchette autorisée, la combinaison d’actifs de chaque portefeuille HAHN peut diverger de ses pondérations neutres, selon les perspectives macroéconomiques de l’équipe. Dans l’environnement à faibles taux d’intérêt d’aujourd’hui, cela conduit à un penchant vers les actions, sous réserve des contraintes de risque fixées pour chaque portefeuille. Wilfred Hahn explique qu’environ 75 % des actifs financiers du monde sont détenus dans des placements à revenu fixe, dont la plupart ont des rendements réels (après inflation) négatifs ou très faibles. « Cela force le monde entier à enfourcher la courbe du risque » en quête de rendements.

Bien que Wilfred Hahn se décrive lui-même comme un investisseur tactique, la rotation de son portefeuille a tendance à être assez modérée. Il estime qu’historiquement, sa rotation annuelle a été en moyenne de 30 %, et parfois bien moins que cela. « Nous n’effectuons pas un volume élevé de transactions.

Toutefois, la rotation peut par moments être bien plus élevée. Il y a quatre ans, quand M. Hahn est allé à la chasse aux aubaines pour trouver des actions dont le cours avait été mis en pièces par l’effondrement boursier de 2008-2009, la rotation a été de 60 % ou plus dans certains portefeuilles.

Photo Bloomberg